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Vingt ans après, obsèques de 284 victimes de la guerre de Bosnie

Vingt ans après, obsèques de 284 victimes de la guerre de Bosnie

Plus de 20 ans après la guerre intercommunautaire de 1992-95, des milliers de personnes ont participé dimanche à Kozarac, dans le nord-ouest de la Bosnie, aux obsèques de 283 Musulmans et un Croate tués par les forces serbes bosniennes.

Il s'agit essentiellement d'hommes, mais aussi de trois femmes et douze mineurs, qui avaient été exécutés dans les premiers mois du conflit dans la région de Prijedor lors d'une "campagne d'épuration ethnique" menée par les forces serbes de Bosnie. Leurs corps ont été retrouvés récemment dans un charnier.

"J'espère que ça sera plus facile maintenant. Je sais au moins où sont leurs tombes et où je peux venir prier pour eux", lâche Suad Tatarevic, 48 ans, venu enterrer ses six frères, son père et une quarantaine de membres de sa famille.

Il est agenouillé devant les cercueils des siens couverts par des linceuls verts et alignés aux côtés des autres victimes sur la pelouse du stade local.

Le grand mufti de Bosnie, Husein Kavazovic, a prononcé une prière pour les morts avant que les cercueils ne soient transportés vers les cimetières de plusieurs villages des environs d'où les victimes étaient originaires.

"Dans cette vallée de martyrs, le silence parle plus que les mots. Un génocide a été commis ici. Ce mal nous a tous bouleversé", a-t-il dit à la foule au sein de laquelle certains ont répondu en criant "Allah Akbar".

Les frères et le père de Suad ont tous été exécutés le 22 juillet 1992 dans leur village de Zecovi. Suad avait fui.

La plupart des victimes ont été exhumées d'une fosse commune découverte en 2013 à Tomasica, dans une mine de fer abandonnée, à 20 km de Prijedor.

Près de 3.500 personnes ont été tuées dans cette région au début du conflit qui a fait au total quelque 100.000 morts en Bosnie. Quelque 700 personnes sont toujours portées disparue.

Aldin Kahteran, 32 ans, expulsé de son village de Carakovo et qui vit aujourd'hui en France, est venu enterrer son père.

"Dans cette région, il a eu 3.500 morts, alors que seuls seize soldats serbes ont été condamnés" pour ces crimes, déplore-t-il.

Edin Mehanovic, 34 ans, s'est réfugié aux États-Unis où il y habite aujourd'hui, mais il était de retour ce dimanche pour enterrer les restes de son père, qui avait été arrêté par les forces serbes devant sa famille le 23 juillet 1992.

"Il est sorti de la maison et les soldats serbes l'ont arrêté. Ils l'ont battu devant moi. Lorsqu'il l'ont amené, il m'a fait un dernier signe de la main, mon cher papa", murmure Edin, les larmes aux yeux.

Des experts légistes ont exhumé entre septembre et novembre 2013 les restes de 435 personnes du charnier de Tomasica, mais toutes les victimes n'ont pas encore été identifiées. Il s'agit de l'une des plus grandes fosses communes découvertes après la guerre.

Après la prise de contrôle de la région de Prijedor par les forces serbes de Bosnie, en avril 1992, les membres des communautés non-serbes en ont été chassés et tués. Des milliers avaient été placés dans des camps de détention, notamment Omarska, Keraterm et Trnopolje, connus sous le surnom du "triangle de l'horreur".

Les premières images de détenus squelettiques de ces camps avaient alerté en août 1992 l'opinion mondiale sur la campagne de "purification ethnique" menée en Bosnie.

Actuellement jugés devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), les ex-chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, sont également inculpés pour leur rôle dans les crimes commis dans la région de Prijedor.

rus-cn/ml

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