Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les Palestiniens de Chajaya fuient "l'enfer" des tirs israéliens

Les Palestiniens de Chajaya fuient "l'enfer" des tirs israéliens

Après une nuit entière de bombardements, ils ont fini par fuir dimanche Chajaya, à l'est de la ville de Gaza. Certains sont partis pieds nus et en pyjamas. Ils ont laissé derrière eux des dizaines de cadavres et racontent avoir vécu l'enfer.

"Ca a commencé vers neuf heures du soir (samedi) et c'est devenu de pire en pire", témoigne Ahmed, entouré de sa femme, de ses belles-soeurs et de leurs enfants.

"Le bombardement était partout autour de nous. Pas de lumière, pas d'eau, nous ne savions pas ce que nous devions faire ?", dit-il.

"Nous avons appelé les services des urgences, mais ils nous ont dit qu'ils ne pouvaient nous atteindre, donc nous avons décidé de partir à pied", explique-t-il.

Comme cette famille, des milliers d'habitants de Chajaya ont fui aux premières heures dimanche cette banlieue déshéritée, pilonnée depuis la veille au soir par les chars israéliens, et franchi à pied deux kilomètres de route défoncée jusqu'à la ville de Gaza, la peur chevillée au ventre.

Certains ont le visage couvert de poussière grise, et des vêtements tâchés de sang collés à la peau.

Depuis le début du conflit, le 8 juillet, Chajaya, située non loin de la frontière avec Israël, est l'une des principales cibles de l'armée israélienne et son accès y est très dangereux.

Dans leur fuite, les habitants ont laissé derrière eux de nombreuses victimes.

Selon le porte-parole des services d'urgences locaux, Achraf al-Qoudra, au moins 40 cadavres ont déjà été retirés des décombres. Et le bilan devrait s'alourdir, les ambulances peinant à s'approcher de la zone en raison de la poursuite des bombardements.

La chaîne de télévision locale al-Ketab a montré des images insoutenables de cadavres brûlés et déchiquetés, y compris d'enfants, filmées à Chajaya.

Parmi les victimes, figurent un ambulancier et un caméraman palestiniens.

Les deux victimes ont été identifiées comme Fouad Jaber, ambulancier, et Khaled Ahmed, 25 ans, un cameraman de TV pour une compagnie de documentaire locale, qui "filmait un reportage avec l'ambulancier", a précisé M. Qoudra.

Beaucoup de maisons situées en première ligne, face aux chars, sont complètement détruites, notamment dans les quartiers de Nazzaz et Chaaf.

L'armée israélienne a promis dimanche d'intensifier son offensive terrestre sur la bande de Gaza au 13e jour de ses opérations qui ont fait près de 390 morts, le conflit le plus sanglant depuis 2009.

Elle avait demandé aux habitants, par voie de tracts largués au-dessus du nord de la bande de Gaza, d'évacuer leur domicile.

Au grand hôpital Chifa, dans la ville de Gaza, les ambulances arrivent toutes les cinq minutes. Certaines victimes, la plupart touchées par des éclats d'obus, sont aussi transbortées à bord de voitures particulières et de camions.

"On nous a dit qu'il y a encore d'autres blessés et des morts allongés dans les rues", désespère le docteur Saïd Hassan, qui attend devant l'hôpital.

"Je n'ai jamais vu rien de pire", lâche ce médecin de 38 ans qui travaille pour le ministère de la Santé à Gaza depuis huit ans.

Les habitants toujours bloqués à Chajaya décrivent une "terreur absolue".

"C'est l'un des journées les plus noires de nos vies", dit Marah al-Wadia, une jeune femme de 23 ans qui en a connu d'autres, parlant par téléphone du district de Nazzaz à Chajaya.

En milieu de journée, Israël a annoncé une trêve de deux heures dans cette banlieue. Un cessez-le-feu demandé par la Croix-Rouge auquel le mouvement islamiste Hamas avait donné son accord.

pix-sah-agr/cco

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.