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Afghanistan: débuts laborieux pour l'audit de la présidentielle

Afghanistan: débuts laborieux pour l'audit de la présidentielle

Le vaste audit des 8,1 millions de votes du 2e tour de la présidentielle afghane, destiné à sauver la première transition démocratique du pays, peinait à prendre son rythme de croisière quatre jours après son lancement.

Samedi soir, l'opération, qui avançait déjà à une allure modérée, a été temporairement suspendue samedi avant de reprendre dimanche en milieu de journée.

La vérification des votes du deuxième tour du 14 juin, qui avait opposé les candidats Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani, avait débuté jeudi.

Or depuis jeudi, seules 435 urnes ont été examinées, alors que la commission électorale indépendante (IEC) espère à terme en traiter 1.000 par jour.

L'opération, organisée au siège de l'IEC à Kaboul, doit départager les deux candidats, qui se sont accusés mutuellement d'avoir bénéficié de fraude. Au total, elle devrait durer au moins trois semaines, selon les premières estimations de l'IEC.

Les deux hommes s'étaient mis d'accord la semaine dernière, en présence du secrétaire d'Etat américain John Kerry venu jouer les intermédiaires, sur cet audit inédit afin de tenter d'éliminer du scrutin les votes frauduleux.

Mais dimanche matin, les deux équipes émettaient des points de vue divergents sur les signatures par les bureaux de vote des formulaires de scrutin, jugées douteuses dans certains cas. L'audit a finalement repris après des discussions entre les deux équipes.

La mise en place des observateurs nationaux et internationaux et toute l'organisation logistique de l'opération a pris de court les autorités électorales qui ont accusé quelques jours de retard.

"Le processus a été plus lent que prévu. Il n'y avait pas suffisamment d'observateurs internationaux, l'IEC n'était pas prête, c'est une expérience nouvelle pour eux", a analysé Fahim Naeemi, le porte-parole d'une organisation indépendante de surveillance du scrutin, la Free and Fair Election Forum of Afghanistan (FEFA).

Par ailleurs, M. Naeemi a ajouté qu'il n'y avait "aucun critère pour l'invalidation de votes. Ils peuvent auditer, mais ils ne peuvent pas encore invalider les votes".

Ari Gaitanis, le porte-parole de la mission de l'ONU en Afghanistan (Unama), qui participe au processus, s'est voulu rassurant dimanche sur la lenteur des opérations. "Dans ce genre d'exercice, il n'est pas rare qu'il y ait des problèmes de rodage", a-t-il dit à l'AFP.

"L'essentiel est que les deux campagnes restent en contact et se parlent sur la façon de progresser", a-t-il ajouté.

Au total, 282 observateurs internationaux avaient été accrédités pour l'opération dimanche, selon l'IEC, la plupart ayant été formés par la mission d'observation de l'Union européenne en Afghanistan (UE EAT). Ils sont en majorité issus des ambassades de pays occidentaux dans la capitale afghane.

Devant les premières difficultés rencontrées lors de l'audit, le chef de l'UE EAT, Thijs Berman, avait appelé samedi soir, dans un communiqué, les candidats à "poursuivre leur dialogue avec les autorités électorales".

Par ailleurs, environ 100.000 observateurs afghans sont accrédités, dont des représentants des candidats, des membres de la société civile, des journalistes.

Dans le même temps, les forces afghanes assistées par l'Isaf ont acheminé vers Kaboul plusieurs centaines d'urnes en provenance notamment des provinces de Balkh, Ghazni, Wardak, Kandahar et Helmand.

Dimanche, 8.680 urnes se trouvaient stockées dans la capitale afghane au siège de l'IEC, sur un total de 23.000 à auditer.

L'examen détaillé du scrutin est jugé crucial pour sauver la crédibilité du scrutin présidentiel, établir la légitimité du futur président afghan et assurer la stabilité du pays à l'approche du retrait des forces de l'Otan.

Le bras de fer récent entre MM. Abdullah et Ghani avait fait craindre un regain de tensions entre les partisans des deux hommes. M. Ghani, un Pachtoune, est soutenu par cette ethnie majoritaire dans le Sud, tandis que M. Abdullah, malgré un père pachtoune, est soutenu principalement par les Tadjiks du Nord.

Un tel scénario évoque les pires heures de la guerre civile afghane (1992-1996) qui ont précédé l'arrivée au pouvoir des talibans.

Aucune date n'a été fixée pour l'investiture du nouveau président, qui devait initialement avoir lieu le 2 août mais a été retardée le temps de compléter cet audit des votes.

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