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Le président irakien Talabani, un médiateur pragmatique

Le président irakien Talabani, un médiateur pragmatique

Le président irakien Jalal Talabani, 80 ans, qui rentre samedi dans son pays après un an et demi de soins à l'étranger, est un vétéran de la politique et un négociateur habile, aguerri par des années de lutte pour la cause kurde.

Après 18 mois d'absence, le leader kurde, âgé de 80 ans, retourne dans un pays en proie au chaos et confronté à une offensive d'insurgés sunnites qui se sont emparés de larges pans du territoire dans le nord et l'ouest.

Il est difficile de savoir si son retour va avoir un impact sur la pire crise que connaît son pays depuis des années, mais son expérience à rapprocher les différentes communautés pourrait aider à atténuer les tensions.

"Oncle Jalal", comme l'appellent ses sympathisants, s'est en effet taillé une solide réputation d'homme de paix pour avoir tenté de réduire les profondes divisions entre les différentes communautés du pays, d'une part entre chiites et sunnites, d'autre part entre Arabes et Kurdes.

"Franchement, il est essentiel, en raison de sa capacité à négocier, à appréhender les problèmes, et son habilité à travailler avec différents gouvernements aux différents intérêts", indique Adnane al-Mufti, un ami proche et membre de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), le parti de M. Talabani.

Avec de bonnes relations à la fois avec les Etats-Unis et l'Iran, M. Talabani n'a jamais eu peur de prendre des risques politiques et d'établir des alliances peu orthodoxes.

"C'est un politicien très intelligent, une personne très charismatique", confie Asos Hardi, un expert de la politique kurde.

M. Talabani revient chez lui à la veille de la date limite du dépôt des candidatures pour le poste de président de la République. Il est cependant peu probable qu'il se représente pour un nouveau mandat, selon des analystes.

Le leader kurde avait quitté son pays pour l'Allemagne en décembre 2012, deux jours après avoir été victime d'une attaque cérébrale, et n'était pas revenu depuis.

Il n'en était pas à ses premiers problèmes de santé. En 2008, il avait été opéré du coeur avec succès aux Etats-Unis, un an après avoir dû être évacué vers la Jordanie voisine en raison d'un état de déshydratation et d'épuisement.

Ennemi juré de l'ancien président Saddam Hussein, qui avait opprimé les Kurdes pendant des décennies, Jalal Talabani avait été désigné président de la République en avril 2005, puis élu en 2006 et réélu en 2010, après avoir consacré une grande partie de sa vie à lutter clandestinement contre l'Etat irakien.

Né le 12 novembre 1933 à Kalkan, un village de montagne à 400 km au nord de Bagdad, il avait rejoint très jeune la politique par admiration pour Moustafa Barzani, figure tutélaire du combat nationaliste kurde et père de l'actuel président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani.

Il rejoint le Parti démocratique du Kurdistan (PDK, fondé en 1946) et combat pendant la première grande révolte kurde de 1961.

Mais lorsque Moustafa Barzani signe trois ans plus tard un accord de paix avec Bagdad ne mentionnant pas l'autonomie du Kurdistan, Jalal Talabani entre en dissidence et part pour l'Iran. En 1975, il crée l'UPK.

Une nouvelle révolte éclate dans les années 1980, durement réprimée par Saddam Hussein lors de la campagne "Anfal" en 1988.

Après la guerre du Golfe en 1991, l'armée irakienne lance une offensive dans le nord en poussant des centaines de milliers de Kurdes à l'exil. L'intervention étrangère et la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne stopperont l'offensive et permettront aux Kurdes d'instaurer peu à peu un gouvernement autonome.

En 1993, la rivalité entre l'UPK et le PDK, dirigé par Massoud Barzani, dégénère en conflit armé.

Un cessez-le-feu est conclu en 1996, puis un accord de paix en 1998, mais le véritable rapprochement intervient en 2002, alors que l'invasion de l'Irak semble inévitable.

Après la chute de Saddam Hussein en 2003, Jalal Talabani et Massoud Barzani, enterrent la hache de guerre et font liste commune pour les élections de 2005.

Doté d'un solide sens de l'humour que reflètent des yeux malicieux, Jalal Talabani, marié et père de deux enfants, a la réputation d'être un bon vivant, volontiers volubile.

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