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Un missile abat un avion malaisien en Ukraine: près de 300 morts

Un missile abat un avion malaisien en Ukraine: près de 300 morts

Un avion de ligne malaisien parti d'Amsterdam pour Kuala Lumpur, probablement abattu par un missile, s'est écrasé jeudi dans l'est de l'Ukraine, dans une zone contrôlée par les séparatistes prorusses, faisant près de 300 morts, dont plus de la moitié de Néerlandais.

Les experts des services de renseignement américains estiment que le Boeing 777 a été touché par un missile sol-air, mais ils étudient encore leurs données pour savoir si l'engin a été tiré par les séparatistes prorusses, selon un responsable sous couvert de l'anonymat.

Les autorités de Kiev et les rebelles se sont immédiatement accusés d'être à l'origine d'un tir supposé avoir causé la catastrophe, sans qu'aucun élément matériel ne permette d'en attribuer solidement le responsabilité.

Cependant, des messages affichés - et parfois rapidement enlevés - sur des sites internet rebelles et des conversations interceptées par les services de sécurité ukrainiens laissent penser que l'appareil a pu être abattu par erreur par les rebelles, qui l'auraient pris pour un avion militaire ukrainien.

Si jamais cette hypothèse - à traiter avec prudence, dans le contexte d'une virulente guerre de propagande et de désinformation - se confirmait, la position des séparatistes et de leur allié Vladimir Poutine se trouverait considérablement affaiblie face à la communauté internationale.

Mais, pour le président russe, c'est l'Ukraine qui "porte la responsabilité de cette terrible tragédie".

Aucun signe d'éventuels survivants n'était visible jeudi soir sur le site du drame, ont constaté des journalistes de l'AFP, qui ont vu un grand nombre de corps éparpillés sur la zone d'impact.

Des morceaux du fuselage déchiqueté, dont la queue de l'appareil avec le logo de Malaysian Airlines, ainsi que des bagages, parsemaient une vaste zone au village de Grabove, dans la région de Donetsk.

Les autorités rebelles ont annoncé que les corps des victimes seraient transportés à Donetsk et qu'elles comptaient envoyer pour expertise à Moscou les boîtes noires de l'avion, qui n'ont pas encore été retrouvées.

Selon le contrôle aérien ukrainien, l'équipage du Boeing 777 qui transportait 298 personnes - dont 154 Néerlandais, 27 Australiens, 23 Malaisiens, 11 Indonésiens, six Britanniques, quatre Allemands, quatre Belges, trois Philippins et un Canadien -, n'avait signalé aucun problème en survolant l'Ukraine.

Selon Bruxelles, il y avait cinq Belges à bord et non cinq. Et le président François Hollande a affirmé de son côté que "plusieurs Français pourraient avoir été" sur ce vol.

L'appareil a disparu des écrans des radars vers 16H20 heure locales (13H20 GMT), à 10.000 mètres d'altitude, puis s'est écrasé près du village de Grabove.

Le président ukrainien Petro Porochenko a jugé qu'il s'agissait d'un "acte terroriste". "Nous n'excluons pas que cet avion (malaisien) ait pu être abattu et nous soulignons que les forces armées ukrainiennes n'ont pas effectué de tirs susceptibles d'atteindre des cibles dans les airs", a-t-il dit.

Un conseiller du ministre ukrainien de l'Intérieur, Anton Guerachtchenko, a formulé des accusations plus précises, affirmant que l'avion de ligne avait été abattu par un missile Bouk, "gracieusement offert aux terroristes par Poutine".

Ce missile sol-air a une portée de 42 km et peut atteindre une altitude de 25 km. Un porte-parole militaire ukrainien, Andriï Lyssenko, avait affirmé jeudi, avant la catastrophe, que de tels missiles avaient été fournis aux séparatistes.

Le "Premier ministre" de la "République populaire de Donetsk" autoproclamée, Alexandre Borodaï, a affirmé de son côté que l'appareil avait été abattu par les forces aériennes ukrainiennes. Présent sur les lieux de la catastrophe, il s'est dit prêt à observer un cessez-le-feu de deux ou trois jours pour permettre l'évacuation des corps et le travail d'experts internationaux.

"Nous savons que nous serons la cible d'accusations pour dire que nous avons abattu cet avion", a-t-il dit. "Ce sont des mensonges (...) nous n'avons pas les armes antiaériennes pour abattre un avion a 10.000 mètres, nos défenses antiaériennes ont une portée de 2.500-3.000 mètres".

Détail troublant: un commandant séparatiste a indiqué sur sa page Facebook que les insurgés prorusses avaient abattu un avion de transport militaire ukrainien An-26 à peu près à l'heure et dans la zone de la chute de l'avion de ligne malaisien.

En outre, Igor Strelkov (Guirkine), "ministre de la Défense" de la "République populaire de Donetsk", a diffusé sur son site une vidéo montrant une épaisse fumée noire s'élevant de l'endroit d'impact de l'appareil abattu. Cette vidéo offre une grande ressemblance avec des images présentées sur YouTube comme étant celles de la chute de l'avion de ligne malaisien.

La communauté internationale a réclamé que la lumière soit faite, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon appelant à une "enquête internationale complète et transparente".

L'Organisation mondiale de l'aviation civile (OACI) a proposé son aide et des enquêteurs malaisiens sont en route pour l'Ukraine, qui va mettre en place un couloir humanitaire pour accéder au lieu de la catastrophe.

Le Premier ministre malaisien Najib Razak s'est déclaré vendredi en "état de choc", quelques mois seulement après la disparition du vol MH370 de la même compagnie dans l'océan Indien.

"S'il se révèle que l'appareil a été abattu par un missile, les auteurs devront bien sûr répondre de cet acte devant la justice", a-t-il affirmé.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir d'urgence vendredi à 14H00 GMT sur cette affaire, à la demande du Royaume-Uni.

Vladimir Poutine a de son côté parlé au téléphone avec son homologue américain Barack Obama, qui a lui-même appelé M. Porochenko.

Dans le même temps, les autorités ukrainiennes ont fermé toutes les routes aériennes traversant l'est de l'Ukraine, a annoncé Eurocontrol, et elles "resteront fermées jusqu'à nouvel ordre".

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