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Gaza: le Hamas force l'Egypte à changer de stratégie dans sa médiation

Gaza: le Hamas force l'Egypte à changer de stratégie dans sa médiation

Après avoir tenté en vain de faire accepter un cessez-le-feu peu favorable au Hamas, l'Egypte doit changer de stratégie et composer davantage avec le mouvement islamiste dans sa médiation pour mettre fin au conflit à Gaza, estiment des experts.

Pour sa première proposition de cessez-le-feu, qui serait entré en vigueur mardi, le Caire avait apparemment consulté Israël mais pas le Hamas, ancien allié désormais interdit en Egypte.

Mais, le Hamas, affaibli, décapité en Cisjordanie et isolé à Gaza, a refusé tout cessez-le-feu qui n'inclurait pas un accord complet sur le conflit, sa branche armée, les Brigades Ezzedine al-Qassam, qualifiant la proposition égyptienne de "reddition".

Face à cette attitude défiante, l'Egypte a revu à la baisse ses exigences -- qui incluaient notamment l'acceptation sans condition des termes du cessez-le-feu -- et ouvert d'intenses négociations au Caire pour mettre fin au conflit ayant tué jusqu'à présent 237 Palestiniens.

"Je crois qu'ils (l'Egypte et Israël) ont réalisé que pour mettre fin à ce (conflit), ils vont devoir parvenir à un accord qui va impliquer des concessions envers Gaza", estime Nathan Thrall, analyste basé à Jérusalem.

Le président égyptien, l'ancien chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi qui a évincé il y a un an l'islamiste Mohamed Morsi, cherche à isoler un peu plus le mouvement palestinien dans la bande de Gaza, frontalière de l'Egypte. Le Hamas, comme la confrérie des Frères musulmans dont est issu M. Morsi, a été interdit en Egypte.

L'armée égyptienne a détruit une grande partie d'un réseau de tunnels qui permettait au Hamas de se ravitailler en armes et en argent, et accuse les Palestiniens de prêter main forte aux insurgés du Sinaï égyptien.

Depuis le début du conflit à Gaza il y a dix jours, l'Egypte, habituelle médiatrice dans les conflits entre le Hamas et Israël, a d'abord fait profil bas avant de proposer lundi une trêve, acceptée par l'Etat hébreu, les gouvernements arabes et les Etats-unis, mais rejetée par le Hamas.

Les termes de la trêve, que le Hamas était censé accepter sans conditions, l'auraient privé de la "victoire" qu'il veut de toute force. Le mouvement a rejeté la possibilité de tout cessez-le-feu tant qu'Israël et l'Eypte n'accepteraient pas d'en discuter les conditions.

"On dirait qu'il a eu un plan israélo-égyptien pour définir le cadre de toute négociation future" et mettre le Hamas "sur la défensive", relève Issandr El Amrani, directeur pour l'Afrique du nord de l'International Crisis group (ICG).

Selon lui, l'Egypte veut montrer qu'elle souhaite chapeauter une trêve bien différente de celle négociée en 2012 par Mohamed Morsi entre Israël et le Hamas, plutôt avantageuse pour le mouvement islamiste.

Le Caire veut montrer que "l'Egypte ne souhaite pas offrir une victoire politique au Hamas", ajoute-t-il.

Mais l'absence d'un cessez-le-feu fait planer la menace d'une opération terrestre à Gaza, une option qu'Israël se réserve toujours malgré les risques surtout au niveau du coût humain.

Si l'opinion égyptienne est majoritairement hostile au Hamas, une opération meurtrière pourrait la faire se retourner contre M. Sissi, relève Michael Hanna, spécialiste de l'Egypte au sein du think tank The Century Foundation.

Un risque qui a poussé le Caire à chapeauter depuis mercredi des négociations entre Israël et le Hamas, auxquelles ont notamment assisté le numéro deux du Hamas, Moussa Abou Marzouk, et le président palestinien Mahmoud Abbas.

M. Abbas, à la tête du Fatah, est soutenu par M. Sissi, qu'il a rencontré jeudi dans le cadre de ces négociations au Caire. Il avait accueilli favorablement la proposition égyptienne de cessez-le-feu.

Un responsable israélien a affirmé jeudi qu'un accord pour une trêve à partir de vendredi avait été conclu avec le Hamas, mais celui-ci a affirmé qu'il n'y avait "toujours pas d'accord", précisant néanmoins que des "efforts" étaient "en cours".

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