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Nigeria: le comportement du président Jonathan critiqué par les familles des lycéennes enlevées

Nigeria: le comportement du président Jonathan critiqué par les familles des lycéennes enlevées

Le président nigerian Goodluck Jonathan a de nouveau été vivement critiqué mercredi pour sa gestion de la crise de Chibok, du nom de la ville du Nord-Est où plus de 200 lycéennes ont été enlevées par les islamistes de Boko Haram mi-avril.

Les familles des 219 Nigérianes toujours aux mains des extrémistes jugent blessante la proposition du président Goodluck Jonathan de ne rencontrer que quelques-unes d'entre elles, plus de trois mois après l'enlèvement des adolescentes.

Le président nigérian n'a encore jamais rencontré les proches des captives, enlevées par le groupe armé le 14 avril dans leur lycée de Chibok (nord-est).

Après la visite de la jeune militante pakistanaise Malala Yousafzai, qui a exhorté cette semaine M. Jonathan à rencontrer des parents et certaines jeunes filles ayant échappé à leurs ravisseurs, une délégation avait été invitée à la présidence mardi.

Mais la rencontre a été annulée à la dernière minute, "les jeunes filles et les parents ne s'étant pas présentés", alors que "le président les attendait" a déclaré Doyin Okupe, un porte-parole de la présidence, à la presse.

Dans un communiqué publié mardi, la présidence accuse les militants du mouvement "Bring back our girls" (Ramenez nous nos filles) - qui luttent pour organiser des marches de protestation et mènent une campagne médiatique pour obtenir la libération des jeunes filles enlevées - de se servir du sort de ces otages "pour faire de la politique".

Des alliés du président Jonathan ont affirmé que le mouvement "Ramenez nous nos filles" travaillait avec des opposants du chef de l'Etat et exploitait cet enlèvement sans précédent pour mettre le gouvernement dans l'embarras.

A Chibok, loin des cercles de pouvoir d'Abuja, la population se dit surtout blessée d'être si peu considérée par les autorités, qui avaient déjà mis plusieurs jours à réagir suite à l'enlèvement des jeunes filles.

"C'est vraiment embarrassant que le président ait attendu que Malala vienne jusqu'au Nigeria pour le convaincre de nous rencontrer, trois mois après l'attaque", a déclaré Dauda Iliya, un membre du conseil des anciens de Chibok.

"Nous méritons une visite du président", et s'il ne peut pas se rendre dans la petite ville reculée du nord-est pour des raisons de sécurité, il peut faire venir "les 219 mères (des captives) pour qu'elles le rencontrent. Cette rencontre ne devrait pas être sélective", a-t-il ajouté.

M. Jonathan avait prévu une visite à Chibok en mai, qu'il avait annulée à la dernière minute sans donner d'explication.

"Cela fait plus de trois mois que nous prions pour que Goodluck vienne voir ce qui nous est arrivé et qu'il voie comme on pleure", a déclaré Ayuba Chibok, dont les nièces ont été enlevées.

"Si le gouverneur (Kashim Shettima, de l'Etat de Borno) a pu venir et repartir en toute sécurité, pourquoi le président ne peut-il pas faire de même, avec tous ses hélicoptères?", s'est-il indigné.

Une petite délégation de parents et de jeunes filles ayant échappé à leurs ravisseurs s'était rendue à Abuja pour rencontrer Malala lundi - ce sont eux que M. Jonathan avait proposé de rencontrer mardi.

Les habitants de Chibok avouent qu'ils auraient mal réagi si cette délégation avait accepté de rencontrer le président sans le reste de la communauté.

Dans un communiqué publié mercredi après-midi, l'association des représentants de Chibok à Abuja explique que la délégation en question a choisi de repousser cette "l'immense opportunité" de rencontrer le chef de l'Etat pour la première fois, plus de 90 jours après l'enlèvement des lycéennes, pour mieux s'y préparer.

Selon M. Okupe, le président a adressé une nouvelle invitation aux parents de Chibok, et "ce sera un jour de la semaine prochaine".

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