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Paris réorganise sa présence au Sahel face à la persistance de la menace jihadiste

Paris réorganise sa présence au Sahel face à la persistance de la menace jihadiste

La mort d'un 9e soldat depuis l'engagement militaire français au Mali en janvier 2013 montre la persistance de la menace jihadiste dans la zone sahélienne, où la France engage une réorganisation de son dispositif militaire pour l'inscrire dans la durée.

La mission de "Serval" (nom de l'opération militaire française au Mali) "a été parfaitement accomplie", s'était réjoui dimanche le président français François Hollande. Le lendemain, lundi 14 juillet, un légionnaire français était tué et six blessés dans le nord du Mali au cours d'une attaque suicide.

Consciente que son armée est là pour longtemps, la France a commencé à réorganiser en profondeur sa présence militaire dans la région. Avec pour objectif de rapprocher ses forces des zones de tension où elles sont susceptibles d'intervenir.

Première conséquence, l'opération "Barkhane", qui succède à "Serval", mobilisera 3.000 hommes pour lutter "contre le terrorisme" dans la bande sahélo-saharienne. Une approche désormais "régionale", en coopération avec cinq pays de la zone - Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad. "Nous allons susciter des opérations conjointes, à cheval sur les frontières, pour être plus efficaces contre les groupes armés terroristes", expliquait dimanche le général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées.

Concrètement, le commandement des forces déployées à Gao (Mali), Niamey et N'Djamena sera centralisé au Tchad. N'Djamena permettant notamment à l'aviation française de s'occuper à la fois de la bande sahélo-saharienne et de l'Afrique centrale, notamment la Centrafrique.

Des bases "satellites" à Tessalit, dans le nord du Mali, Abéché et Faya-Largeau, dans l'est et le nord du Tchad, permettront de maintenir des effectifs dans des régions particulièrement instables, proches des frontières libyenne et algérienne. Une zone de confrontation qui concentre, selon l'état-major, les risques sécuritaires et tous les trafics.

Selon une récente mission parlementaire, en incluant les Forces spéciales sur le terrain, le dispositif français devrait globalement compter: 1.300 militaires à N'Djamena, où sont basés des avions Rafale et Mirage français, avec des forces terrestres renforcées et un pôle renseignement; 1.100 à Gao et 250 à 300 à Niamey, où sont déployés des drones de surveillance Reaper acquis par la France; enfin, des effectifs réduits sur les points d'appui secondaires, dans le nord du Mali et du Tchad.

Crise budgétaire oblige, il s'agit également d'optimiser les moyens militaires. Il n'y aurait donc pas plus de militaires français dans la région, mais ils seraient répartis différemment.

"Barkhane" n'est qu'un élément dans la réorganisation globale des forces françaises en Afrique. Hors opérations ponctuelles, comme au Mali et en République centrafricaine, la France maintient actuellement des troupes à titre permanent à Dakar (350 militaires), Libreville (900), N'Djamena (950), Abidjan (450) et Djibouti (1.950). Des forces auxquelles s'ajoutent environ 750 hommes sur la base française d'Abou Dhabi et 300 marins au titre de la mission Corymbe de lutte contre la piraterie dans le Golfe de Guinée.

Soit environ 5.600 militaires en Afrique et à proximité.

Le réaménagement du dispositif devrait entraîner le transfert de Libreville à Abidjan de la "base opérationnelle avancée" de la France en Afrique de l'ouest. "Libreville passerait ainsi de 900 hommes à 350, tandis qu'on créerait ex nihilo une base permanente à Abidjan, armée de 950 personnels", soulignent les députés UMP (opposition) Yves Fromion et socialiste Gwendal Rouillard dans un rapport diffusé ce week-end sur le sujet.

"Ne nous racontons pas d'histoires : l'objectif principal de cette manoeuvre, c'est de faire des économies", en ramenant "de 3.800 à 3.300" les forces déployés à Dakar, Libreville, Djibouti et Abou-Dhabi, notent-ils, tout en soulignant la cohérence globale de la réorganisation.

Point d'achoppement, la réduction drastique des effectifs à Djibouti, base historique de la France dans l'est africain, qui selon les scénarios pourraient passer de 1.950 à 950 hommes. Un effectif minimal de 1.300 militaires serait, selon les rapporteurs, nécessaire pour "rester crédibles" dans cette zone stratégique.

dch/frd/prh/sba

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