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Juncker à Mme Le Pen: "je ne veux pas" les voix de "ceux qui rejettent"

Juncker à Mme Le Pen: "je ne veux pas" les voix de "ceux qui rejettent"

Jean-Claude Juncker a sèchement répliqué mardi devant le Parlement européen aux critiques de la présidente du Front national français Marine Le Pen, en soulignant qu'il ne voulait pas obtenir le vote "de ceux qui rejettent, qui excluent".

"Je remercie Mme Le Pen de ne pas voter pour moi. Je ne veux pas avoir l'assentiment de ceux qui rejettent, qui excluent. Merci, Madame, de ne pas voter pour moi !" a lancé M. Juncker, juste avant que les eurodéputés ne votent sur sa nomination à la tête de la Commission européenne.

L'ancien Premier ministre chrétien-démocrate luxembourgeois a obtenu 422 voix, contre 250, avec 47 abstentions et 10 bulletins nuls.

"Je ne veux pas débattre avec l'extrême droite. Je ne veux pas de voix de ceux qui rejettent les autres, parce qu'ils ne sont pas de la même couleur, de la même obédience philosophique, parce qu'ils n'ont pas les mêmes préférences sexuelles. Je ne veux pas des voix du rejet", a renchéri M. Juncker lors d'une conférence de presse à l'issue du vote.

"J'ai noté que Mme Le Pen veut contrôler ce que nous faisons, mais cela nécessite d'être présent", a raillé de son côté le président du Parlement, le social-démocrate Martin Schulz. "On ne contrôle pas en étant absent en permanence", a-t-il ajouté, en référence à l'absentéisme de Mme Le Pen lors de la précédente législature.

Lors du débat organisé après le discours programme de M. Juncker, Mme Le Pen avait prononcé une diatribe contre le président désigné de l'exécutif européen. "Vous contribuerez au malheur des peuples d'Europe, d'ailleurs vous avez été mis à ce poste pour cela!", avait-elle fustigé.

"Vous n'avez en aucune manière été choisi par le peuple français, ni par aucun autre d'ailleurs", a attaqué Mme Le Pen. "Votre pouvoir est immense et illégitime (...), vous représentez l'archétype du déni de démocratie", a-t-elle poursuivi, ajoutant que M. Juncker avait longtemps dirigé un "paradis fiscal".

La présidente du FN, qui a échoué à constituer un groupe politique au Parlement européen, a cependant pu prendre la parole lors de ce débat, juste après les présidents de groupe, au nom des députés "non inscrits" --au nombre de 52, dont 23 FN français.

Le principe de cette intervention a été vivement critiqué par un autre eurodéputé non inscrit, le communiste grec Konstantinos Papadakis, qui a été conduit hors de l'hémicycle pour avoir invectivé Mme Le Pen au moment où elle avait la parole.

Un peu plus tard, l'élu a pu s'expliquer, estimant que Mme Le Pen ne pouvait pas s'exprimer au nom de tous les non-inscrits puisque ceux-ci "ne sont pas un groupe politique".

Dans les rangs des groupes dûment constitués, un autre ténor europhobe, le leader de l'Ukip britannique, Nigel Farage, ne s'est pas privé d'égratigner M. Juncker. Il a vu dans sa désignation un "coup d'Etat, un putsch à l'encontre des Etats nations", et s'est emporté contre le fait que le scrutin ait lieu à bulletins secrets.

Jean-Claude Juncker a répliqué avec humour: l'anonymat du vote est nécessaire car "M. Farage ne voudrait pas que ses électeurs découvrent qu'il a voté pour moi".

ab/jlb/abk

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