Sur le célibat des prêtres, le Vatican reste inflexible, mais le pape François semble lui davantage disposé à discuter de ce qui n'est pas un dogme, semant ainsi le trouble dans les rangs catholiques.
Par deux fois en moins de trois mois, le pape argentin a ouvert le débat en suggérant que le célibat des prêtres pourrait être amendé.
"Le célibat des prêtres n'est pas un dogme", a-t-il rappelé fin juin devant des journalistes. D'ailleurs, "il y a des prêtres mariés dans l'Eglise", a-t-il relevé, citant entre autres les Anglicans ralliés à Rome, les coptes catholiques et certains prêtres d'Eglises orientales. "La porte est donc ouverte", avait-il ajouté, relançant aussitôt l'espoir parmi tous les catholiques favorables à l'ordination d'hommes mariés.
"Plus de 100.000 prêtres catholiques, partout dans le monde et quelles que soient les cultures - soit un quart des effectifs - se sont mariés et ont été forcés de quitter leur ministère", affirme la Fédération européenne des prêtres catholiques mariés, qui milite pour l'abandon du célibat obligatoire.
Des dizaines d'associations se sont constituées, notamment dans les rangs des femmes ayant épousé des prêtres, pour sensibiliser le Vatican à cette question. Vingt-six "femmes de prêtres", vivant en Italie, ont récemment écrit au pape François pour demander à être reçues et témoigner de la "souffrance" de leurs vies cachées.
Le vaticaniste italien Andrea Tornielli rappelait à cette occasion que le pape François avait été très proche, alors qu'il était archevêque de Buenos Aires, de l'évêque argentin Jeronimo Podesta, qui avait renoncé à la prêtrise pour l'amour d'une femme, Clelia.
La déclaration de Jorge Mario Bergoglio ce week-end sur des "solutions à trouver" quant au célibat des prêtres a donc fait l'effet d'une nouvelle bombe.
"Il y a vraiment un problème, mais il n'est pas majeur. Cela prendra du temps, mais il y a des solutions et je vais les trouver", a-t-il affirmé dans un entretien publié dimanche par le quotidien italien La Repubblica.
Une déclaration aussitôt démentie par le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi, pour qui les citations reprises ne correspondent nullement à ce que François a déclaré.
"Il ne s'agit pas d'une interview au sens normal du terme", a-t-il affirmé, accusant le quotidien "de manipuler des lecteurs ingénus".
Certes, mais il s'agit de la deuxième mise au point après une précédente interview du pape avec le même journaliste de La Repubblica. Ce qui n'a pas empêché François de le réinviter pour de nouvelles conversations.
De là à penser que le pape utilise ces entretiens avec Eugenio Scalfari, fondateur de La Repubblica, pour lancer quelques messages, il n'y à qu'un pas, que beaucoup sont tentés de franchir au Vatican.
François est un "pape d'ouverture et avec son arrivée, les progressistes au sein de l'église ont repris espoir", fait valoir un spécialiste du Vatican, sous couvert de l'anonymat.
"Des questions sont posées, mais il ne faut pas y voir des messages à faire passer", affirme-t-on en revanche de source proche du Vatican.
Le célibat des prêtres n'est pas un dogme, mais "on le sait depuis des centaines d'années, ce n'est pas une grande découverte", fait valoir cette source, qui invite à la plus grande prudence quant à l'interprétation des propos attribués au pape.
Le célibat des prêtres a été institué 900 ans après la mort de Jésus-Christ, a d'ailleurs rappelé François dans cet entretien avec le quotidien italien.
"Le pape est sensibilisé à cette question" mais de là à "trouver des solutions", c'est un pas qui laisse perplexe nombre de vaticanistes, relève l'un d'entre eux, pour qui le pape a une nouvelle fois semé le trouble. Et cela d'autant plus que le démenti apporté dimanche a été fait à la demande expresse du pape, affirme cette source.
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