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Afghanistan: opération inédite pour sauver la transition démocratique

Afghanistan: opération inédite pour sauver la transition démocratique

L'Afghanistan s'apprêtait mardi à entamer un vaste audit des votes du deuxième tour de sa présidentielle pour départager les rivaux Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani, et ainsi sauver la première transition démocratique de son histoire.

Le conflit entre les deux hommes avait pris une tournure inquiétante la semaine dernière lorsque M. Abdullah s'est déclaré vainqueur malgré les premiers résultats donnant son rival en tête avec 56,4% des voix au scrutin du 14 juin.

M. Abdullah estimait avoir été victime de fraudes massives. Des rumeurs de marche de ses partisans sur le palais présidentiel circulaient dans Kaboul et certains dans son camp évoquaient la formation d'un "gouvernement parallèle".

Si le candidat a réussi à temporiser, calmant les plus ardents de ses alliés comme le gouverneur de la province de Balkh (nord), Mohammad Atta Noor, l'ambassadeur américain à Kaboul, James Cunningham, a reconnu mardi qu'il y avait "une peur que cela échappe à tout contrôle".

Devant l'urgence de la situation, qui laissait craindre un retour des pires moments de la guerre civile 1992-1996, prélude à l'arrivée au pouvoir des talibans, Washington, déjà échaudé par la récente expérience irakienne, a lancé une offensive diplomatique en dépêchant son secrétaire d'Etat John Kerry.

"La raison pour laquelle nous sommes intervenus si rapidement, était pour décourager les gens à même envisager d'emprunter cette voie", a ajouté M. Cunningham.

Après 48 heures en sol afghan, John Kerry repartait avec un accord pour un audit intégral des votes et la promesse de la formation d'un "gouvernement d'unité nationale".

"Tout ce qu'on essayait avant l'arrivée de M. Kerry échouait", a expliqué une source diplomatique proche des négociations.

L'audit des 8,1 millions de votes a finalement mis tout le monde d'accord. "Maintenant, ils (les candidats) comprennent que c'est la seule chance qu'ils ont", a dit la même source.

Selon des sources diplomatiques, 100 stations de vérification seront mises en place à Kaboul où les quelque 23.000 urnes seront acheminées, avec l'aide de l'armée afghane et de la mission de l'Otan (Isaf).

"L'Isaf a un rôle de soutien, et fournira des moyens aériens pour le transport de moins de 40% des urnes", a indiqué la force.

Dans chaque station, l'ONU, qui chapeautera le processus, souhaite poster un observateur international. La plupart d'entre eux seront puisés dans les chancelleries étrangères à Kaboul mais ils devront recevoir dans les prochaines heures une formation.

La logistique d'une telle opération, qui devrait durer trois semaines ou plus, nécessite une vaste préparation. L'audit devrait commencer mercredi, le temps de régler des détails techniques, a déclaré à l'AFP Ahmad Yousuf Nuristani, président de la commission électorale indépendante (IEC).

Lors de ce fastidieux travail, les suffrages seront examinés un par un à l'aide d'une "checklist".

Les membres de l'IEC, sous le regard des observateurs internationaux, devront vérifier par exemple si deux bulletins ne sont pas marqués de façon similaire. Ils vérifieront aussi si le nombre de bulletins correspond à celui rapporté sur la feuille de résultats.

Une fois la question de la fraude mise de côté, les Afghans devront se pencher sur la réforme de leur système de gouvernance, pour permettre davantage d'ouverture et d'unité nationale.

Mais les contours de cet accord tacite, car non signé, demeurent encore flous. Mardi, les deux candidats se sont néanmoins rencontrés pour parler des détails de leur accord.

Selon Hamidullah Farooqi, un porte-parole de M. Ghani, "les deux équipes sont d'accord pour créer un poste exécutif pour l'équipe perdante", mais la création d'un système parlementaire, impliquant la délégation de certains de ses pouvoirs par le président, n'était pas acquise.

M. Farooqi a indiqué que le poste exécutif pourrait se transformer à terme en "troisième vice-président, responsable exécutif ou Premier ministre".

L'investiture du nouveau président qui devait avoir lieu le 2 août sera retardée le temps de terminer l'audit.

Mais l'instabilité peut encore surgir à tout moment dans ce pays toujours en proie à une insurrection active des talibans. Mardi encore, un attentat suicide a fait au moins 25 morts sur un marché de la province de Paktika (est).

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