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La première chaîne russe accusée de désinformation "flagrante" sur l'Ukraine

La première chaîne russe accusée de désinformation "flagrante" sur l'Ukraine

La première chaîne de télévision russe était lundi l'objet de critiques acerbes, accusée de se livrer à une campagne de désinformation dépassant toutes les bornes, après la diffusion d'un reportage dans lequel une femme, présentée comme une réfugiée ukrainienne, affirmait que les forces de Kiev avaient "crucifié" en public un enfant.

Le récit de cette femme, qui affirme que les faits se sont produits sur la place centrale de Slaviansk "devant des femmes, des fillettes et des personnes âgées", après que les troupes ukrainiennes ont repris le contrôle de cet ex-bastion des séparatistes prorusses, n'a été confirmé par aucune autre source.

Des journalistes de l'AFP présents à Slaviansk depuis l'arrivée des forces ukrainiennes, il y a plus d'une semaine, n'ont jamais entendu la moindre rumeur de ce genre. Et les témoignages d'habitants, démentant les faits, se sont multipliés dans les médias, après la diffusion de ce reportage.

La chaîne de télévision proche du Kremlin Pervyi Kanal (Première chaîne) a présenté les faits comme véridiques dans son sujet, dont les faits ne sont ni datés, ni recoupés.

"La raison ne nous permet pas de comprendre comment de telles choses sont possibles de nos jours dans le centre de l'Europe", lance ainsi le commentateur de la chaîne.

Selon le récit de la réfugiée ukrainienne, présentée comme étant Galina Pychniak, les forces loyalistes ukrainiennes "ont pris un petit garçon de trois ans (...) et, comme Jésus, il a été crucifié sur une planche".

La journaliste de Pervyi Kanal réagit en saluant le "courage" de la jeune femme, mère de quatre enfants, désormais en "grand danger" pour avoir fait ces "révélations".

"Vous avez montré votre visage de manière si courageuse, révélé votre prénom. Vous n'avez pas peur ?", lui demande ainsi la journaliste.

A la suite de la diffusion de ce reportage, les critiques contre la chaîne, qui n'a pas souhaité commenter l'affaire auprès de l'AFP, se sont multipliées.

"Cela dépasse les frontières du mal. Je suis en état de choc", a déclaré à l'AFP Galina Timtchenko, ex-rédactrice en chef du site internet Lenta.ru, connu pour sa couverture détaillée des activités de l'opposition russe.

"Aucun fait n'est vérifié. (...) Il s'agit d'une violation flagrante de l'éthique professionnelle", a-t-elle poursuivi.

"Une telle chose mérite des poursuites judiciaires. Les gens qui font cela sont dangereux pour la société et ce qu'ils font est un véritable crime", a de son côté écrit sur son blog l'opposant Alexeï Navalny.

De son côté, une porte-parole du ministère ukrainien de l'Intérieur, Natalia Stativko, a dénoncé "un mensonge grossier".

"La Russie suit les traces de (Joseph, ndlr) Goebbels", ministre de la Propagande sous l'Allemagne nazie, a-t-elle poursuivi.

"Plus le mensonge est gros et monstrueux, mieux c'est pour la propagande russe", a renchéri Mme Stativko.

Depuis le début de la crise en Ukraine, les médias russes et ukrainiens ont été à plusieurs reprises accusés de se livrer à une véritable guerre de l'information.

Mais selon des analystes, Pervyi Kanal a atteint un nouveau seuil avec ce reportage.

"C'est provocant, outrageux, anormal", estime Anna Katchkaeva, spécialiste des médias à l'Ecole supérieure d'Economie de Moscou.

"On m'écrit de province pour me dire que des femmes parlent de cette histoire devant les magasins et en pleurent. C'est un moyen d'attiser la haine", poursuit-elle.

or-lap/nm/bds

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