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Crise de la BES: les craintes persistent malgré l'arrivée de la nouvelle direction

Crise de la BES: les craintes persistent malgré l'arrivée de la nouvelle direction

Malgré l'arrivée d'une nouvelle équipe à la tête de Banco Espirito Santo (BES), le titre a poursuivi lundi sa dégringolade en Bourse, signe d'inquiétudes persistantes sur les difficultés de l'empire familial et une contagion à l'ensemble du secteur financier portugais.

L'euphorie initiale à la Bourse de Lisbonne aura été de courte durée. Après avoir accueilli l'arrivée des nouveaux dirigeants avec un bond de près de 6%, le titre de la BES a replongé peu après dans le rouge avant de clôturer en baisse de 7,48% à 0,44 euro.

Les turbulences que traverse cet empire familial portugais, dont certaines holdings sont menacées de faillite, avaient ravivé jeudi l'inquiétude des marchés financiers, faisant ressurgir le spectre de la crise en zone euro.

La chancelière allemande Angela Merkel s'est émue samedi de la crise de la banque portugaise, estimant qu'elle "montre à quelle vitesse les marchés s'inquiètent et à quel point la structure de l'euro reste fragile".

Pressé par la Banque centrale du Portugal, le conseil d'administration de la BES a approuvé la cooptation de sa nouvelle équipe dirigeante, ouvrant la voie à son entrée en fonctions immédiate.

Le superviseur bancaire cherchait ainsi à mettre fin à la vacance du pouvoir à la tête de la première banque privée du Portugal, dans le collimateur des marchés en raison des déboires de la famille fondatrice.

Ricardo Salgado, patron tout puissant de la BES depuis 23 ans, a ainsi passé le relais à l'économiste réputé Vitor Bento, un ancien de la Banque du Portugal.

Le patriarche de la famille Espirito Santo avait annoncé sa démission le 20 juin, après la découverte d'irrégularités comptables dans une des holdings du groupe.

Signe de ses ennuis financiers, la famille Espirito Santo a dû réduire sa participation dans la BES à 20,1%, en cédant près de 5% pour honorer des échéances de dette, pour un montant de 95,6 millions d'euros, soit une décote de près de 30% par rapport au cours de Bourse de vendredi.

La holding familiale Espirito Santo Financial Group (ESFG) avait emprunté plus de 100 millions d'euros auprès de la banque japonaise Nomura en donnant notamment des actions de la BES en garantie, ont rapporté les médias portugais.

Confronté à la chute vertigineuse du titre qui a perdu 38% en une semaine, Nomura avait réclamé le remboursement de son prêt dans les plus brefs délais.

La famille reste toutefois premier actionnaire du joyau du groupe, devant le groupe français Crédit agricole qui a profité d'une récente augmentation de capital de 1,04 milliard d'euros pour ramener sa participation de 20,1% à 14,6%.

Le Premier ministre Pedro Passos Coelho a appelé la famille Espirito Santo à négocier au plus vite une restructuration "ordonnée" de sa dette, "afin d'éviter qu'un éventuel défaut de paiement ait un impact important sur l'économie" du pays.

"Il y a 100% de probabilité de voir le groupe Espirito Santo restructurer sa dette. Mais nous ne savons pas quels en seront les termes et l'ampleur", a commenté à l'AFP Rui Barbara, gérant d'actifs de Banco Carregosa.

La holding de tête du groupe, Espirito Santo International (ESI), n'a pas honoré à temps des échéances de titres de dette détenus par des clients en Suisse et s'apprête à dévoiler un plan de restructuration de sa lourde dette.

Alors que le Portugal vient tout juste de sortir de son plan d'aide internationale négocié en 2011, l'affaire de Banco Espirito Santo arrive au plus mauvais moment.

L'agence de notation Fitch a jugé vendredi que les "retombées immédiates" des difficultés du groupe sur les autres banques portugaises étaient "circonscrites pour l'instant", mais rendaient le système bancaire "vulnérable à une perte de confiance".

"Une restructuration de la dette du groupe Espirito Santo porterait un coup à la crédibilité du monde financier portugais", a également souligné Pedro Lino, analyste de Dif Broker.

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