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Aux portes de Donetsk, la guerre a frappé

Aux portes de Donetsk, la guerre a frappé

Le première roquette s'est fichée dans le jardin. La troisième a soulevé le trottoir devant le portail de la maison, tordu par l'explosion. Mais la deuxième a frappé le porche d'entrée, projetant un éclat dans le dos de l'épouse de Vladimir Piskounov. Elle n'a pas survécu.

Samedi vers 16H00, une volée de roquettes s'est abattue sur ce quartier périphérique de Mariinka, bourgade tenue par les rebelles prorusses et limitrophe des faubourgs ouest de Donetsk, la grande métropole de l'Est ukrainien sous contrôle séparatiste.

Dans la rue Lioubovitch, une maison a entièrement brûlé. Une tête de lit en fer noirci émerge des décombres encore fumants. Quatre personnes sont mortes, tuées sur le coup lors du bombardement de samedi, selon des témoignages recueillis dimanche.

Ici encore, une tête de roquette est fichée dans le sol. Son angle semble indiquer que le tir venait du sud, là où sont positionnées les forces loyalistes ukrainiennes.

Les deux camps se renvoient la responsabilité des bombardements, mais pour Vladimir Piskounov, qui montre dans son salon une série d'éclats métalliques acérés et longs de plusieurs centimètres, il n'y a pas le moindre doute.

Petro "Porochenko (le président ukrainien) et l'armée me rendront des comptes pour ça", lâche-t-il, dans une colère froide. "Je suis un simple travailleur, mais maintenant je vais enterrer ma femme et me battre. Comment vivre ensemble après ça?"

Cet employé des mines de 39 ans et son épouse, qui en avait 32, avaient fait partir leur fille de 12 ans en sécurité, chez des parents. Mais eux étaient restés garder la maison.

Selon des employés de l'hôpital régional de Donetsk, huit victimes de l'attaque de samedi ont été transportées à la morgue, en majorité des femmes. Et au moins trois blessés ont été hospitalisés dans un état grave.

Les autorités séparatistes avaient fait état de six tués dans un précédent bombardement sur Mariinka dans la nuit de vendredi à samedi.

Alexandre, qui préfère taire son nom de famille, passe en voiture. Lui non plus n'a pas de doute sur l'origine des tirs. "Ils (les loyalistes) ont bombardé des civils qui n'y sont pour rien. Pourquoi?"

Aucun objectif militaire évident n'était visible dimanche matin dans le quartier et les habitants assurent qu'il n'y en avait pas lors de l'attaque, même si Mariinka est situé en zone rebelle.

Valentina avait quitté le quartier samedi peu avant l'heure de l'attaque. Cette retraitée de la police regagne sa maison pour évaluer les dégâts, "sous le choc" que la guerre ait pu ainsi frapper au coeur de son environnement quotidien.

"Mon fils et ma fille sont partis, je les comprends, mais moi je pense que mon devoir est de rester". Au bord des larmes, elle aussi est persuadée de la responsabilité des forces de Kiev. "Ce que fait Porochenko n'est pas bien".

so/neo/jh

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