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Afghanistan: accord sur l'audit de 100% des votes de la présidentielle

Afghanistan: accord sur l'audit de 100% des votes de la présidentielle

Les deux candidats à la présidentielle afghane Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani, qui se disputaient la victoire sur des soupçons de fraude, se sont mis d'accord samedi sur un audit des huit millions de votes du second tour du scrutin, afin de sortir de l'impasse politique.

"Les deux candidats se sont engagés à participer et à attendre les résultats du plus vaste audit possible. Chaque vote exprimé sera audité, l'ensemble des huit millions" de votes, a annoncé le secrétaire d'Etat américain John Kerry après deux jours de pourparlers à Kaboul avec les deux candidats et d'autres responsables afghans.

"Le gagnant sera le nouveau président et formera immédiatement un gouvernement d'unité nationale", a ajouté le chef de la diplomatie américaine.

L'audit sera réalisé à Kaboul et commencera dans les 24 prochaines heures. Les bulletins de votes seront acheminés à Kaboul par la force de l'Otan en Afghanistan, selon M. Kerry. Et le tout sera placé sous la surveillance de la communauté internationale.

La formule retenue devrait prendre du temps et retarder l'investiture du nouveau président qui devait se dérouler le 2 août. "Nous pensons que ce processus va prendre quelques semaines", a dit M. Kerry.

D'où la demande par le chef de la mission de l'ONU (Unama) Jan Kubis aux organisations internationales, d'envoyer des observateurs afin d'entamer le travail rapidement.

"Pour que ce soit un succès, je voudrais faire appel aux organisations internationales d'observateurs, envoyez aussi rapidement que possible des équipes pour soutenir ce processus", a dit M. Kubis en précisant qu'il s'agissait d'une opération inédite.

L'accord annoncé samedi intervient près de 48 heures après l'arrivée de M. Kerry sur le sol afghan pour des pourparlers avec les deux rivaux, qui s'accusaient mutuellement d'avoir bénéficié de bourrages d'urnes massifs. L'ambassade des Etats-Unis a été le théâtre vendredi et samedi d'intenses négociations entre les deux candidats et leurs équipes.

M. Kerry a longuement discuté à plusieurs reprises avec les deux prétendants, puis avec le président sortant Hamid Karzaï, ainsi que d'autres responsables afghans. Le responsable américain, qui est attendu à Vienne pour d'importantes discussions sur le nucléaire iranien, a dû prolonger son séjour à Kaboul.

Le contentieux entre les deux candidats avait pris une tournure alarmante lundi lorsque M. Ghani a été donné vainqueur lors de l'annonce des premiers résultats avec 56,4% des voix, loin devant M. Abdullah (43,5%).

Ce dernier était arrivé largement en tête du premier tour le 5 avril (45% des voix contre 31,6% à M. Ghani), estimant s'être fait voler l'élection à cause de la fraude.

Le candidat mécontent était à deux doigts de mettre le feu aux poudres en se déclarant vainqueur dès le lendemain des résultats du deuxième tour. Mais il s'est gardé de proclamer un "gouvernement parallèle" comme le lui demandaient certains de ses partisans.

Samedi soir, M. Ghani s'est félicité de l'accord "éliminant toute ambiguïté quant à la transparence du processus". Et M. Abdullah a annoncé son retour dans le processus électoral qu'il boycottait depuis plusieurs jours.

Les deux candidats se sont aussi félicités de l'accord sur "la formation d'un gouvernement d'unité nationale".

Initialement, la commission électorale indépendante afghane (IEC) avait examiné 1.930 bureaux de vote (sur un total de 23.000).

La vaste opération de vérification se penchera sur différentes anomalies comme les bureaux de vote qui ont comptabilisé plus de 595 suffrages, ou bien ceux qui ont été gérés par des hommes alors qu'il étaient réservés aux femmes.

Les efforts de M. Kerry trahissent la vive inquiétude des Etats-Unis qui, échaudés par l'exemple irakien, veulent éviter que le régime afghan qu'ils couvent depuis 2001, à coup de milliards de dollars, n'implose au milieu d'affrontements communautaires.

Un regain des tensions ethniques dans un pays toujours en proie à une insurrection des talibans, pourrait réveiller les fantômes de la guerre civile des années 1990, qui a précédé l'arrivée des talibans au pouvoir en 1996.

M. Ghani, un Pachtoune, est soutenu par cette ethnie majoritaire dans le Sud, tandis que M. Abdullah, malgré un père pachtoune, est soutenu principalement par les Tadjiks du Nord.

Washington se défend de toute ingérence en Afghanistan, mais avait toutefois averti Kaboul cette semaine que la crise devait se régler pacifiquement, faute de quoi l'aide financière américaine se tarira.

Au moment où les troupes de l'Otan doivent quitter le pays fin 2014, Washington veut également que Kaboul signe rapidement un traité bilatéral de sécurité (BSA) prévoyant le maintien en Afghanistan de 9.800 soldats américains, contre 32.000 actuellement.

jkb-emp/mr

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