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Banco Espirito Santo : Lisbonne s'efforce de calmer les esprits

Banco Espirito Santo : Lisbonne s'efforce de calmer les esprits

Sous pression, les autorités du Portugal ont multiplié vendredi les signes d'apaisement afin d'enrayer la crise de la plus grande banque privée du pays, un message entendu par les marchés qui se remettaient doucement des frayeurs subies la veille.

Des incertitudes persistent cependant sur l'avenir de la banque BES, minée par son exposition aux graves difficultés financières du reste du groupe Espirito Santo. Son titre, qui s'était effondré de 17,24% jeudi avant d'être suspendu, a encore plongé de 5,5% vendredi après la reprise des cotations.

Autre coup dur, les agences d'évaluation financière Moody's et Standard & Poor's ont tour à tour abaissé la note de la BES, l'enfonçant davantage dans la catégorie des investissements spéculatifs.

Le Premier ministre Pedro Passos Coelho a écarté le scénario d'une aide publique : "Il n'y a aucune raison pour que l'Etat intervienne dans une banque qui a des fonds propres solides et qui dispose d'une marge confortable pour faire face à toute éventualité, même la plus adverse".

En clair, la banque pourrait tenir le choc d'un éventuel défaut de paiement d'une des nombreuses sociétés de l'empire Espirito Santo, dont l'image a été ternie par la découverte de pertes de 1,3 milliard d'euros dissimulées par la holding Espirito Santo International (ESI).

"Les épargnants ont toutes les raisons de faire confiance à la BES quant à la sécurité de leurs économies", a insisté M. Passos Coelho.

En dernier ressort, le gouvernement peut toujours compter sur 6,4 milliards d'euros non utilisés de l'enveloppe de 12 milliards d'euros prévue pour la recapitalisation des banques dans le cadre du plan de sauvetage du Portugal, qui a pris fin en mai dernier.

La Banque du Portugal s'est elle aussi employée à rassurer épargnants et investisseurs, en affirmant que "la BES possède des réserves financières suffisantes pour absorber un éventuel impact négatif de son exposition" au groupe.

"Pour l'heure, il n'y a pas de raison de paniquer. Les gens n'ont pas besoin de retirer leur argent", a estimé Julio Mourao, président de l'Association portugaise des usagers des banques Apusbanc.

Une certaine accalmie était perceptible sur les marchés européens vendredi, secoués la veille en raison des craintes d'une contagion de la crise de la BES aux autres pays fragiles de la zone euro.

Sur le marché de la dette, le taux d'emprunt du Portugal à dix ans a reculé à 3,866% contre 3,985% la veille, une détente également perceptible pour l'Espagne et l'Italie.

Le Trésor portugais prévoit d'ailleurs de retourner sur le marché dès mercredi, avec des émissions à six et douze mois visant à lever jusqu'à 1,25 milliard d'euros.

"La Banque du Portugal, qui a annoncé que la BES avait les moyens de faire face aux difficultés de son groupe, a rassuré le marché et calmé le jeu", relève Nordine Naam, stratégiste chez Natixis.

Les marchés boursiers semblaient, eux aussi, rassérénés. "Leur réaction était surtout due à un manque d'information", estime Jesus Castillo, analyste chez Natixis, qui prévoit "une normalisation de la situation à court terme".

Soucieux de freiner la chute de la BES, le gendarme de la Bourse portugaise a prolongé de deux jours l'interdiction de la vente à découvert du titre, un mécanisme spéculatif qui consiste à parier sur la baisse d'une action.

La cotation a repris après la diffusion dans la nuit d'un communiqué dans lequel la BES a chiffré à 1,18 milliard d'euros son exposition directe au reste du groupe Espirito Santo, dont la solvabilité a cristallisé les inquiétudes des marchés.

La BES a reconnu avoir placé auprès de ses clients 853 millions d'euros de titres de dette des autres sociétés du groupe. Et elle a surtout assuré que son matelas financier, soit 2,1 milliards d'euros, était supérieur à son exposition directe et indirecte au groupe.

Un chiffre qui semblait convaincre les experts: "La situation d'Espirito Santo ne constitue pas une menace pour l'ensemble du système bancaire", jugent les analystes de Barclays.

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