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Les pesticides affectent les abeilles, mais aussi les oiseaux

Les pesticides «tueurs d'abeilles» déciment les insectes
Kirschner via Getty Images

Déjà soupçonnés de tuer les abeilles, les insecticides néonicotinoïdes affectent également les oiseaux, peut-être en décimant les insectes dont ils dépendent pour se nourrir, selon une étude néerlandaise publiée le 9 juillet dans la revue Nature.

Cette étude va dans le sens d'une récente évaluation internationale qui avait conclu que certains pesticides parmi les plus utilisés dans le monde, dont certains néonicotinoïdes, avaient des effets néfastes non seulement sur les abeilles mais aussi sur les papillons, les vers de terre, les oiseaux et les poissons.

Pour leur part, les chercheurs néerlandais ont constaté une baisse des populations de 15 espèces d'oiseaux différentes de 3,5% par an, entre 2003 à 2010, dans des régions des Pays-Bas où l'eau de surface contenait des concentrations importantes de l'un de ces pesticides, l'imidaclopride, qui fait partie de trois néonicotinoïdes interdits temporairement - et pour certaines cultures - depuis le 1er décembre 2013 au niveau européen en raison de leurs effets sur la santé des abeilles.

Cette baisse coïncide avec l'utilisation croissante d'imidaclopride, substance chimique très utilisée dans le pays, souligne l'étude conduite par Caspar Hallmann, chercheur à l'université de Radboud à Nijmegen.

Les quantités utilisées de ce néonicotinoïde, autorisé en 1994 aux Pays-Bas, ont été quasiment multipliées par dix jusqu'en 2004, rapporte l'étude.

Privation de nourriture

Les chercheurs estiment que cet insecticide aurait pu avoir un effet négatif sur les oiseaux en les privant de nourriture. Les insectes constituent en effet une part importante du régime alimentaire des oiseaux en période de reproduction. Neuf des quinze espèces suivies par les chercheurs se nourrissent exclusivement d'insectes et l'ensemble des espèces en donnent à leurs jeunes pour les nourrir.

"Nos résultats suggèrent que l'impact des néonicotinoïdes dans l'environnement est même plus important que ce qui avait été rapporté dans le passé", soulignent les chercheurs.

Dans un commentaire publié dans Nature, Dave Goulson, biologiste à l'université britannique du Sussex, juge l'étude convaincante bien qu'elle ne se base que sur un lien de corrélation entre concentrations de pesticides et baisse des populations d'oiseaux sans établir formellement le lien de cause à effet entre les deux.

Seulement 5% de l'ingrédient actif du pesticide est absorbé par le végétal traitée, souligne-t-il. Une grande partie de la substance pénètre dans le sol et l'eau du sol, où elle peut persister des mois voire des années - cela peut prendre jusqu'à 1000 jours pour que la concentration diminue de moitié dans certains sols.

Une autre étude, publiée la veille, le 8 juillet, dans la revue anglaise Functional Ecology, présentait elle aussi des inquiétudes quant aux effets à long terme des insecticides néonicotinoïdes, cette fois sur les bourdons.

Les chercheurs, Nigel Raine, professeur à Guelph’s School of Environmental Sciences et Richard Gill de l'Imperial College London, ont employé la radio-identification, une méthode pour mémoriser et récupérer des données à distance en utilisant des marqueurs, appelés "radio-étiquettes", qui peuvent être collés, incorporés ou implantés dans des organismes vivants, pour comprendre les effets nocifs de ces pesticides sur 40 colonies de bourdons, pendant plus de 4 semaines.

En notant leur départ et retour au sein de la colonie, ainsi que la quantité de pollen récoltée, et de quelles fleurs, les chercheurs ont pu constater des conséquences déplorables. Les bourdons de colonies traitées par des pesticides réussissaient bien moins que les autres à butiner. Ces colonies envoyaient même plus de bourdons butiner afin de pallier le manque de pollen.

"Les abeilles doivent apprendre plein de choses sur leur environnement, dont la façon de récolter du pollen sur les fleurs", expose Raine. L'exposition à cette insecticide néonicotinoïde semble empêcher les abeilles d'être capable d'apprendre leurs compétences essentielles."

Le chercheur s'inquiète des conséquences sur la croissance et la survie des colonies de bourdons, d'autant plus que celles-ci contiennent bien moins de travailleuses que celles des abeilles.

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