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A Millersville près de Washington, la police "en 1ere ligne" contre les overdoses

A Millersville près de Washington, la police "en 1ere ligne" contre les overdoses

Quand il patrouille dans le comté Anne Arundel près de Baltimore (Maryland, est), le sergent Casey Stidham porte sur lui son pistolet, ses menottes, son pistolet taser et une dose de naloxone. En cas d'overdose à l'héroïne.

"Nous sommes en première ligne, et 24 heures par jour", dit à l'AFP le policier en passant lentement en voiture dans un quartier résidentiel de Millersville, à 50 km à l'est de Washington.

Malgré l'aspect tranquille des maisons blanches à porche, le sergent, comme tous les policiers des Etats-Unis, assiste à une spectaculaire recrudescence du nombre de drogués à l'héroïne, et donc des overdoses.

Selon l'agence officielle contre la dépendance (Samhsa), 669.000 personnes étaient héroïnomanes en 2012 aux Etats-Unis, soit le double par rapport à 2003, et les victimes sont de plus en plus jeunes.

Le ministre de la Justice Eric Holder a, en mars, parlé de "crise urgente de santé publique" en évoquant les morts par overdose, qui ont augmenté de 45% entre 2006 et 2010. Celle de l'acteur Philip Seymour Hoffman à New York en février avait mis en lumière ce problème croissant.

La police de New York a annoncé fin mai que 20.000 de ses équipiers allaient recevoir un kit de naloxone -- ou son nom de marque Narcan -- un antidote qui peut renverser l'effet d'une overdose d'opioïde.

C'est chose faite depuis le projet lancé en mars pour les quelque 450 policiers en patrouille du comté Anne Arundel.

"Nous avons été parmi les 22 premières forces de police" des Etats-Unis à avoir équipé les policiers susceptibles d'être appelés sur un cas d'overdose, indique le chef de la police du comté, Kevin Davis.

Car entre les fermes et les belles demeures historiques d'Annapolis, la capitale du Maryland, "nous en avons constaté à l'automne dernier un nombre impressionnant", ajoute-t-il.

"Et beaucoup en mouraient. On se retrouvait incapables de les sauver, littéralement en train de les regarder mourir quand un simple antidote était disponible", dit-il.

Il faut d'abord constater les symptômes, explique le sergent Stidham, lui-même infirmier formateur. Le drogué en overdose "est souvent moite, sa respiration se fait de plus en plus difficile et est sur le point de s'arrêter".

"Là, on prend notre naloxone", dit-il. "On casse une sorte d'ampoule à piston que l'on emboîte dans un embout nasal. Un millilitre de produit dans une narine, puis dans l'autre" et en trois à cinq minutes, le toxicomane "revient du pays des morts", dit-il.

En quelques semaines, trois vies ont été sauvées grâce à ce kit dont le maniement "très facile", s'apprend "en une demi-heure", dit-il.

En équiper la police "est une idée formidable", affirme Theodore Cicero, professeur de neuropharmacologie à la Washington University School de médecine de Saint-Louis (Missouri).

La naloxone, qui est sans danger, "neutralise les effets des opioïdes sur les récepteurs du cerveau qui commandent la respiration", dit-il, "elle peut ranimer quelqu'un très vite. Tous les premiers secours, dont la police, devraient l'avoir".

Une des raisons de la progression de la consommation de l'héroïne vient de la surconsommation de médicaments anti-douleur prescrits sans grande surveillance par le passé, explique Kevin Davis.

Des mesures pour en restreindre la délivrance "a fait que les +accros+ se sont tournés vers l'héroïne", dit-il.

De plus, "elle est plus pure et moins chère qu'avant", dit le Dr Marc Fishman, qui dirige le centre de soins pour jeunes drogués Mountain Manor à Baltimore, "on en est à 70%, 80% de pureté quand elle était à 5% il y a 30 ans".

Plus la drogue est pure, plus le manque se fait vite ressentir et plus la consommation augmente.

Dustin Hinz, 24 ans, avait 18 ans quand il a commencé à prendre de l'héroïne "qui a fichu en l'air (sa) vie".

Actuellement au Mountain Manor, il a alterné traitements et rechutes : "Je me shootais avant de me laver les dents", dit le jeune homme qui raconte avoir abandonné l'université, son travail, menti et volé pour payer la drogue.

"Rien n'était plus beau que quand j'avais l'argent pour me shooter. Rien d'autre ne comptait. Rien. Je dis bien rien. J'étais en paix totale, sans soucis, jusqu'au lendemain, quand je devais tout recommencer".

ff/rap/bap

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