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Ukraine: Moscou ne réagit guère face aux succès de Kiev qui menacent les rebelles

Ukraine: Moscou ne réagit guère face aux succès de Kiev qui menacent les rebelles

Moscou n'a pas réagi très vigoureusement face aux succès remportés par l'armée ukrainienne qui menace désormais les rebelles prorusses dans l'est du pays, provoquant des interrogations sur la poursuite de son soutien aux séparatistes.

"Tous maudissent Kiev, Porochenko (le président ukrainien)... et la Russie. Qui nous a donné espoir puis nous a abandonnés à la merci de l'opération punitive (ukrainienne)", écrivait sur son blog Igor Strelkov, chef militaire des rebelles, la veille de la chute de Slaviansk, place-forte des insurgés, tombée samedi aux mains des forces ukrainiennes.

"Elles étaient belles les paroles de Poutine sur la défense du peuple russe, de la Nouvelle Russie. Mais ce n'étaient que des paroles", a écrit de son côté sur son compte Twitter Denis Pouchiline, chef du "parlement" de la "République de Donetsk" proclamée par les séparatistes dans l'est de l'Ukraine.

Après la chute de Slaviansk et d'autres villes de moindre importance tenues par les rebelles, Moscou s'est contenté de lancer de nouveaux appels à la tenue de négociations.

Le site internet russe Znak affirmait cette semaine que la direction russe était partagée sur la politique à tenir en Ukraine: un "parti de la guerre", mené par le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine et le ministre de la défense Sergueï Choïgou, poussant à l'escalade du conflit, et une autre partie de la direction, en charge de l'économie, prônant une solution diplomatique.

D'un côté, certains responsables russes multiplient les déclarations guerrières.

M. Rogozine a regretté sur son compte Twitter de ne pas pouvoir se trouver dans les tranchées avec les insurgés qui combattent les troupes ukrainiennes. Et un conseiller du président Poutine, Sergueï Glaziev, a affirmé dans une interview au journal Zavtra que les rebelles "non seulement défendaient la population locale contre la junte nazie (de Kiev) mais défendaient aussi la Russie de l'agression américaine".

Députée à la Douma, Elena Mizoulina a déclaré sur une chaîne de la télévision d'Etat que les volontaires russes qui allaient se battre avec les rebelles dans l'est de l'Ukraine étaient "des hommes, des vrais".

Mais de l'autre côté, souligne l'experte indépendante Maria Lipman à Moscou, on observe que la télévision d'Etat russe a quelque peu baissé le ton après avoir vilipendé pendant plusieurs mois la "junte de Kiev" accusée de procéder à un "nettoyage ethnique" contre les Russes en Ukraine.

Les leaders séparatistes de l'est de l'Ukraine ont à plusieurs reprises demandé l'aide de Moscou, militaire ou diplomatique, sous forme d'envoi de troupes d'interposition dans l'est de l'Ukraine.

Le président Vladimir Poutine "s'efforce d'éviter une intervention de ses troupes (en Ukraine). Mais cela ne signifie pas qu'il est prêt à reculer et laisser l'Ukraine agir comme elle veut. Il dispose d'autres moyens de pression", estime l'analyste Maria Lipman à Moscou.

Depuis le début du conflit, les Occidentaux et Kiev accusent Moscou de fournir de l'armement aux insurgés et d'envoyer à leurs côtés des hommes des services secrets et des volontaires.

A Kiev, l'analyste Volodymyr Fessenko, ne croit pas trop à une intervention de l'armée russe pour venir en aide aux rebelles: "Le risque existe, mais je l'estime à 15 ou 20%. Le plus probable est que Moscou ne se lance pas dans un tel scénario mais aide les séparatistes avec des armes. Peut-être qu'ils vont recevoir plus d'armes lourdes, de blindés et d'artillerie".

"Poutine ne renonce pas à l'idée de déstabiliser l'Ukraine. Il veut des négociations sur le statut de l'Ukraine, c'est pourquoi il n'a pas fait entrer ses troupes dans l'est de l'Ukraine, pour ne pas se brouiller définitivement avec les Occidentaux", estime de son côté Stanislav Belkovski, de l'Institut pour une stratégie nationale, à Moscou.

or-nm/neo/jeb

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