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Présidentielle afghane : Ghani devance largement Abdullah, selon les premiers résultats

Présidentielle afghane : Ghani devance largement Abdullah, selon les premiers résultats

L'économiste Ashraf Ghani devance nettement son rival Abdullah Abdullah avec 56,4% des voix au second tour de la présidentielle afghane, selon les résultats provisoires publiés lundi par la commission électorale.

Cette annonce, plusieurs fois retardée, n'a pas dissipé la confusion qui règne autour du scrutin. M. Abdullah, arrivé largement en tête à l'issue du premier tour, refuse de reconnaître ces résultats sans un examen plus approfondi des fraudes susceptibles de lui voler la victoire.

Les chiffres annoncés ne sont pas "définitifs", a toutefois averti le président de la Commission électorale indépendante (IEC), Ahmad Yusuf Nuristani, en rendant publics les résultats.

"Cela ne désigne pas le gagnant" de l'élection, car il reste l'étape de l'examen des plaintes à propos du scrutin, qui doit être menée par la Commission des plaintes (ECC), a-t-il dit en ajoutant que le travail de l'IEC était terminé.

Selon l'IEC, plus de huit millions de suffrages ont été enregistrés au deuxième tour du 14 juin, soit beaucoup plus qu'au premier tour où l'on en comptait environ six millions alors que 13,5 millions d'électeurs avaient été appelés à se prononcer.

Ce chiffre élevé pourrait nourrir des accusations de fraudes massives dans le camp Abdullah. Un porte-parole de ce dernier, Javed Faisal, a d'ailleurs expliqué à l'AFP lundi soir que le problème de la participation ferait partie des principaux questionnements de l'équipe de M. Abdullah dans les jours à venir.

La réaction officielle de M. Abdullah n'avait pu être obtenue lundi soir.

De son côté, la porte-parole du camp Ghani, Azita Rafat, s'est gardé de tout triomphalisme lundi soir en assurant à l'AFP : "Nous nous réjouissons de la publication des résultats préliminaires par la commission. Nous avons travaillé d'arrache-pied (...). Mais nous ne pouvons pas préjuger du résultat final que nous accepterons quel qu'il soit après l'examen des plaintes".

Les partisans de M. Ghani n'ont pas caché leur joie, dansant dans la rue à Kaboul ou encore à Kandahar. Dans la capitale, des coups de feu de célébration ont été entendus dans la nuit.

Certains observateurs, dont l'ONU, craignent qu'une impasse politique ne dégénère en tensions voire en violences communautaires, au moment où les troupes de l'Otan se préparent à quitter le pays en fin d'année, laissant derrière eux une insurrection des talibans toujours active.

A Washington, Jennifer Psaki, porte-parole du département d'Etat, a réagi dans un communiqué lundi réclamant "une enquête exhaustive et approfondie au sujet d'accusations concernant des irrégularités". Mme Psaki a insisté sur l'importance d'une acceptation du nouveau président "en Afghanistan et à l'étranger".

M. Nuristani a reconnu l'existence de fraudes dans le scrutin. "L'IEC admet qu'en dépit des meilleurs efforts pour une élection meilleure, il y a eu des erreurs techniques et des lacunes dans le processus", a-t-il dit.

"Dans certains cas, des forces de sécurité ont été impliquées", a-t-il aussi estimé.

M. Nuristani a ajouté que 62,3% des électeurs au second tour avaient été des hommes, et 37,6% des femmes.

L'annonce des résultats est intervenue avec cinq heures de retard, après que les responsables de l'IEC eurent passé une partie de l'après-midi "en réunion à huis clos".

Des discussions ont également eu lieu entre les deux camps, sous la houlette de la mission des Nations unies en Afghanistan (Unama).

Depuis le second tour, M. Abdullah dénonce des bourrages d'urnes massifs au profit de M. Ghani, qui a de son côté rejeté en bloc ces accusations et revendique une victoire "dans les règles".

La publication des résultats, initialement prévue le 2 juillet, avait été reportée de cinq jours afin de permettre de vérifier les chiffres dans 1.930 bureaux de vote, où des soupçons de fraude ont été signalés.

A la dernière présidentielle, en 2009, M. Abdullah avait jeté l'éponge avant le second tour en dénonçant déjà des fraudes massives en faveur de son adversaire Hamid Karzaï, qui fut ainsi automatiquement réélu.

Il était cette fois décidé à ne pas laisser la victoire de facto à son adversaire, réclamant, avec l'appui d'une partie de la communauté internationale, un "audit exhaustif" de la fraude.

Au premier tour le 5 avril, M. Abdullah avait obtenu 45% des voix contre 31,6% à M. Ghani, endossant le statut de favori de ce scrutin devant donner au pays un successeur à Hamid Karzaï, qui l'a dirigé depuis la chute des talibans à la fin 2001.

En cas d'impasse persistante, certains observateurs craignent un regain de tensions entre les Tadjiks majoritaires dans le nord, bastion des partisans de M. Abdullah, et les Pachtouns dans le sud et l'est, ethnie de M. Ghani.

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