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Les premiers résultats de la présidentielle afghane attendus avec anxiété

Les premiers résultats de la présidentielle afghane attendus avec anxiété

Les autorités afghanes tardaient lundi à publier les premiers résultats de l'élection présidentielle, dans un contexte d'anxiété nourrie par le refus du candidat Abdullah Abdullah de les reconnaître en raison des soupçons de fraudes.

Certains observateurs, dont l'ONU, craignent qu'une impasse dans le processus électoral ne dégénère en tensions voire en violences communautaires, au moment délicat où les troupes de l'Otan se préparent à quitter le pays en fin d'année.

La commission électorale indépendante (IEC) a confirmé lundi matin que les résultats du second tour de l'élection seraient rendus public dans la journée lors d'une conférence de presse fixée à 14H00 (09H30 GMT).

Mais vers 11H00 GMT, la rencontre avec la presse n'avait pas encore commencé et selon une source proche de la commission, les responsables de l'IEC étaient "en réunion à huis-clos".

M. Abdullah, qui était arrivé largement en tête au premier tour, a d'ores et déjà annoncé qu'il refuserait les résultats du second tour dans l'état actuel des choses.

Depuis le lendemain de ce vote, le 14 juin, il dénonce des bourrages d'urnes massifs au profit de son rival Ashraf Ghani, qui a de son côté rejeté en bloc ces accusations et revendique une victoire "dans les règles".

La publication des résultats, initialement prévue le 2 juillet, avait été reportée de cinq jours la semaine dernière afin de permettre de vérifier les chiffres dans 1.930 des quelque 23.000 bureaux de vote, où des soupçons de fraude ont été signalés.

Mais pour M. Abdullah, ce chiffre n'est pas suffisant au regard de l'étendue de la fraude qu'il dénonce. "Tant que les votes honnêtes ne sont pas séparés des votes frauduleux, nous n'accepterons pas ces résultats", a-t-il répété dimanche soir avec force lors d'une conférence de presse à Kaboul.

Le candidat mécontent avait déjà jeté l'éponge avant le second tour de la dernière présidentielle, en 2009, dénonçant déjà des fraude massives en faveur de son adversaire Hamid Karzaï, qui fut ainsi automatiquement réélu.

Cette fois-ci, M. Abdullah a décidé de ne pas se retirer et de ne pas laisser la victoire de facto à son adversaire. Il réclame, avec l'appui d'une partie de la communauté internationale, un "audit exhaustif" de la fraude.

Dimanche, l'influent sénateur américain Carl Levin a estimé, lors d'une conférence de presse à Kaboul, qu'un "accord sur un audit complet" allait être annoncé par MM. Ghani et Abdullah. Mais lundi matin, aucun signe d'une telle entente n'était perceptible.

De son côté, la mission des Nations unies en Afghanistan (Unama) a mis en garde à plusieurs reprises contre une montée des tensions. Les manifestations antifraude, menées essentiellement par les partisans de M. Abdullah, ont toutefois été plutôt pacifiques jusqu'ici.

Au premier tour le 5 avril, M. Abdullah était arrivé largement en tête avec 45% des voix contre 31,6% à M. Ghani, endossant le statut de favori de ce scrutin qui doit donner au pays un successeur à Hamid Karzaï, seul homme à l'avoir dirigé depuis la chute des talibans à la fin 2001.

Le ton est monté ces derniers jours entre les partisans des deux candidats, notamment sur les réseaux sociaux. Mais dimanche, le gouvernement afghan a rejeté les appels lancés par certains responsables politiques qui voulaient interdire Facebook le temps de l'élection pour ne pas attiser les tensions.

En cas d'impasse politique persistante, certains observateurs craignent un regain de tensions entre les Tadjiks majoritaires dans le nord, bastion des partisans de M. Abdullah, et les Pachtounes dans le sud et l'est, ethnie de M. Ghani. Un scénario qui ferait ressurgir les fantômes de la sanglante guerre civile de 1992-1996 qui avait précédé la prise du pouvoir par les talibans.

Or le pays aborde une période délicate avec le retrait prévu en fin d'année de la force de l'Otan qui soutient depuis plus de 10 ans son fragile gouvernement face à la tenace rébellion menée par les talibans, toujours très actifs.

Après les résultats préliminaires du second tour, un délai de quelques jours est prévu pour examiner des plaintes, avant l'annonce des résultats définitifs le 24 juillet.

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