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Les défis économiques du prochain président de l'Indonésie, géant d'Asie

Les défis économiques du prochain président de l'Indonésie, géant d'Asie

Le futur président de l'Indonésie sera confronté à de grands défis pour maintenir la croissance de la première économie d'Asie du Sud-Est, en particulier réduire les coûteuses subventions pour l'essence, augmenter l'aide aux millions de pauvres et rénover des infrastructures vieillissantes.

Les deux candidats au scrutin de mercredi, le gouverneur de Jakarta Joko Widodo, surnommé Jokowi, et l'ex-général Prabowo Subianto, ont multiplié les promesses pendant la campagne électorale, mais le vainqueur devra agir vite et prendre des mesures impopulaires, soulignent des experts.

Nouveau venu sur la scène politique nationale, Jokowi, qui a échappé pour le moment à tout scandale de corruption dans un pays gangrené par ce fléau, est considéré comme le candidat préféré des marchés. Par contraste, son seul rival, l'ex-général Prabowo Subianto est associé au régime de l'ex-dictateur Suharto dont il fut l'ancien gendre, et sa rhétorique nationaliste inquiète de nombreux investisseurs étrangers.

Quelle que soit l'issue du scrutin, "le nouveau président va hériter d'immenses problèmes et devoir s'atteler à la tâche" au lendemain de son élection, déclare à l'AFP l'économiste Latif Adam, de l'Institut indonésien des sciences.

L'économie indonésienne a enregistré au cours de la dernière décennie une hausse du Produit intérieur brut (PIB) en rythme annuel de quelque 6%, mais le ralentissement mondial de l'activité s'est répercuté sur l'archipel, qui a affiché au premier semestre la progression du PIB la plus faible depuis 2009 (5,21% en rythme annuel).

Première mesure à prendre, réduire le montant des subventions pour l'essence -- dont le prix en Indonésie est l'un des plus bas en Asie -- qui représentent plus de 20% du bugdet de l'Etat, avertissent les experts.

Le gouvernement du président sortant Susilo Bambang Yudhoyono a procédé à des réductions limitées de ces aides pendant ses dix années de pouvoir, mais renoncé à des réformes radicales face à la grogne de la population d'un pays où 100 millions de personnes - environ 40% de la population -- vivent avec moins de deux dollars par jour.

En conséquence, "le nouveau président disposera dès le premier jour de fonds très limités pour les ministères et les organes du gouvernement, dans la mesure où l'argent a été utilisé pour augmenter les subventions pour l'essence", explique à l'AFP le chef économiste de la Bank Central Asia, David Sumual.

Les deux candidats à la présidentielle ont promis de réduire ces subventions qui permettront de dégager des fonds pour d'autres mesures importantes, notamment l'accroissement de l'aide aux plus démunis et la construction de routes, ports et aéroports dans cet archipel de 17.000 îles et îlots.

La Banque mondiale estime que le piètre état des infrastructures, qui ralentit considérablement les déplacements et le transport de marchandises, a coûté au pays environ un point de croissance par an au cours des dernières années.

Autre défi pour le futur chef de l'Etat, la lutte contre la corruption endémique, en particulier chez les fonctionnaires et dans la classe dirigeante.

"La corruption a coûté cher à l'économie", a déclaré à l'AFP le président de l'association des employeurs indonésiens, Sofjan Wanandi, ajoutant que ce fléau touchait "la plupart des sphères de la bureaucratie".

Outre la lutte contre la corruption, le nouveau président aura aussi la délicate tâche de maintenir l'attractivité du pays pour les investisseurs étrangers tout en tenant compte des appels à des mesures protectionnistes. Cela a été le cas en début d'année avec l'introduction d'une nouvelle réglementation interdisant partiellement les exportations de certains minerais dont regorge le pays, une mesure qui a affecté des groupes étrangers.

Au cours de la campagne, les deux candidats ont rivalisé de propositions choc pour entraver les sociétés étrangères et contrôler davantage le secteur des riches ressources naturelles, provoquant l'inquiétude de nombreux acteurs étrangers.

Compte tenu des défis économiques qui l'attendent, le prochain président devra entreprendre rapidement de douloureuses réformes: "Il n'y aura pas d'état de grâce", prévient M. Adam.

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