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Les "bases de repos" de la mer d'Azov, asile des déplacés ukrainiens

Les "bases de repos" de la mer d'Azov, asile des déplacés ukrainiens

"On s'est terré dans le sous-sol, mais quand ça a commencé à exploser près de la maison, que le garage et une maison proche ont été détruits, on a pris quelques affaires et nos papiers et on est partis en courant".

Valentina tremble encore en se remémorant sa fuite de Slaviansk, une des villes symboles de la rébellion prorusse dans l'est de l'Ukraine. Cette retraitée, qui n'a pas touché de pension depuis deux mois, est venue se réfugier à Sedovié, petite station balnéaire de la mer d'Azov (bordée par le sud-est ukrainien, la Russie et la péninsule ukrainienne de Crimée rattachée à Moscou en mars au terme d'un référendum non reconnu par Kiev et les Occidentaux).

Ils sont un millier -dont un quart d'enfants- comme elle, habitants des zones où Kiev a lancé ses forces dans une "opération antiterroriste", à avoir trouvé refuge dans les "bases de repos" de la région de Novoazovsk, à peu près désertées par les habituels touristes en raison de la crise.

Avec son mari, "très malade", Valentina occupe un petit studio avec salle de bains et balconnet à la pension Bourevestnik (Pétrel), établissement quelque peu défraichi non loin de la plage, qui comptait 440 places sur 4,5 hectares au temps de sa splendeur. Il accueille aujourd'hui une cinquantaine de déplacés, pour à peine 40 vacanciers.

Du linge sèche au fenêtres, dans une des chambres une femme fait la popote sur un petit réchaud électrique posé sur un frigo, d'autres font cercle à l'ombre d'un pin parasol, échangeant les nouvelles. Des enfants jouent sur un tourniquet.

L'hébergement est gratuit, la municipalité fait jouer la solidarité des établissements, dont bon nombre appartiennent encore à des entreprises, comme à l'époque soviétique.

"Chaque jour il arrive une quarantaine ou une cinquantaine de nouveaux" déplacés, explique Oleg Sidorenko, chef de l'administration locale de Novoazovsk. "Nous organisons l'aide, avec la population, des associations, des entreprises, mais aujourd'hui la situation devient difficile".

"Pourvu que tout soit fini avant la rentrée. Mais je ne vois pas comment régler ce problème, alors nous travaillons déjà pour que les enfants puissent aller à l'école", poursuit-il.

Mais un problème encore plus urgent risque de se poser en septembre, mois où l'eau et l'électricité sont habituellement coupées dans ces bases de loisirs conçues pour l'été et dépourvues de tout chauffage.

Sur le millier de déplacés actuellement recensés, environ un quart sont logés chez l'habitant, explique Alexandre Zagrebilny, président d'une coordination d'associations locales qui leur vient en aide. S'ils ne peuvent rentrer chez eux, il faudra d'ici à l'automne trouver une solution pour les autres.

Dans la réserve mise à disposition par l'administration locale s'entassent cartons de nourriture, bouteilles d'huile, produits de toilette, couches pour enfants, un landau, des plaques chauffantes, une vieille télé, etc.

"Pour l'instant, nous ne manquons de rien", grâce notamment aux dons des particuliers, se félicite M. Zagrebilny. Il tient à jour la liste des déplacés dans chaque "base de repos" pour organiser les distributions, ainsi que celle des disponibilités d'hébergement pour les nouveaux arrivants.

Car le flot ne tarit pas. Katia, qui vient d'arriver, avait "entendu dire qu'il y avait de la place ici" quand elle a décidé de fuir Slaviansk après "environ 10 heures dans la cave avec les enfants".

Et si elle remercie abondamment la population locale pour son soutien, Katia craint déjà que le provisoire ne dure. Car à Slaviansk, sa maison était située près d'un bâtiment occupé par les forces séparatistes. "Je pense que tout est détruit, je ne vois pas comment on va rentrer".

so/via/glr

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