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Birmanie: la jeune génération pro-Suu Kyi veut faire entendre sa voix

Birmanie: la jeune génération pro-Suu Kyi veut faire entendre sa voix

En Birmanie, Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, a été appelée samedi à rajeunir les instances de son parti, à l'approche des législatives de 2015, par une nouvelle génération soucieuse de faire entendre sa voix.

"Je devine que certains jeunes pensent que c'est leur tour de prendre leur place, en se demandant si les anciens quitteront leurs fonctions", a déclaré Suu Kyi, 69 ans, lors d'une conférence inédite consacrée à l'organisation de jeunesse de son parti, la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND).

"Vous devez penser au fait que ces anciens ont dû se battre pendant longtemps pour assurer la survie de la LND", a-t-elle tempéré, alors que le parti a été fondé après la répression du soulèvement populaire de 1988 par la junte militaire alors au pouvoir.

Maung Maung Oo, un des organisateurs de ce rassemblement samedi de quelque 150 membres du parti âgés de 16 à 35 ans, l'a justifié par une volonté de "promouvoir une nouvelle génération de leaders".

"Non seulement notre parti, mais le pays tout entier est face à un fossé générationnel", a-t-il précisé à l'AFP.

Les jeunes militants ont longtemps été aux avant-postes de décennies de résistance à la junte militaire, dissoute en 2011.

Mais aujourd'hui, restent à conquérir les instances dirigeantes des partis et les sièges de députés, dans un pays où le respect dû aux anciens reste une valeur forte.

Les cadres de la LND sont pour la plupart des activistes dans la soixantaine, surnommés "les oncles", et le parti n'a pas procédé jusqu'ici à des changements significatifs.

"La voix de la jeunesse dans le parti reste faible", déplore Yazar, membre de la LND de 37 ans.

"Je ne suis pas satisfait de la structure actuelle, qui manque d'un véritable comité exécutif central", ajoute-t-il, s'en remettant à Aung San Suu Kyi, de qui "tout dépend".

Mais la nouvelle génération reconnaît aussi avoir besoin de l'expérience des plus anciens.

"Nous, les jeunes, avons encore besoin d'apprendre de nombreuses choses pour l'avenir de la Birmanie... Nous avons de bonnes choses à apprendre des anciens", reconnaît Okkar Min, 29 ans, diplômé de la ville de Myeik (sud).

Le président Thein Sein, ancien général dont les réformes effectuées depuis 2011 ont été largement saluées, a fait libérer les prisonniers politiques, mis fin à la censure directe des médias et a permis l'entrée de l'opposition au Parlement.

Aung San Suu Kyi, après avoir passé 15 ans en résidence surveillée, a été élue députée aux législatives partielles de 2012, gagnées haut-la-main par son parti. Celui-ci est donné largement victorieux au scrutin de 2015, si les élections sont libres.

Suu Kyi ne cache pas ses ambitions de devenir présidente en cas de victoire aux législatives de 2015. Mais ses appels à modifier la Constitution (qui l'empêche d'accéder à la présidence, ayant épousé un étranger et ayant des enfants de nationalité autre que birmane) n'ont pas encore eu d'effet.

"Nous allons devoir travailler pour remporter une victoire écrasante", a ajouté Suu Kyi samedi devant les jeunes membres de son parti.

Mais "le plus important, c'est que nous devons penser à la prochaine génération", a-t-elle promis.

Certains experts mettent en doute la capacité de la LND à prendre la direction du pays, laissé exsangue par des décennies de junte et où tout reste à construire, des infrastructures aux systèmes de santé ou d'éducation.

La LND a perdu en avril une de ses figures tutélaires, Win Tin, à l'âge de 84 ans, défenseur de la démocratie qui était le prisonnier politique à avoir passé le plus d'années en prison sous la junte.

"A l'avenir, que cela plaise ou non aux jeunes et aux anciens, les jeunes devront prendre leur place", a ajouté Suu Kyi samedi.

"Les anciens vont peu à peu disparaître naturellement. Les jeunes deviendront les anciens, ne l'oubliez pas", a-t-elle mis en garde.

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