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Transparence du secteur minier : la RDC progresse mais à encore du chemin à faire

Transparence du secteur minier : la RDC progresse mais à encore du chemin à faire

La République démocratique du Congo a fait reconnaître ses progrès en matière de gouvernance du secteur minier mais il lui reste encore beaucoup à faire avant que les ressources extraites de son sous-sol contribuent pleinement aux recettes fiscales et au bien commun de la population.

Le pays vient d'être admis comme le 29e "membre à part entière" de l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE), coalition d'Etats, d'ONG, de grandes multinationales minières et d'organisations internationales comme le Fonds monétaire international ou la Commission européenne.

"Les efforts maintenus du gouvernement [...] ont porté leurs fruits", s'est réjoui jeudi le Premier ministre congolais Augustin Matata Ponyo en annonçant la nouvelle sur Twitter.

Dans un communiqué, l'ITIE indique que la RDC est "désormais +conforme+ à la norme mondiale de transparence de l'ITIE" .

La RDC était candidate à l'ITIE depuis 2008, mais son processus d'adhésion avait été suspendu pour un an en avril 2013, l'Initiative ayant alors reproché à Kinshasa de ne pas satisfaire à ses exigences sur un certain nombre de points.

Ces questions ont été résolues, indique l'ITIE, pour qui "la RDC a fait preuve d'un degré d'engagement tout à fait remarquable à l'égard du processus".

"La conformité à l'ITIE ne signifie pas que les ressources naturelles d'un pays sont gérées de manière parfaite, mais que le pays dispose d'un processus de base qui est efficace et qui permet un débat bien informé", ajoute cependant l'ITIE, dont le but, selon ses propres termes, est d'établir une norme de responsabilité "à l'échelle mondiale qui promeut la transparence des revenus à un niveau local"

Soulignant la nécessité de poursuivre les réformes pour améliorer encore les choses, l'organisation avertit que "le pays aura besoin d'une volonté politique soutenue pour progresser sur cette bonne voie".

Le secteur minier congolais a été pillé pendant des années au profit du clan du dictateur Mobutu Sese Seko, jusqu'à sa chute en 1997.

Après l'arrivée au pouvoir du président actuel, Joseph Kabila, en 2001, nombre de mines particulièrement bien dotées du pays ont été bradées à des investisseurs privés au gré des besoin de financement de l'Etat congolais ou des accointances du pouvoir, dans des conditions dénoncées comme opaques, clientéliste ou particulièrement léonines par de nombreuses associations ou institutions, comme le FMI et la Banque mondiale.

Aujourd'hui encore, de nombreuses voix au sein de la société civile congolaise dénoncent comme un scandale ce qu'ils perçoivent comme la captation de l'extraordinaire richesse minière du pays par une élite politico-économique ou des groupes armés, parfois en parfaite connivence, aux dépens d'une population dont les deux tiers vivent dans une misère extrême.

Membre de l'ITIE, l'ONG Global Witness estime que l'Initiative a "amélioré la transparence sur les versements" des entreprises minières en RDC mais qu'il faut désormais "que soient publiés les noms des véritables propriétaires des mines du pays", allusion au fait que nombre d'entreprises du secteur seraient en fait des sociétés écran.

Selon l'institut d'études géologiques du gouvernement américain (USGS), la RDC est le premier producteur de cobalt, un métal particulièrement recherché dans les industries de pointe comme l'aérospatiale, dont il dispose aussi des plus importantes réserves. De même source, le Congo était en 2013 le deuxième producteur mondial de diamants, le troisième de tantale, et se classait dans les dix premiers pour le cuivre et l'étain.

Le pays dispose aussi d'importantes mines d'or, d'argent, de nickel, d'uranium et de zinc. Selon des sources industrielles à Kinshasa, on estime que 90% de la production d'or, qui a été relancée en 2013 par l'ouverture d'une des plus grandes mines d'Afrique, échappe encore au contrôle des autorités.

mj/de

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