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Meurtri par la guerre, le Soudan du Sud menacé de famine

Meurtri par la guerre, le Soudan du Sud menacé de famine

Le Soudan du Sud, déchiré par une guerre civile depuis fin 2013, risque d'être frappé par la famine dans les toutes prochaines semaines si une aide massive n'est pas mobilisée, ont alerté jeudi des agences humanitaires.

Alors que le plus jeune Etat du monde s'apprête à fêter la semaine prochaine ses trois ans d'existence, ses habitants, déjà meurtris par les combats et les massacres ethniques, font face à un nouveau fléau: la faim.

"Si le conflit au Soudan du Sud continue et que l'aide n'augmente pas, alors il est probable que d'ici août certaines régions du Soudan du Sud sombreront dans la famine", a affirmé dans un communiqué le Comité d'urgence britannique pour les catastrophes (DEC), qui chapeaute 13 ONG.

Des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes ont été tuées et plus de 1,5 million de personnes ont été déplacées depuis que la guerre a éclaté à la mi-décembre 2013 dans le pays.

L'ONU ne dispose pour l'instant que de 40% des fonds nécessaires pour l'aide humanitaire: il manque encore plus d'un milliard de dollars (760 millions d'euros).

"Des millions de personnes font face à une crise alimentaire extrême", a averti le responsable de la coalition DEC, Saleh Saeed.

La saison des pluies vient de commencer. Selon les experts de l'ONU, les précipitations devraient être cette année dans la moyenne ou légèrement en-dessous. La crise alimentaire est provoquée par les combats et leurs répercussions, notamment sur les activités agricoles, non par des conditions climatiques extrêmes.

Le Comité d'urgence britannique pour les catastrophes, qui compte notamment Oxfam et Save the Children, "a moins de la moitié de l'argent nécessaire pour aider à empêcher que la crise alimentaire qui se développe au Soudan du Sud ne vire à la catastrophe", a souligné M. Saeed.

Les combats entre l'armée loyale au président Salva Kiir et les troupes du chef rebelle Riek Machar se sont accompagnés de massacres et d'exactions contre les civils sur des bases ethniques.

Les belligérants ont conclu le 10 juin un troisième accord de cessez-le-feu et se sont engagés à former un gouvernement de transition dans les 60 jours, mais les discussions de paix sont à l'arrêt et les combats continuent.

"Même si les agences humanitaires font tous les efforts possibles pour augmenter la distribution de l'aide, l'accès reste limité par les combats et le début de la saison des pluies qui a transformé bien des rues non pavées en rivières de boue", a alerté la coalition DEC.

La situation n'a jamais été aussi grave, même durant les deux décennies de guerre qui ont conduit en 2011 à l'indépendance du Soudan du Sud, a averti cette semaine Médecins sans frontières (MSF).

Plus de 100.000 civils ayant fui les violences s'entassent dans des camps de l'ONU à travers le pays, et le flot ne cesse pas.

"Il y a tellement de maladies, parce que nous vivons à même la terre, et qu'il y a la pluie", a déclaré à l'AFP Abraham Tut Mayak qui, comme plusieurs milliers de déplacés, vit sous un abri dans la base de l'ONU à Juba.

Il y a déjà "des signes alarmants" de malnutrition, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui a commencé récemment à larguer de l'aide alimentaire par voie aérienne.

Beaucoup de déplacés, qui s'étaient réfugiés dans les camps de l'ONU en espérant y trouver un abri provisoire, ne veulent désormais pas en partir, de crainte de violences.

Le centre de réflexion américain Fund for Peace a placé le Soudan du Sud en tête de son classement des Etats les plus fragiles, juste devant la Somalie, pourtant livrée au chaos depuis plus de deux décennies. Selon lui, ni les rebelles ni le gouvernement ne semblent "avoir l'impression de +perdre+ et de devoir déposer les armes".

ayv-pjm/tmo/de

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