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La Grèce mise à son tour sur plus de souplesse budgétaire en Europe

La Grèce mise à son tour sur plus de souplesse budgétaire en Europe

Corsetée par une stricte politique d'austérité depuis quatre ans, la Grèce semble vouloir à son tour se desserrer la ceinture en misant sur une application plus souple du pacte de stabilité européen.

Plusieurs décisions judiciaires donnant gain de cause aux recours de certaines catégories de fonctionnaires contre le rabotage de leurs salaires et retraites en 2012, viennent ainsi d'entraîner le vote d'amendements législatifs prévoyant leur rétablissement au montant antérieur.

Le puissant corps des magistrats a été le premier à en bénéficier et sera suivi par ceux des militaires, policiers et pompiers, assure le gouvernement de coalition droite-socialistes dirigé par le conservateur Antonis Samaras.

Les tribunaux sont à présent débordés par les recours des universitaires, médecins, diplomates ou femmes de ménage, victimes comme tout le secteur public de baisses salariales drastiques, imposées par la troïka des créanciers du pays, UE, BCE et FMI, pour réduire les dépenses publiques.

"Ces jugements envoient un message à Bruxelles et posent les limites de la politique d'austérité dans une société étouffée", déclare à l'AFP Panayiotis Petrakis, professeur d'Economie à l'université d'Athènes.

Rappelant le rejet judiciaire récent de nombreuses mesures d'austérité au Portugal, pays du sud soumis également à un plan d'économies sévère, M. Petrakis souligne que cette évolution répercute les contradictions "de politiques qui conduisent à la récession et l'explosion du chômage".

Toutefois, la presse s'inquiète que "la boîte de Pandore" s'ouvre avec des recours massifs de l'ensemble des salariés.

"Des +mines+ judiciaires" titrait dimanche le quotidien libéral Kathimerini en chiffrant le coût du rétablissement des salaires amputés "à un milliard d'euros".

Un nouveau casse-tête pour le gouvernement qui va accueillir la semaine prochaine à Athènes les représentants de la troïka pour l'audit régulier des comptes grecs avant le versement de la dernière tranche de prêts, près de 2 milliards d'euros.

Depuis l'éclosion de la crise de la dette en 2010, Athènes a bénéficié de 240 milliards de lignes de crédit.

Les observateurs soulignent que l'excédent budgétaire de 1,5 milliard d'euros réalisé en 2013, soit 0,8% du PIB (si on n'inclut pas le service de la dette ou le soutien aux banques), devrait servir pour payer le coût de rétablissement des salaires.

Pour Georges Pagoulatos, professeur à la faculté d'économie d'Athènes, "ce coût est gérable". Il n'a pas toutefois exclu l'éventualité "de nouvelles économies" dans le public.

Un pressentiment partagé par la centrale syndicale du public Adedy, qui a déjà annoncé une nouvelle grève de 24 heures le 9 juillet.

Tablant sur une reprise de l'économie fin 2014, M. Samaras a aussi promis l'allègement des impôts pour compenser "les sacrifices du peuple grec".

"Il y a une certaine discussion à la fois sur l'assouplissement, la révision du pacte de stabilité et la nécessité de mettre l'accent sur la croissance", a avoué le Premier ministre à Bruxelles vendredi à l'issue du sommet européen.

Athènes vient de passer le relais de la présidence européenne semestrielle à l'Italie, pays aussi du sud de l'Europe, qui prône également plus de croissance et moins de rigueur.

Le Premier ministre italien, Matteo Renzi, s'est dit prêt "à utiliser la marge de flexibilité qui existe" dans le pacte de stabilité.

Lors du sommet européen, l'Italie a estimé avoir marqué des points en obtenant de l'Allemagne, gendarme de la discipline budgétaire, son blanc seing sur un document qui accepte une lecture plus souple du pacte.

"Les programmes d'austérité ont conduit à une impasse et la justice dicte actuellement la politique économique", résume M. Petrakis.

Toutefois, pour Gabriel Colletis, professeur d'économie à l'université de Toulouse, en Grèce "le timing de cette relâche est électoraliste".

Des élections anticipées pourraient en effet avoir lieu en Grèce en 2015 et les conservateurs s'inquiètent après la victoire du parti de Gauche radicale Syriza, fervent opposant de la politique de rigueur.

Dimanche, M. Samaras a semblé avoir compris le message, en estimant que "les citoyens européens ont voté pour une meilleure Union et ont tourné le dos à l'Europe des statistiques, de la bureaucratie et d'une économie à sens unique".

hec/od/pt

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