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Indonésie: calomnies et coups bas animent la campagne présidentielle

Indonésie: calomnies et coups bas animent la campagne présidentielle

"Psychopathe! Communiste!": la calomnie et les coups bas abondent dans la campagne présidentielle en Indonésie, alors que la course s'annonce serrée entre les deux candidats à moins d'une semaine du scrutin dans ce pays d'Asie du Sud-Est.

Les équipes des deux prétendants au trône, le réformateur Joko Widodo et l'ex-général controversé Prabowo Subianto, rivalisent de coups bas pour tenter de contrôler les affirmations les plus fantaisistes circulant dans certains médias et sur les réseaux sociaux très populaires dans la troisième plus grande démocratie au monde.

Prabowo a ainsi été qualifié de "psychopathe". Une vidéo diffusée sur YouTube montre l'impétueux général en train de frapper une personne lors d'une manifestation électorale. Ce clip qui a toutes les apparences d'un document falsifié s'est largement répandu sur la Toile.

La semaine dernière, un haut responsable de l'équipe de campagne de Prabowo a écrit sur son compte Twitter que Joko Widodo, appelé aussi Jokowi, était un communiste, tentant ainsi de faire ressurgir les peurs de la guerre froide, marquée en Indonésie par le massacre de plusieurs millions de personnes lors de la répression anticommuniste des années 1960. Une calomnie tournée en dérision comme d'autres allégations selon lesquelles Jokowi était un chrétien chinois, dans le plus grand pays musulman au monde.

Mais le flot de fausses accusations et de rumeurs semblent avoir eu un impact non négligeable dans les sondages, où la longue avance de Jokowi il y a quelques mois encore a quasiment fondu avant le scrutin du 9 juillet.

S'il est difficile d'établir qui sont les auteurs de calomnies et rumeurs, Jokowi n'en reste pas moins le grand perdant, à en croire un sondage réalisé par l'institut Indikator Politik Indonesia auprès de plus de 3.000 personnes.

La popularité de Jokowi s'est érodée depuis la propagation de la rumeur selon laquelle ce dernier était un chrétien chinois, 17% des sondés déclarant l'avoir entendue et 37% indiquant y croire.

Cette campagne de dénigrement s'est répandue avant tout via un nouveau journal à sensation, Obor Rakyat (Le Flambeau du Peuple), distribué dans des internats islamiques et des mosquées de Java, la plus grande île du pays regroupant près de la moitié des quelque 190 millions d'électeurs.

Le Conseil de la presse indonésienne a critiqué Obor Rakyat pour le non-respect des règles de base du journalisme et estimé qu'il ne pouvait pas être considéré comme un journal digne de ce nom.

"Ces rumeurs selon lesquelles Jokowi est chrétien ou chinois sont complètement ridicules, mais elles circulent, en particulier dans les régions de Java, et cela va compter", a déclaré à l'AFP Ross Tapsell, expert des médias indonésiens à l'Université nationale d'Australie.

Si les rumeurs se répandent en quelques heures sur les réseaux sociaux en Indonésie, la véritable bataille de la campagne se déroule à la télévision, où les règles de traitement équilibré sont bafouées par les deux camps. Jokowi et Prabowo ont dans leurs équipes des membres influents qui possèdent des chaînes de télévision ne cachant par leur préférences à l'antenne.

L'autorité de l'audiovisuel indonésien a ainsi menacé de révoquer les licences de deux chaînes télévisées pour leur couverture biaisée de la campagne, citant un immense déséquilibre dans le temps d'antenne accordé aux deux candidats.

Des journalistes de ces chaînes ont raconté avoir reçu des instructions de leurs supérieurs de ne pas couvrir la campagne du candidat qui n'est pas celui de la chaîne, explique M. Tapsell.

Dans cette course effrénée à la propagande, Prabowo a le double avantage d'avoir derrière lui une coalition plus importante que celle de Jokowi, et surtout beaucoup plus de moyens que son rival, la campagne de l'ex-général étant financée notamment par son frère milliardaire.

Les trésoriers des deux camps assurent que leur candidat dépense environ la même chose pour la campagne, et la loi prévoit que les candidats doivent déclarer leurs dépenses commission à la électorale.

Mais le problème, observe Endy Bayuni, rédacteur en chef au quotidien Jakarta Post, "c'est que ce qu'ils déclarent se situe bien loin des dépenses réelles".

ad/bfi/jh

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