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France: Sarkozy est remonté sur le ring, dopé par ses ennuis judiciaires

France: Sarkozy est remonté sur le ring, dopé par ses ennuis judiciaires

L'ancien président français Nicolas Sarkozy est remonté sur le ring après son inculpation pour corruption, paraissant bien décidé à ce que ses ennuis judiciaires qu'il attribue à un complot politique n'entravent pas ses ambitions de reconquête du pouvoir.

Après son intervention télévisée de mercredi soir, les médias français n'avaient guère de doute jeudi sur les intentions de l'ancien président de droite battu en 2012. "Pour mieux revenir Nicolas Sarkozy se victimise", a titré le quotidien Le Monde, tandis que Le Figaro (droite) note qu'il a évoqué "l'hypothèse de son retour".

A la télévision - une interview négociée avec la chaîne de télévision TF1 et la radio Europe1 et réalisée dans son bureau -, Nicolas Sarkozy a clamé son innocence et dénoncé une instrumentalisation de la justice par l'exécutif de gauche, et déclaré qu'il déciderait ce qu'il ferait "à la fin du mois d'août, au début du mois de septembre".

Son parti, l'UMP, doit choisir le 29 novembre son futur président, un poste laissé vacant par la démission de Jean-François Copé emporté par un scandale touchant aux comptes de campagne de 2012.

On prête à M. Sarkozy l'intention de briguer ce poste pour lui servir de tremplin pour la présidentielle de 2017. Et même s'il est resté vague sur ses intentions, sa détermination a frappé tous les commentateurs.

"La question de savoir si on renonce ne se pose pas pour moi", a-t-il répondu aux deux journalistes qui l'interrogeaient sur son avenir. "Vis-à-vis de son pays on a des devoirs. Je regarde avec consternation l'état de mon pays et je comprends l'inquiétude des Français".

Pas une seule fois il n'a appelé le président socialiste français par sa fonction, se contentant d'un "M. Hollande" méprisant, "un signe qu'il n'a toujours pas accepté sa défaite de 2012 et qu'il veut sa revanche", selon le politologue Frédéric Dabi.

Dans une posture évoquant celle de l'ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, M. Sarkozy s'est posé en victime de magistrats politisés.

Il s'en est pris nommément à l'une des deux juges d'instruction qui lui ont signifié sa mise en examen (inculpation) pour corruption active, trafic d'influence et recel de violation du secret professionnel, l'accusant d'être membre du syndicat de la magistrature classé à gauche.

Ces accusations ont été vivement dénoncées à gauche. "Lorsqu'on a été ancien président de la République, on ne malmène pas la République et une de ses institutions", a jugé le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone (socialiste).

La présidente du tribunal de grande instance de Paris, Chantal Arens, est sortie de son habituelle réserve jeudi pour rappeler dans un communiqué "l'indépendance" des juges.

Un autre point le rapproche de Silvio Berlusconi, relève Pierre Musso professeur à l'université de Rennes (ouest) et auteur du livre "le sarkoberlusconisme": "il se présente non seulement en victime mais affaibli, pour faire appel à la compassion".

Cette stratégie ne sera peut-être pas suffisante pour ramener à lui les Français, majoritairement hostiles à son retour, et dont les deux tiers estiment que la justice ne lui inflige pas un traitement particulier par rapport aux autres justiciables.

Mais elle peut s'avérer efficace pour rassembler autour de lui les sympathisants de l'UMP auprès desquels "il jouit d'un écrasant courant de sympathie", analyse Frédéric Dabi.

L'ancienne ministre UMP, Nadine Morano, l'un des plus fervents soutien de l'ancien président, a jugé M. Sarkozy "extrêmement convaincant".

Plus nuancé, l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a estimé que "le cri de vérité était assez fort", a appelé à "la sagesse" "de part et d'autre".

"La manière dont a été traité Nicolas Sarkozy" donne "le sentiment qu'on cherche cette justice spectacle, cette justice médiatique, politique. C'est très dangereux pour la justice elle-même", a estimé M. Raffarin, membre du triumvirat chargé de gérer l'UMP jusqu'à l'automne.

Soupçonné d'avoir essayé d'obtenir par l'intermédiaire de son avocat des informations couvertes par le secret auprès d'un haut magistrat de la cour de cassation dans une enquête le concernant, Nicolas Sarkozy a été mis en garde à vue durant 15 heures mercredi avant d'être présenté aux deux juges d'instruction qui l'ont inculpé dans la foulée. Cette mise en examen a été annoncée par un communiqué du procureur.

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