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Birmanie: deux morts lors de nouvelles violences entre bouddhistes et musulmans

Birmanie: deux morts lors de nouvelles violences entre bouddhistes et musulmans

Deux personnes ont été tuées en Birmanie lors de violences entre bouddhistes et musulmans à Mandalay, poussant les autorités à imposer jeudi un couvre-feu dans la deuxième plus grande ville d'un pays où la question religieuse est explosive.

La Birmanie, très majoritairement bouddhiste, a été secouée depuis 2012 par plusieurs vagues de violences communautaires ayant fait plus de 250 morts et 140.000 déplacés, principalement des musulmans.

Ces émeutes ont porté une ombre au tableau des réformes du gouvernement quasi-civil du président Thein Sein, qui a succédé à la junte dissoute il y a trois ans.

A Mandalay, pour la deuxième nuit consécutive, des bandes d'émeutiers ont semé le chaos dans les rues du centre-ville malgré une sécurité renforcée.

Selon les autorités, dans la nuit de mercredi à jeudi, un musulman et un bouddhiste ont été tués dans des attaques séparées et 14 personnes blessées dans cette ville de sept millions d'habitants abritant une importante communauté musulmane.

Quatre personnes ont été arrêtées, a indiqué le ministère de l'Information.

En raison de ces violences, un couvre-feu de 21H00 à 05H00 a été annoncé jeudi. "Nous ne voulons pas que la situation s'aggrave", a expliqué à l'AFP Zaw Min Oo, un responsable policier.

Des dizaines de policiers patrouillaient jeudi dans le centre-ville généralement très animé, où les magasins avaient baissé le rideau.

"Je ne comprends pas ce qui se passe. Nous vivions en paix depuis longtemps", a commenté Myo Min Thein, homme d'affaires bouddhiste, en lisant l'ordre du couvre-feu collé sur un réverbère.

Selon un habitant, la victime musulmane, avec qui il était ami, a été battue à mort par un groupe de cinq ou six hommes alors qu'il se rendait à la mosquée jeudi au petit matin.

"Nous ne pouvons pas dire que la situation s'est calmée à Mandalay pour l'instant. Nous vivons dans la peur", a-t-il déclaré à l'AFP, sous couvert de l'anonymat.

Les émeutes ont commencé mardi soir lorsqu'une foule de centaines de personnes ont attaqué une échoppe musulmane dont le propriétaire est accusé de viol. D'autres bâtiments ont été pris pour cible, et une voiture a été incendiée.

La police a dû utiliser des balles en caoutchouc pour disperser la foule armée de pierres, de bâtons et de couteaux, selon la presse officielle.

Dans un message sur Twitter, l'ambassade des Etats-Unis à Rangoun s'est dite "inquiète" de la situation, appelant la police "à maintenir l'ordre" et "protéger toutes les communautés".

En 2012, deux vagues de violences meurtrières entre bouddhistes de la minorité rakhine et musulmans de la minorité apatride persécutée des Rohingyas avaient fait au moins 200 morts dans l'Etat Rakhine, dans l'ouest du pays.

Les violences contre les musulmans s'étaient ensuite propagées dans plusieurs autres régions, souvent provoquées par des rumeurs ou des actes criminels individuels. Les forces de l'ordre avaient été accusées de ne pas faire assez pour arrêter ces attaques voire, dans certains cas, d'y avoir participé.

Les violences visant une communauté qui représente au moins 4% de la population avaient mis en lumière une islamophobie latente dans un pays dominé par l'ethnie bamar, bouddhiste.

Elles ont en outre été accompagnées de campagnes de moines bouddhistes radicaux appelant à boycotter les magasins musulmans ou encore réclamant des lois pour limiter les mariages interreligieux.

Parmi eux, Wirathu, qui avait posté sur sa page Facebook un message relayant mardi quelques heures avant le début des violences les accusations de viol contre le propriétaire de l'échoppe attaquée.

Le moine de Mandalay a, depuis, accusé les mosquées de cette ville au coeur de la vie monastique du pays d'avoir lancé un "jihad" avec des centaines de personnes ayant reçu un "entraînement militaire" et prêtes à attaquer.

Dans un message radio mensuel, Thein Sein a lui appelé à la fin des haines religieuses dans un "pays multiracial et multireligieux".

"Pour que les réformes soient un succès, je voudrais appeler tout le monde à éviter la provocation et les comportements pouvant inciter à la haine entre nos compatriotes", a déclaré le président, cité jeudi par la presse officielle.

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