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Le califat, un rêve pour les islamistes

Le califat, un rêve pour les islamistes

Des jihadistes ayant conquis de larges pans des territoires irakien et syrien ont proclamé dimanche le rétablissement du califat islamique, un régime hérité du temps du prophète Mahomet et abandonné depuis près d'un siècle.

Après la mort du prophète Mahomet en l'an 632, ses disciples conviennent du système du califat, ou succession en arabe, comme nouveau mode de pouvoir. Le calife est, littéralement, le successeur du prophète pour diriger la nation et faire appliquer la loi en terre d'islam.

Le premier calife a été choisi lors d'une élection en deux étapes: des représentants des communautés musulmanes l'ont tout d'abord désigné, puis son nom a été proposé au peuple pour qu'il lui fasse allégeance.

L'une des divisions entre sunnites et chiites provient de ce mode de désignation, les chiites estimant que la succession du prophète revient aux membres de sa famille, notamment son cousin Ali Ibn Abi Taleb et ses descendants.

Au fur et à mesure des conquêtes musulmanes, la structure du pouvoir s'est étendue: le calife a nommé des ministres pour gérer les affaires de l'empire et désigné les walis, ou gouverneurs, à la tête de chacun des émirats de l'empire.

Le système du califat tel que défini à l'origine --la désignation par la communauté du plus apte à diriger-- n'aurait duré en fait que trois décennies, sous le règne des quatre premiers dirigeants qui se sont succédé après la mort du prophète.

Au cours des siècles suivants, avec l'extension de la présence musulmane dans la région, et notamment les dynasties Omeyyades à Damas (661-750), Abbassides à Bagdad (750-1258), ou encore les Ottomans en Turquie (1453-1924), la succession est devenue essentiellement héréditaire.

Cela n'a cependant pas empêché les dirigeants de ces dynasties d'adopter le titre de calife.

En mars 1924, le président de la Turquie, Mustafa Kemal Ataturk, a constitutionnellement aboli l'institution du califat.

Il n'existe pas à proprement parler de frontières, le califat ayant notamment pour mission de répandre la religion.

L'Empire ottoman a, à son apogée, régné sur le Moyen-Orient et l'Afrique du nord, le Caucase et des régions d'Europe orientale.

Hassan al-Banna, fondateur en 1928 de la confrérie des Frères musulmans, considérait le califat comme un symbole de l'unité islamique et cherchait à le réinstaller.

Il souhaitait cependant que le califat soit précédé par des accords de coopération entre les Etats musulmans.

Plus tard, le Hizb ut-Tahrir (Parti de libération), un groupe pan-islamique fondé en 1953, fut un fervent défenseur d'une unification des pays musulmans dans un califat.

En 1996, les talibans ont installé en Afghanistan un émirat islamique, tombé lors de l'intervention américaine en 2001.

Ensuite, "l'Etat islamique était le grand rêve d'Al-Qaïda depuis les attentats du 11 septembre 2001", note Mustafa al-Ani du Gulf Research Centre.

Pour les jihadistes, "l'Etat islamique (EI) proclamé dimanche n'est qu'un noyau pour le califat, qui s'élargirait avec l'effondrement d'autres Etats", ajoute-t-il.

"L'EI pourrait subsister dans la conjoncture actuelle, marquée par la faiblesse du pouvoir à Bagdad et à Damas et l'absence d'une intervention étrangère", selon M. al-Ani.

Pour se maintenir, prédit-il, le calife pourrait "liquider les autres groupes islamistes ne lui faisant pas allégeance, sévir contre toute velléité d'insurrection populaire, renforcer ses capacités défensives et généraliser les tribunaux islamiques".

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