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Essor des jardins d'entreprises en France: se mettre au vert sur son lieu de travail

Essor des jardins d'entreprises en France: se mettre au vert sur son lieu de travail

Arroser, désherber ou biner à la pause déjeuner. Organiser une réunion entre pieds de tomates ou framboisiers: de plus en plus d'entreprises en France choisissent d'introduire la nature sur le lieu de travail en transformant une terrasse ou une friche inutile en jardin pour leurs salariés.

Ainsi, sur le toit de la Cité de l'architecture et du patrimoine, un musée sur la colline de Chaillot à Paris, une dizaine d'employés veille sur une cinquantaine de mètres carré d'aubergines, tomates ou groseilles, avec une vue spectaculaire sur la Tour Eiffel et la capitale.

Les légumes et plantes aromatiques voisinent avec les buis ou les glaïeuls. Autour des plantes, cultivées dans des sacs de plantation posés sur des palettes de chantier, on papote ou on échange des graines à la pause déjeuner.

"Le jardin d'entreprise a longtemps été très limité, quelques plantes exotiques dans un bac tout au plus, sans vraiment de sens. Aujourd'hui, il doit être à la fois esthétique et utile, un espace à vivre autant qu'une réponse aux enjeux environnementaux", explique à l'AFP Pierre Darmet, responsable marketing aux Jardins de Gally.

Spécialisée dans l'aménagement paysager destiné aux espaces publics, cette société française conçoit des "bureaux fertiles", exercice de style où espace de travail et espace vert ne font plus qu'un.

Venus des États-Unis où ils ont fleuri dans la plupart des grandes entreprises, les "corporate gardens" essaiment depuis quelques années en France où les entreprises y voient un outil de bien-être au travail.

20% des espaces verts péri-urbains sont des jardins d'entreprise, selon Xavier Laureau, fondateur de "Jardins jardin".

"Des enquêtes de satisfaction menées auprès de salariés indiquent que la présence d'un environnement naturel leur apporte une tranquillité au travail", assure Pierre Darmet.

Une étude américaine de 2011 menée notamment par l'université de l'Oregon (The economics of biophilia) montre qu'un environnement de travail connecté à la nature améliore la performance du salarié et réduit jusqu'à 10% l'absentéisme.

Du toit-terrasse végétalisé et aménagé en espace de détente à la friche industrielle de plusieurs milliers de mètres carrés affectée à un usage agricole, les formules choisies par les entreprises varient selon leur taille, l'espace dont elles disposent ou l'engagement du personnel.

Pour le siège social d'une entreprise d'aménagement de bureaux situé à Orgeval, en région parisienne, les Jardins de Gally ont conçu un projet global qui prévoit l'ensemencement d'une prairie avec des plantes du cru, l'installation de trois ruches et d'un "hôtel à insectes".

Un choix exigeant: "Avec les abeilles, plus question d'utiliser des pesticides", constate Pierre Darmet.

Dans ce cas de figure, l'entretien écologique est assuré par des professionnels, jardiniers ou apiculteurs. Ils proposent aux salariés des ateliers pédagogiques et des conférences sur les insectes pollinisateurs sauvages, les ruches ou la taille raisonnée des arbustes.

"Les salariés ne mettent pas toujours la main à la pâte, ne serait-ce que parce que la mise en place et l'entretien de certains jardins ne sont pas à la portée de tout le monde. D'ailleurs, cette expertise est aussi un excellent moyen de revaloriser la profession de jardinier", explique Pierre Darmet.

D'autres entreprises ont choisi d'impliquer davantage leurs salariés en les incitant à consacrer une partie de leur temps de pause à cultiver un potager collectif.

Ainsi, à Cité de l'architecture et du patrimoine, une dizaine des salariés, sur la centaine que compte le musée, jardinent sur leur temps libre selon un planning précis et s'engagent à assurer le suivi des plantations.

Même si on est en pleine ville, surplombant un carrefour où tourbillonnent les voitures, les principes de l'agriculture biologique sont respectés, l'entretien se fait avec des produits naturels. La récolte est partagée entre les participants et consommée sur place de préférence.

"Nous avons privilégié les fruits ou légumes que l'on pouvait picorer facilement à l'heure du déjeuner", explique à l'AFP Matthias Thulard, bibliothécaire et membre actif du groupe des jardiniers amateurs.

"Personne n'est obligé de participer mais ceux qui viennent s'y tiennent", explique M. Thulard.

A Toulouse, dans le sud-ouest de la France, les responsables d'une clinique du centre-ville ont eux aussi décidé d'aménager un jardin potager sur un espace de 500 mètres carrés situé sur le toit.

L'entretien sera assuré par des travailleurs handicapés d'un centre d'aide par le travail qui vont faire pousser des légumes destinés au restaurant d'entreprise de la clinique.

"L'objectif n'est pas d'arriver à l'autosuffisance avec les plantations mais plutôt de cultiver des variétés oubliées, de produire des légumes qui ont du goût et donner l'occasion à des employés de se détendre à leurs moments de pause", souligne Cédric Jules, cofondateur de la société Macadam Gardens choisie pour ce projet.

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