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France: le Festival d'Aix s'ouvre sur la "Flûte enchantée" en plein conflit social

France: le Festival d'Aix s'ouvre sur la "Flûte enchantée" en plein conflit social

Tonnerre, éclairs et effets visuels féériques: la production de "La Flûte enchantée" de Mozart par le Britannique Simon McBurney doit ouvrir mercredi le festival lyrique d'Aix-en-Provence (sud de la France), l'un des plus importants au monde, sur fond de conflit social.

La représentation de McBurney est attendue alors qu'un mouvement de protestation d'artistes et de techniciens intermittents du spectacle contre une réforme de leur assurance-chômage menace de nombreux festivals culturels d'été en France.

"Le festival (d'Aix) aura lieu", affirme son directeur Bernard Foccroulle, tout en n'excluant pas des actions "symboliques".

Pour sa "Flûte enchantée", Simon McBurney, qui avait époustouflé le Festival d'Avignon en 2012 avec "Le Maître et Marguerite" d'après Boulgakov, utilise avec une grande poésie les moyens spectaculaires de la vidéo, mais sait aussi faire tout simple: pour les nuées d'oiseaux qui fondent sur Papageno l'oiseleur, de simples feuilles de papier brandies par les acteurs font l'affaire.

Metteur en scène de théâtre, le fondateur de la troupe "Complicite" a fait de rares incursions à l'opéra, pour cette "Flûte" co-produite avec l'Opéra d'Amsterdam et l'English National Opera (ENO) et pour "Coeur de chien", d'après une nouvelle de Boulgakov, donné à l'Opéra de Lyon en janvier (prix de la meilleure création musicale du Syndicat français de la Critique).

La "Flûte enchantée", attendue à Aix, a été donnée dans des versions différentes à Amsterdam en 2012 et Londres en 2013 (en anglais).

"L'espoir, c'est que la production à Aix combine les qualités artistiques qu'elle avait à Amsterdam et techniques de Londres avec un cast de haut niveau, le meilleur orchestre au monde qu'on puisse avoir aujourd'hui pour Mozart (le Freiburger Barokorchester, en résidence à Aix) et McBurney qui a retravaillé l'opéra: ça devrait être l'épanouissement de cette Flûte", pronostique Bernard Foccroulle.

Le formidable Papageno, incarné par Thomas Oliemans à Amsterdam, sera de nouveau de la partie, avec dans le rôle de la Reine de la Nuit une habituée, la soprano russe Albina Shagimuratova.

L'Anglais Simon McBurney a tout de suite pensé à Shakespeare. "J'ai toujours imaginé que Mozart avait lu +la Tempête+", confie-t-il. "Dans les deux cas, il y a au fond cette question: comment faire émerger un nouveau monde? Ces deux jeunes gens, Tamino et Pamina, sont comme Roméo et Juliette ou Ferdinand et Miranda dans la Tempête: la promesse du futur, d'une nouvelle génération qui va sauver le monde".

Logiquement, sa Reine de la nuit est à l'image d'un pouvoir en bout de course, une vieille femme qui s'aide d'une canne et finit dans un fauteuil roulant.

Bernard Foccroulle promet d'"autres coups de coeur" pour cette édition, comme Ariodante de Haendel, "opéra sublimissime dont les airs sont à tomber de beauté et d'émotion", dans le cadre intime du théâtre de l'Archevêché. Pour ce joyau baroque, il a choisi une distribution de haut vol (Patricia Petibon, Sarah Connolly, Sandrine Piau), le chef italien Andrea Marcon, qui excelle dans ce répertoire, et le metteur en scène britannique Richard Jones, "un des plus importants à l'heure actuelle".

La légèreté rossinienne prend le relais le 4 juillet pour le troisième opéra, "Il turco in Italia", avec le chef Marc Minkowski à la baguette et une mise en scène signée de l'Américain Christopher Alden.

Après une année 2013 "lourde" sur un plan financier, portée par Marseille capitale européenne de la culture, une manifestation à laquelle Aix a participé, et compte tenu du gel de certaines subventions, le festival a pris l'option "prudente" de ne pas présenter d'opéra contemporain cet été, dit Bernard Foccroulle.

Mais plusieurs créations légères verront le jour, comme le "Voyage d'hiver" (Winterreise) de Schubert confié à l'artiste sud-africain William Kentridge, qui mixe dessin et cinéma d'animation.

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