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Libye: faible participation à un scrutin crucial émaillé d'incidents

Libye: faible participation à un scrutin crucial émaillé d'incidents

Les Libyens ont manifesté un faible engouement pour les législatives qui se sont tenues mercredi, un scrutin jugé crucial pour l'avenir de la transition démocratique dans un pays qui s'enfonce dans l'anarchie depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Peu après la clôture du vote à 20H00 locales (18H00 GMT), le pays a été meurtri par l'assassinat de Salwa Bouguigis, une avocate et militante des droits de l'Homme, dont la mort a provoqué l'émoi parmi les politiciens et la société civile.

Mme Bouguiguis, une féministe libérale qui a participé activement à la révolution de 2011 qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi, a été attaquée chez elle à Benghazi, dans l'est libyen, par des hommes armés inconnus, selon un responsable de sécurité .

Plus tôt, toujours à Benghazi, sept soldats ont été tués et plus d'une cinquantaine blessés dans des affrontements avec un groupe islamiste dans le sud de la ville.

L'est de la Libye est théâtre depuis un mois d'affrontements quotidiens entre une force paramilitaire loyale au général dissident Khalifa Haftar et des groupes armés radicaux.

Seulement 630.000 Libyens ont voté mercredi, soit un taux de participation 42%, contre 27% en fin d'après-midi, selon des estimations préliminaires de la Haute commission électorale (Hnec).

"Ce sont les élections de la dernière chance. Nous plaçons beaucoup d'espoir dans le futur Parlement pour rétablir la sécurité et la stabilité", a déclaré Amir Baiou, un ingénieur de 32 ans, à sa sortie d'un bureau de vote dans le quartier résidentiel de Hay al-Andalous à Tripoli.

Un dispositif de sécurité a été mis en place dans certains bureaux à Tripoli. Mais les membres des services de sécurité étaient totalement absents dans d'autres.

A Benghazi, au moins sept soldats ont été tués et 53 autres blessés dans des affrontements avec un groupe islamiste dans le sud de la ville, selon une source hospitalière.

La Brigade (islamiste) de Rafallah Al-Sahati a ouvert le feu sur un convoi de l'armée qui passait à proximité de son quartier général, déclenchant les affrontements, a expliqué Ibrahim Al-Charaa, porte-parole des services de sécurité dans cette ville.

Toutefois, ces heurts n'ont pas interrompu l'opération électorale, selon le chef de la Hnec à Benghazi, Jamel Bougrine.

Dans l'ouest du pays, la Hnec a dû en revanche suspendre le vote dans la ville d'Al-Jemil, après que cinq bureaux de vote ont été attaqués par des inconnus qui sont repartis avec les urnes, selon une source de sécurité locale.

Dans l'Est, les élections n'ont pas pu être organisées à Derna, ville contrôlée par des groupes islamistes radicaux où une source à la Hnec avait dit craindre des attaques.

Malgré ces incidents, la Hnec a annoncé en fin d'après-midi que le scrutin avait pu avoir lieu dans 98% des quelques 1.600 centres de vote.

Dans les régions privées de vote en revanche, la loi prévoit que la Commission électorale décide sous 48 heures après la fin du scrutin du lieu et de la date de nouvelles élections.

Dans l'immédiat, la Hnec estime à 16 le nombre de sièges non pourvus, sur 200.

Seuls 1,5 million de Libyens s'étaient inscrits pour le scrutin contre plus de 2,7 millions en 2012 sur 3,4 millions d'électeurs éligibles.

Les Libyens étaient appelés à élire les 200 membres de la future Chambre, qui doit remplacer le Congrès général national (CGN, Parlement), la plus haute autorité politique et législative, dont la légitimité est contestée.

"Lors des premières élections, nous avons voté juste pour voter. Cette fois-ci je me suis bien renseigné sur les candidats. Et j'ai choisi les bonnes personnes", a déclaré Salah Al-Thabet, un retraité de 62 ans, votant dans le centre de Tripoli.

Le CGN a été élu en juillet 2012 à l'occasion du premier scrutin libre dans l'histoire du pays, après plus de quarante ans de dictature.

Il a été accusé toutefois d'avoir contribué à l'instabilité, à cause des luttes d'influence entre libéraux et islamistes, appuyés par des milices armées dans un pays qui peine à construire une armée et police professionnelles.

Accusé par les autorités de mener un coup d'État, le général Haftar a lancé une opération, selon lui, contre les "groupes terroristes", qui font la loi à Benghazi. Les affrontements ont fait plus d'une centaine de morts depuis le 16 mai.

M. Haftar a annoncé une "trêve" durant le scrutin et les groupes islamistes ont affirmé qu'ils ne mèneraient pas d'offensives le jour des élections.

Les affrontements ont repris toutefois peu avant la clôture du vote, après l'attaque contre le convoi de l'armée, selon des témoins.

bur-ila/abl

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