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Le Premier ministre irakien balaye l'idée d'un gouvernement de salut national

Le Premier ministre irakien balaye l'idée d'un gouvernement de salut national

Le Premier ministre irakien chiite Nouri al-Maliki a balayé mercredi l'idée d'un gouvernement de salut national, en dépit des appels répétés de la communauté internationale à former de toute urgence un cabinet ouvert à toutes les communautés d'Irak.

Au même moment, dans l'Ouest du pays, les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au levant (EIIL), à l'offensive depuis plus de deux semaines en Irak, ont ouvert une voie vers la Syrie à la faveur d'une entente locale avec Al-Qaïda en s'emparant du poste-frontière de Boukamal, pendant syrien du poste-frontière d'Al-Qaïm qu'ils contrôlent déjà. Ils avancent ainsi dans leur objectif de créer un Etat islamique dans une zone à cheval entre la Syrie et l'Irak, pays au bord de l'implosion depuis le lancement de leur offensive le 9 juin.

A Bagdad, M. Maliki, en dépit des pressions occidentales, a exclu la formation d'un gouvernement de salut national, alors que les profondes divergences qui minaient le pays bien avant l'offensive jihadiste empêchent la formation d'un nouveau gouvernement depuis les élections d'avril, où le bloc de M. Maliki est arrivé en tête.

"Comme tout le monde le sait, il s'agit d'un moment très critique pour l'Irak, et la formation d'un gouvernement est notre principal défi", a affirmé le secrétaire d'Etat américain John Kerry mardi.

Washington, qui prend ses distances avec M. Maliki auquel il avait pourtant apporté son soutien lors de sa première élection en 2006, et de nouveau en 2010, a cependant promis l'envoi de 300 conseillers militaires en Irak, dont 40 ont commencé à travailler mardi.

Des entretiens avaient lieu mercredi entre des conseillers américains et des commandants irakiens, a indiqué un porte-parole de M. Maliki ajoutant: "Nous espérons qu'il va y avoir une véritable intervention (américaine) pour apporter une vraie aide à l'Irak", sans autre précision.

Parallèlement, à Bruxelles, les 28 pays membres de l'Otan se réunissent pour des discussions où l'Irak devrait tenir une place importante, les capitales occidentales ne cachant plus leur inquiétude face à l'avancée des jihadistes. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui est arrivé à Bruxelles mardi soir après une visite en Irak, a ainsi fait part de sa "vive préoccupation sur la menace posée par l'EIIL".

Sur le terrain, à Boukamal, des membres la branche syrienne d'Al-Qaïda, le Front al-Nosra ont "prêté allégeance à l'EIIL dans la nuit de mardi à mercredi" permettant à ce dernier d'être désormais des deux côtés de la frontière, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Un jihadiste de l'EIIL a confirmé l'information sur Twitter.

Les combattants d'Al-Nosra et ceux de l'EIIL, autrefois alliés en Syrie contre le régime, s'affrontent depuis le début de l'année lorsque les premiers, las des exactions, de la violence et de la volonté des seconds de devenir la seule branche d'Al-Qaïda dans la région, ont retourné leurs armes.

Ce rare acte d'allégeance entre frères ennemis intervient alors que l'EIIL progresse dans la province syrienne de Deir Ezzor, et semble avancer vers son but de créer un Etat islamique le long de la longue et poreuse frontière entre les deux pays, dont l'un est en guerre depuis 3 ans et l'autre plongé dans le chaos.

Mais, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, "cette allégeance créera des tensions avec les autres groupes rebelles, y compris les islamistes", excédés par l'EIIL dont la réputation d'ultra-violence a été confirmée cette semaine par la diffusion de photos de dizaines de corps de soldats irakiens, selon le groupe.

Pour aider l'armée irakienne à repousser les insurgés sunnites, les premiers conseillers militaires américains ont "commencé leur nouvelle mission", a annoncé mardi le Pentagone. Ils vont tout d'abord évaluer l'état des forces irakiennes.

"Nous n'allons pas courir au secours" des troupes irakiennes, a mis en garde le contre-amiral Kirby, insistant sur le rôle de "conseillers" de ces troupes.

Quelque 90 autres soldats ont également commencé à mettre en place un "centre de commandement conjoint", géré en partenariat avec les forces irakiennes, a-t-il également dit.

Les derniers soldats américains ont quitté l'Irak fin 2011 après huit années d'occupation.

Face à l'offensive des insurgés, nombre de soldats irakiens ont baissé les armes, certains abandonnant leurs positions, voire leurs uniformes. Si elles semblent relever la tête depuis plusieurs jours, les troupes ne sont pas parvenues à reprendre les vastes pans de territoire dont se sont emparés les insurgés.

Ces derniers ont désormais la main sur Mossoul, deuxième ville d'Irak, une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine (nord), Diyala (est), Kirkouk (nord), et Al-Anbar (ouest), frontalière de la Syrie, où ils contrôlent quatre villes.

Mercredi, les troupes irakiennes sont parvenues à repousser des insurgés de l'importante base aérienne de Balad, située à environ 70 km au nord de Bagdad, selon un chef tribal et un responsable de sécurité.

Par ailleurs, deux lieux de cultes chiites ont été bombardés mercredi au nord de Mossoul, selon un responsable et des témoins.

mah/cbo/sw

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