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Des habitants de Kirkouk voient l'avenir de la ville irakienne en kurde

Des habitants de Kirkouk voient l'avenir de la ville irakienne en kurde

Sous l'ancienne citadelle de Kirkouk, le drapeau du Kurdistan -vert, blanc, rouge et soleil jaune- flotte à côté des étals du marché. La ville multiethnique âprement disputée s'interroge sur son avenir. Doit-elle être administrée par Bagdad ou les Kurdes?

La débandade de l'armée face à l'offensive d'insurgés sunnites, menés par les jihadistes de l'Etat islamique d'Irak et du Levant (EIIL), et l'arrivée des combattants kurdes à Kirkouk, ne font que renforcer la conviction des Kurdes que la ville riche en pétrole sera la leur.

"Les soldats irakiens ne peuvent pas nous protéger, ils ont abandonné leurs armes et se sont enfuis", note Ghazi Faisal, un combattant kurde (Peshmerga) de 21 ans, en permission, faisant des achats au marché.

"S'ils avaient su nous défendre honorablement, ce ne serait pas arrivé", dit-il.

Beaucoup de Kurdes savent que les voisins arabes et turcomans de Kirkouk sont moins enclins à un contrôle kurde de la ville située à 240 km au nord de Bagdad. Mais ils disent que la protection assurée par les Peshmergas pourrait les faire changer d'avis.

"On verra que les Peshmergas protègent les droits et les libertés de chacun. Le plus important ici, c'est la stabilité et la sécurité, et ils (les Peshmergas) sont capables de les assurer", assure cheikh Imad, un Kurde chiite qui ne donne que son prénom.

Avant l'avancée des insurgés, Kirkouk vivait sous un accord de sécurité complexe qui reflète son statut contesté.

Les Peshmergas patrouillaient dans le Nord et dans l'Est de la ville, l'armée dans le Sud et l'Ouest. Et la police et les assayesh, les services de sécurité intérieure du Kurdistan, à l'intérieur de la ville.

Depuis la déroute de l'armée, les Peshmergas patrouillent partout, et la présence de assayesh y a été renforcée de manière significative.

A 20 km au sud de Kirkouk, aux confins de la ville chiite turcomane de Touz Khourmatu, les Peshmergas sont positionnés le long d'une ligne de défense au nord d'une rivière.

Ils ont des canons, un réservoir et plusieurs véhicules blindés et certains se trouvent à environ 4 kilomètres de positions de l'EIIL.

Dans sa résidence, le gouverneur de la province de Kirkouk, Najm Eldine Karim, minimise l'importance de la présence des Peshmergas.

"Kirkouk est contrôlée par nos assayesh et notre police comme avant", dit-il à l'AFP. "Les Peshmergas étaient ici avant (...) et rien n'a changé".

M. Karim est dans une position délicate. Kurde, il est aussi gouverneur d'une province financée directement par le pouvoir central à Bagdad.

Le Premier ministre Nouri al-Maliki ne porte pas seul la responsabilité de la déroute de l'armée, assure-t-il, tout en avouant avoir été choqué par la rapidité avec laquelle elle s'est retirée.

Il dément que Kirkouk soit sous contrôle du gouvernement régional kurde mais reconnaît que l'avancée des insurgés a changé la face de l'Irak, et peut-être l'avenir de la ville.

"Une chose est claire, l'Irak sera différent", dit-il. "Le seul espoir de maintenir l'unité du pays réside probablement dans trois régions différentes réunies en confédération".

C'est ce qu'avait suggéré, selon lui, en 2006 Joe Biden, l'actuel vice-président américain, "et tout le monde a pensé qu'il anticipait un démembrement de l'Irak mais il avait raison".

Dans ce cas, les habitants de Kirkouk choisiraient de faire partie de la région autonome du Kurdistan, selon lui.

"Ces habitants de Kirkouk voteront pour la paix et pour avoir des services. Ils savent qu'ils les obtiendront en rejoignant la région kurde", tranche le gouverneur.

L'importance de Kirkouk réside dans les vastes réserves de pétrole de sa province.

M. Karim ne veut pas se laisser entraîner sur la question du partage de cette richesse mais les habitants kurdes sont moins équivoques.

"Le pétrole était partagé entre le gouvernement kurde et le gouvernement central, mais ce dernier a abandonné la région et sa population", estime Ithar Subhan, un ouvrier du bâtiment de 28 ans.

Selon lui, Bagdad a "perdu son droit (au pétrole) quand l'armée est partie" et quand les responsables irakiens ont "échoué à remplir leur devoir".

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