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Chine: Des fonds publics ont servi à acheter des vignobles en France (audit)

Chine: Des fonds publics ont servi à acheter des vignobles en France (audit)

Des fonds publics chinois ont servi à l'acquisition de vignobles français, mais aussi à de fastueux voyages d'agrément, parmi autres dérives des administrations locales et entreprises d'Etat, a dénoncé mercredi la Cour des comptes chinoise.

Le rapport de l'institution pour l'année 2013 détaille par le menu les multiples abus qu'elle a repérés, alors que se poursuit une campagne anticorruption très médiatisée lancée l'an dernier par Pékin.

La Cour des comptes fait ainsi état de 314 cas suspectés de "violations majeures de la loi et de la discipline" (une formule qui recouvre habituellement en Chine des faits de corruption), impliquant plus de 1.100 personnes et faisant désormais l'objet d'enquêtes approfondies.

Sont notamment épinglées deux entreprises de la métropole portuaire de Dalian (nord-est), auxquelles les autorités locales avaient confié 268 millions de yuans (32 millions d'euros) de fonds publics pour acquérir des technologies étrangères.

Mais elles ont en fait profité de cette aubaine pour acheter... 14 vignobles en France, indique le rapport, sans préciser les régions et domaines concernés.

L'une de ces deux entreprises nommées par la Cour des comptes est Haichang -- un conglomérat privé dont les activités vont du transport maritime à l'immobilier en passant par les hydrocarbures et le tourisme --, considéré comme l'un des plus gros propriétaires chinois de vignobles dans le Bordelais, où il avait acheté le domaine Chenu-Lafitte.

Contactés par l'AFP, des responsables du groupe Haichang n'étaient pas disponibles mercredi pour commenter ces informations. L'AFP par ailleurs n'a pu contacter la seconde firme de Dalian, une société d'investissement baptisée Ruiyang.

Les Chinois se sont distingués ces dernières années par leur soif de domaines viticoles français, multipliant les acquisitions -- au point d'inquiéter Tracfin, l'unité française de lutte contre le blanchiment d'argent.

Dans un rapport publié l'an dernier, celle-ci avait mis en garde contre les risques associés aux rachats de vignobles par des investisseurs russes ou chinois, avec des fonds d'origine incertaine et des montages juridiques complexes.

Parmi les autres cas emblématiques décrits par le rapport de la Cour des comptes figurent des voyages d'agrément de hauts officiels déguisés en missions de travail.

En janvier 2013, des cadres des services géologiques nationaux chinois ont ainsi passé trois jours dans la ville américaine de Las Vegas, au cours d'un voyage payé par leur administration. Ils avaient assuré par la suite avoir mené des études sur le gaz de schiste au Canada.

De même, un voyage de "cadres de haut rang" organisé en 2012 par l'Agence océanique d'Etat était supposé les conduire uniquement dans une station chinoise de l'Antarctique: en fait, les heureux bénéficiaires se sont envolés pour la France et le Chili, aux frais de l'Etat.

Dans d'autres cas, des sommes considérables d'argent public ont été perdues ou gaspillées en raison d'une gestion défaillante ou de grossières erreurs stratégiques, poursuit le rapport.

Le groupe en charge des réserves nationales de coton a préféré louer à des tiers certains de ses entrepôts, quitte à devoir stocker en plein air plus de deux millions de tonnes de coton... avant de voir une partie de ses réserves dévorées par deux incendies qui ont occasionné d'onéreuses pertes.

La Cour des comptes dénonce également des opérations financières douteuses entachées de corruption -- très fréquentes dans les groupes publics chinois, où des dirigeants se séparent de certains actifs à vil prix ou au contraire en achètent à des prix très surestimés, afin de faire plaisir à des amis ou en échange de pots-de-vin.

Le rapport rendu public mercredi accuse en particulier des responsables du géant pétrolier public CNPC de "collusion avec des firmes privées ou des individus, en vue de s'assurer des gains personnels", à travers des accords financiers réalisés au détriment "des intérêts de l'Etat".

Et la corruption, de façon générale, se fait plus discrète, ajoute-t-il, notant que certains pots-de-vin sont versés sous forme d'actions boursières, qui ne sont revendues que quand l'intéressé quitte ses fonctions.

bur-jug/seb/pt

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