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Perm-36, l'unique musée sur la répression politique en URSS, menacé de fermeture

Perm-36, l'unique musée sur la répression politique en URSS, menacé de fermeture

L'unique musée russe retraçant l'histoire de la répression politique en Union soviétique, dans l'ancien camp du goulag Perm-36, pourrait bientôt fermer après la suppression de son financement public, a rapporté mardi l'ONG Memorial qui le gère.

Ce musée, qui se focalise sur la vie des dissidents au goulag soviétique, est installé dans l'enceinte de ce camp de travail situé à 100 kilomètres de Perm, dans l'Oural. Il s'agit de l'un des camps les plus célèbres, bien conservé, qui a abrité principalement des prisonniers politiques pendant plus de 40 ans.

"Actuellement, les visites n'ont plus lieu, l'électricité du musée a été coupée et tous les employés ont été placés en congé sans solde pour une période indéterminée", a expliqué par téléphone à l'AFP Robert Latipov, le directeur de la section locale de Memorial.

Le fonctionnement du musée dépend en effet en grande partie du financement public octroyé par les autorités de la région, qui a été coupé "sans explications" il y a plus d'un mois, selon l'ONG.

"Perm-36 est devenu célèbre dans le monde entier. Son existence même est la preuve que la Russie va de l'avant, abandonnant à tout jamais son héritage totalitaire", indique une pétition de soutien au musée publiée sur internet, qui a été signée par plus de 40.000 personnes.

Le musée est géré depuis plus de 20 ans par l'ONG Memorial, créée pendant la perestroïka à la fin des années 1980 pour recenser les victimes des répressions politiques, et devenue la principale organisation russe de défense des droits de l'homme.

L'organisation s'est vu imposer en mai par la justice russe de s'enregistrer en qualité d'"agent de l'étranger", une dénomination qui rappelle le qualificatif dont étaient affublés les opposants réels ou supposés à l'époque stalinienne et les dissidents des années 1970 et 1980.

Début juin, un reportage de la chaîne pro-Kremlin NTV intitulé "La cinquième colonne" avait qualifié le musée géré par Memorial à "Perm-36" de "pro-fasciste", insistant sur son financement provenant en partie de l'étranger, notamment des États-Unis.

Le but du musée est "d'enseigner aux plus jeunes que (...) les fascistes ukrainiens ne sont pas aussi mauvais que le disent les livres d'histoire", tonnait le reportage, faisant un rapprochement avec la crise ukrainienne.

Il est également reproché à Memorial de tenir chaque année dans l'enceinte du camp un forum international qui réunit des militants pour les droits de l'homme russes et européens, ainsi que des universitaires. L'année dernière, ce forum a été annulé par manque de financement.

"Cette annulation a été un coup dur et le forum n'existera plus. C'était une plateforme pour le dialogue, où se rendaient des gens très différents. (...) Il y a peu d'initiatives similaires en Russie", regrette M. Latipov.

"Si le musée ferme, ce sera déjà le signe avant-coureur de l'arrivée d'une dictature idéologique", affirme-t-il.

or-pop/lpt/cgu

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