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Centrafrique: nouveau massacre de musulmans dans un cycle de représailles sans fin

Centrafrique: nouveau massacre de musulmans dans un cycle de représailles sans fin

Dix-sept Peuls musulmans ont été tués lundi dans le centre de la Centrafrique par des miliciens chrétiens anti-balaka, dans un nouveau cycle infernal de tueries et de représailles orchestrées par des groupes armés accusés de crimes contre l'humanité.

Dans la ville de Bambari (centre), "17 personnes, toutes des membres de la minorité peule, ont été tuées lundi par des jeunes armés se réclamant des anti-balaka, lors d'une attaque de leur campement. Certains corps ont été mutilés et brûlés par les assaillants", a indiqué mardi un officier de la force de l'Union africaine en Centrafrique (Misca).

Le massacre a entraîné des "actes de représailles" de combattants de l'ex-rébellion Séléka, majoritairement musulmane, a précisé l'officier, s'exprimant sous couvert d'anonymat.

"Cette attaque a entraîné des violences dans le centre de Bambari où des tirs ont été entendus dans certains quartiers, faisant quelques morts ainsi que des blessés et fuir au moins 6.000 personnes à l'évêché, à la cathédrale Saint-Joseph notamment", a-t-il expliqué.

Aucun bilan précis de ces représailles n'était disponible mardi à la mi-journée.

Des soldats français de l'opération Sangaris ont ensuite pris position pour faire baisser la tension dans Bambari, ville où l'ex-rébellion Séléka a installé son nouvel état-major depuis son départ en janvier 2014 de la capitale, Bangui, sous la contrainte des militaires français et africains.

Interrogés par l'AFP sur ces nouvelles violences, des responsables anti-balaka à Bangui ont nié que leurs miliciens en aient été à l'origine, affirmant ne pas reconnaître "ces jeunes incontrôlés agissant de leur propre chef pour des raisons inavouées et qui multiplient de tels actes dans la région".

"Ce n'est pas au moment où les responsables anti-balaka et ex-Séléka sont entrés en contact, dans la perspective d'une dynamique de paix et de réconciliation, que les anti-balaka vont se livrer à de pareils actes", a affirmé un porte-parole des anti-balaka, Brice-Emotion Namsio.

A chaque tuerie qui leur est attribuée, les anti-balaka se dédouanent, affirmant qu'elle est le fait de "faux" anti-balaka.

Il y a deux semaines, au moins 22 personnes avaient été tuées par des individus armés assimilés aux ex-Séléka et aux Peuls armés dans le village de Liwa, situé dans la zone de l'attaque de lundi.

Et la semaine dernière, au moins 10 cadavres portant des marques de sévices, pieds et mains ligotés, "affreusement mutilés" selon un témoin, avaient été repêchés dans la rivière Ouaka, toujours dans la région de Bambari.

C'est également à Bambari, ville minière stratégique sur la route du Nord et de l'Est, que la journaliste de radio centrafricaine, Blanche-Elisabeth Olofio, avait été attaquée et grièvement blessée en janvier 2013 par la rébellion Séléka en marche sur Bangui, qu'elle allait prendre deux mois plus tard. Mme Olofio est morte dimanche des suites de ces blessures.

Depuis le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par la Séléka, la Centrafrique vit une crise sans précédent, marquée par de terribles violences. Les exactions des groupes armés contre les civils ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.

Dans ce pays ravagé, qui connaît une partition de fait, de nombreux civils musulmans ont été contraints de fuir des régions entières face aux violences des milices anti-balaka dans le Sud et l'Ouest, tandis que dans l'Est et le Nord, les populations chrétiennes restent sous la coupe de combattants Séléka. Quant à la capitale, Bangui, elle se vide de ses derniers musulmans, harcelés quotidiennement par les anti-balaka.

Dans un rapport publié mardi, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), comme bien d'autres ONG, souligne que des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité ont été commis en Centrafrique et continuent de l'être au cours d'un "conflit de l'impunité", les auteurs échappant à toute poursuite du fait de la faillite de l'Etat.

"C'est un conflit politico-ethnique pour le contrôle du pouvoir qui a progressivement pris une dimension religieuse. Ceux qui donnent les ordres aujourd'hui sont en train de se rendre responsables d'une épuration et de commettre des crimes internationaux dont ils devront rendre compte", dénonce la FIDH, qui demande à la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) "d'ouvrir rapidement une enquête".

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