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Pologne/écoutes illégales: le scandale franchit un nouveau pas

Pologne/écoutes illégales: le scandale franchit un nouveau pas

Le scandale des écoutes illégales d'hommes politiques a franchi un nouveau pas avec la publication lundi par l'hebdomadaire Wprost de propos attribués au chef de la diplomatie Radoslaw Sikorski mettant en doute l'alliance polono-américaine.

L'alliance avec les États-Unis "ne vaut rien, elle est même nuisible, car elle offre à la Pologne un faux sentiment de sécurité", aurait dit M. Sikorski, selon le journal publiant la retranscription de sa conversation avec l'ex-ministre des Finances Jacek Rostowski, enregistrée à leur insu dans un restaurant varsovien en janvier.

Cette alliance c'est du "bullshit (foutaises, NDLR) complet! Nous entrons en conflit avec l'Allemagne, avec la Russie, et nous allons considérer que tout est super, car nous avons fait la pipe aux Américains. C'est complètement naïf", aurait poursuivi le ministre.

Connu pour ses opinions atlantistes, tout en restant un partenaire difficile pour les Etats-Unis, M. Sikorski est le candidat de la Pologne au poste du chef de la diplomatie européenne en remplacement de Catherine Ashton.

M. Sikorski a réagi depuis la réunion des chefs de diplomatie européens à Luxembourg: "Le gouvernement a été attaqué par un groupe criminel organisé( ...) J'espère que la justice identifiera les membres du groupe et surtout ses commanditaires", a-t-il déclaré.

L'ambassadeur américain à Varsovie Stephen D. Mull a, dans un tweet, refusé de commenter "une conversation privée". "En ce qui concerne notre alliance, elle est forte", a-t-il assuré.

Les enregistrements "ne changent en rien la ligne officielle de l'Etat polonais" dans les relations avec les Etats-Unis, a souligné le président polonais Bronislaw Komorowski devant la presse.

"Les Etats-Unis sont pour nous un allié extrêmement important (...) dans tous les domaines, et plus particulièrement dans le domaine de sécurité et de coopération", au sein de l'Otan, a-t-il ajouté.

"Ces paroles ne sont pas dévastatrices pour le gouvernement. Au contraire, sur le fond, elles témoignent de la préoccupation des interlocuteurs pour le pays. C'est la brutalité et la vulgarité du langage qui choque", selon le politologue Andrzej Rychard.

"Sur l'alliance avec les Etats-Unis, Sikorski exprime le sentiment d'une grande partie de l'opinion polonaise. N'oublions pas que la conversation date de janvier, bien avant la crise en Ukraine et un changement de politique de Washington", a-t-il ajouté à l'AFP.

Le magazine Wprost avait révélé il y a huit jours une conversation privée entre le gouverneur de la Banque centrale, Marek Belka, et le ministre de l'Intérieur, Bartlomiej Sienkiewicz ayant librement discuté en juillet 2013 d'une aide éventuelle de la Banque centrale à l'État en échange de la démission du ministre des Finances Jacek Rostowski. Ce dernier a, depuis, quitté son poste.

A la suite de ces révélations, interprétées comme un trafic d'influence, l'opposition a réclamé la démission du gouvernement de M. Tusk.

La cote de popularité de son parti de centre droit Plateforme civique (PO) est tombée à 25%, loin derrière le principal parti d'opposition Droit et Justice (PiS, conservateur) crédité de 32% de soutien.

La tension est encore montée après la vaine tentative la semaine dernière du Parquet et des services spéciaux de saisir les enregistrements originaux au siège de l'hebdomadaire.

M. Tusk avait même évoqué d'éventuelles élections anticipées, mais a exclu lundi toute autre mesure politique, insistant sur la nécessité d'identifier les responsables des écoutes illégales.

"Cette action déstabilise l'Etat polonais et affaiblit la force d'action du gouvernement sur le plan international", selon lui.

"Je ne vais pas tirer de conséquences envers des personnes dont le seul pêché a été leur langage cru", a-t-il insisté.

Selon les analystes, le gouvernement devrait, malgré la crise, rester en place jusqu'à la fin de son mandat en automne 2015, l'opposition n'étant pas assez unie pour obtenir sa destitution.

Les services spéciaux polonais ont mis en place un groupe d'enquêteurs spécial pour trouver les auteurs et les commanditaires des enregistrements.

Des spéculations sont apparues dans les médias sur un "complot" d'employés qui auraient enregistré des conversations d'hommes d'affaires et politiques dans des restaurants où il travaillaient, pour les revendre ensuite.

Certains médias et hommes politiques avaient aussi suggéré que cet enregistrement pouvait avoir été l'oeuvre des services spéciaux russes, pour déstabiliser la Pologne sur fond de crise russo-ukrainienne.

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