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L'agriculture sans labour, une option pour réduire le réchauffement climatique

L'agriculture sans labour, une option pour réduire le réchauffement climatique

Une agriculture sans labour pourrait en Europe abaisser jusqu'à deux degrés les températures extrêmes des vagues de chaleur, offrant une option pour réduire les effets du réchauffement climatique, selon une recherche publiée lundi.

Ce mode de culture peu utilisé sur le continent européen consiste à maintenir des résidus sur les terres après les récoltes qui réfléchissent nettement plus les rayonnements solaires, réduisant ainsi la quantité de chaleur absorbée, expliquent les auteurs suisses de ces travaux parus dans les Comptes-rendus de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS).

"Nous avons constaté que l'effet de refroidissement de ces résidus, en accroissant la réflexion des rayons du soleil, était fortement amplifié durant les jours d'été les plus chauds", expliquent les auteurs.

Ainsi la température durant les jours les plus caniculaires dans les régions recourant à cette méthode peut diminuer d'environ deux degrés comparativement à des zones d'agriculture où le sol est labouré, précisent-ils.

Cette couche de résidus permet aussi de retenir davantage l'eau dans le sol, ce qui diminue l'évaporation, sans pour autant affecter l'effet refroidissant de la réflexion du soleil sur ces résidus, indiquent également ces scientifiques.

"Il y aurait aussi une conservation possible du carbone (CO2)" dans le sol, le principal gaz à effet de serre, a indiqué Sonia Seneviratne, de l'ETH de Zurich, l'Institut fédéral suisse de technologie, un des co-auteurs de cette recherche. Mais, a-t-elle relevé dans un entretien avec l'AFP, "ce n'est pas un aspect que nous avons étudié de façon détaillée dans cette recherche".

L'adoption de ce mode de culture varie beaucoup selon les régions du monde. En Amérique du Nord et du Sud, où l'agriculture extensive domine, il est très répandu. Aux Etats-Unis, il est privilégié depuis les années 40 pour lutter contre la sécheresse et la désertification.

Mais en Europe, il ne représente qu'une infime partie des cultures. Pourtant, avec près de 30% de la superficie européenne consacrée aux récoltes, le vieux continent est l'une des régions du monde les plus cultivées. Ceci laisse une importante marge pour étendre l'agriculture sans labour en Europe, jugent les auteurs de cette étude.

Selon eux, "une gestion des résidus des récoltes pourrait offrir une option prometteuse pour atténuer l'impact régional des vagues de chaleur".

Cette méthode paraît être la plus efficace avec des cultures situées à des latitudes moyennes, récoltées en juillet, et où le sol aura été laissé sans labour durant les mois de canicules.

"Une telle approche peut avoir des effets salutaires importants car les vagues de chaleur ont un énorme impact sur les populations et les écosystèmes et sont appelés à devenir plus fréquentes et plus sévères avec le réchauffement climatique", soulignent ces scientifiques.

Une réduction de un à deux degrés des températures extrêmes "peut potentiellement faire une grande différence en termes d'impact humain et sur les écosystèmes", font-ils valoir.

Ces chercheurs ont effectué leurs mesures sur un site expérimental dans le sud de la France, laissé sans labour après la récolte de blé et où les résidus ont augmenté le taux de réflexion des rayons solaires de 50%.

Ils ont ensuite utilisé ces données dans un modèle ordinateur régional, pour mesurer la lumière solaire reçue et réfléchie ainsi que l'ampleur de la baisse de la température correspondante.

js/are

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