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Heurts et tension au Pakistan lors du retour du turbulent chef religieux Qadri

Heurts et tension au Pakistan lors du retour du turbulent chef religieux Qadri

Le turbulent chef religieux populiste Tahir-ul-Qadri est revenu lundi au Pakistan pour y promouvoir sa "révolution pacifique" lors d'une journée marquée par de nouveaux heurts entre ses partisans et la police qui ont conduit les autorités à détourner son vol.

M. Qadri, 63 ans, avait déjà mobilisé l'an dernier des dizaines de milliers de personnes contre le gouvernement à Islamabad et Lahore (est). Il est revenu cette année au pays avec l'intention affichée de le débarrasser de la corruption, de la pauvreté et des violences.

Ce retour accroît la pression sur Islamabad au moment où son armée mène une offensive militaire contre les talibans et Al-Qaïda dans la zone tribale du Waziristan du nord (nord-ouest) qui a déjà jeté plus de 400.000 personnes sur les routes.

M. Qadri devait atterrir dans la matinée à Islamabad, dans un contexte tendu avec les autorités après les affrontements meurtriers de mardi dernier à Lahore entre la police et des membres de son parti, dont neuf ont été tués.

Lundi matin, plusieurs milliers de ses partisans venus l'accueillir à l'aéroport d'Islamabad se sont heurtés aux autorités, qui avaient placé la zone en alerte, déployant des policiers aux points d'entrée et bloquant les routes avec des conteneurs.

Les partisans du chef religieux, arrivés aux cris de "Vive Tahir-ul-Qadri" et "Révolution islamique" et armés de bâtons et de pierres ont affronté la police, qui les a contenus à coups de gaz lacrymogènes. 70 policiers ont été blessés selon les autorités.

Les autorités ont dans le même temps détourné le vol Emirates transportant M. Qadri vers Lahore pour "raisons de sécurité".

Une fois arrivé sur place, M. Qadri, furieux, a refusé de descendre de l'avion en réclamant la protection de l'armée face aux "menaces" du gouvernement déterminé selon lui à tuer d'autres de ses fidèles.

Il s'est finalement ravisé, mais sa colère restait intacte en fin de journée, lorsqu'il a martelé qu'il tenait le Premier ministre Nawaz Sharif et son frère Shahbaz, qui dirige la province du Pendjab dont Lahore est la capitale, pour responsables de la mort de ses neuf fidèles mardi dernier, les comparant même à "Hitler et Mussolini".

"Je prendrai ma revanche avec la volonté de Dieu. Je vengerai les travailleurs, les pauvres et les démunis", a-t-il ajouté depuis l'hôpital Jinnah de Lahore, où il rendait visite à ses partisans blessés dans les affrontements de la semaine dernière.

M. Qadri, qui vit au Canada dont il a également la nationalité, est un habitué des retours turbulents qui mettent en émoi un pays perpétuellement sous tension politique et sécuritaire.

Début 2013, il avait organisé à Islamabad un sit-in géant qui avait paralysé la capitale pendant plusieurs jours.

Il y avait dénoncé avec force la corruption des partis de gouvernement et appelé à des reformes urgentes, nourrissant les soupçons qui le disent téléguidé par l'armée pour mettre le pouvoir politique sous pression, avant de plier bagages avec ses partisans sans avoir obtenu satisfaction.

Va-t-il appeler à de nouvelles manifestations massives contre le gouvernement? "Nous allons en discuter", s'est contenté de déclarer Raheeq Abbasi, un des responsables du PAT de M. Qadri.

Tahir-ul-Qadri est également le fondateur du Minhaj-ul-Qur'an International (MQI), une organisation religieuse qui a des branches à travers tout le Pakistan et dans plus de 90 pays où elle promeut la paix et l'harmonie entre communautés. Il est également connu grâce à ses interventions régulières dans des conférences internationales, dont le forum économique mondial de Davos.

Orateur de talent, il est considéré comme un modéré, auteur notamment d'un édit (fatwa) jugeant non-islamiques les attentats suicide, arme de prédilection des rebelles islamistes talibans.

Pour ses partisans, il porte la voix des masses démunies et exploitées par l'élite politique richissime et corrompue au pouvoir. Ses détracteurs, du côté du pouvoir notamment, l'accusent de vouloir semer le "chaos" pour préparer le terrain à un retour aux affaires de l'armée, qui reste l'institution la plus puissante au Pakistan. D'autres voient en lui un agent de l'Occident inquiet de la montée des extrémistes dans un pays instable doté de l'arme nucléaire.

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