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France: l'exécutif français prend date avec les affaires Alstom et SNCF

France: l'exécutif français prend date avec les affaires Alstom et SNCF

L'exécutif socialiste français s'est imposé dans le dossier du rachat de l'entreprise stratégique Alstom et a montré sa fermeté face aux cheminots dans son premier conflit social d'envergure, une posture qui tranche avec ses errements passés.

Dans l'affaire Alstom, fleuron français dans le secteur de l'énergie qui avait déjà fait l'objet d'un plan de sauvetage en 2004, le président François Hollande est très vite intervenu personnellement pour que la France y conserve des leviers de commande malgré sa cession à un groupe étranger. Il a multiplié les rencontres avec les prétendants américain (General Electric) et allemand (Siemens), ainsi qu'avec les principaux ministres concernés afin d'unifier la position française.

Alors que son ministre à l'Economie Arnaud Montebourg était à l'origine peu favorable au géant américain, la position finale du gouvernement a été d'approuver un rachat par GE et de garantir un droit de contrôle de l'Etat sur l'avenir de l'entreprise avec le rachat des 20% du capital détenus par le groupe Bouygues.

L'une des activités d'Alstom, la fabrication de turbines, est considérée comme capitale pour la souveraineté française et son indépendance nucléaire.

"Il est important que nos intérêts humains, sociaux et industriels soient préservés. Il en va de notre souveraineté. Nous avons demandé à General Electric de laisser en France ce qui nous permet de garder notre indépendance énergétique", a fait valoir lundi Arnaud Montebourg en justifiant l'approche française.

Le gouvernement s'est donné les moyens de son interventionnisme en adoptant un décret forçant les groupes étrangers à obtenir l'aval du ministre de l'Economie avant de prendre le contrôle de groupes stratégiques français.

La ligne suivie par l'exécutif a semblé plus claire que dans le cas en 2013 du dossier Arcelor-Mittal lorsqu'il s'était agi de limiter les conséquences de la fermeture de hauts fourneaux dans un bassin sidérurgique historique de l'est de la France. A l'époque, les déclarations contradictoires de ministres dirigés par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, remplacé en avril par Manuel Valls, avait laissé une impression de flottement.

Dans le cas Altsom, "les décisions ont été prises au plus haut niveau de l'Etat", a souligné lundi le PDG de l'entreprise, Patrick Kron, c'est-à-dire directement par la présidence de la République.

En changeant au printemps de Premier ministre, François Hollande avait aussi renouvelé son équipe autour de lui, confiant le poste de secrétaire général de la présidence à un ami proche, Jean-Pierre Jouyet, à la compétence économique reconnue.

Les réactions à l'étranger comme en France à l'interventionnisme étatique du gouvernement socialiste sont restées mesurées. Il n'y a pas eu de critique virulente à Bruxelles sur la gestion protectionniste de Paris et l'opposition de droite en France n'a pas pris position contre le gouvernement.

Le quotidien de référence Le Monde relevait lundi que "quand l'Etat veut, il peut", il ajoutant toutefois que les décisions françaises pouvaient "refroidir un peu plus encore les investisseurs étrangers qui préféreront éviter la France et son Etat interventionniste".

Face à son premier conflit social d'importance, une longue grève des cheminots opposés à une fusion de deux entreprises nationales ferroviaires (la Société nationale des chemins de fer et Réseau ferré de France), le gouvernement de Manuel Valls s'est aussi montré droit dans ses bottes.

La grève est en cours d'achèvement et le pouvoir socialiste n'a pas reculé sur sa réforme qui devrait être adoptée mardi par l'Assemblée nationale. Il a bénéficié du soutien explicite de l'opposition de droite et surtout de l'impopularité d'un mouvement - 77% de Français étaient contre - qui a provoqué la pagaille dans les gares et le mécontentement des usagers.

"Très vite convaincu de l'impopularité du mouvement auprès de l'opinion publique, Manuel Valls a manoeuvré avec habileté, acceptant des concessions périphériques pour fissurer le front syndical tout en se montrant intransigeant sur l'essentiel du projet de loi", notait ce week-end sur son site le quotidien économique Les Echos. Et d'ajouter: "Il sort du conflit avec une image de fermeté qui lui sera sans doute utile dans d'autres dossiers".

prh/nou/ros

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