Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Un scandale des écoutes s'amplifie en Pologne

Un scandale des écoutes s'amplifie en Pologne

Un scandale d'écoutes illégales impliquant des hommes politiques de premier plan s'amplifie en Pologne, conduisant le Premier ministre Donald Tusk à évoquer la perspective d'élections anticipées.

L'affaire "aura une influence fondamentale sur la politique polonaise, l'opposition essayant de l'exploiter au maximum", a déclaré vendredi à l'AFP Edmund Wnuk-Lipinski, sociologue.

La crise politique, la plus importante depuis l'arrivée des libéraux au pouvoir il y a sept ans, et selon certains analystes depuis la chute du communisme il y a 25 ans, a éclaté avec la publication dimanche par l'hebdomadaire Wprost d'une conversation, enregistrée à leur insu l'été dernier, entre le gouverneur de la banque centrale Marek Belka et le ministre de l'Intérieur Bartlomiej Sienkiewicz.

Dans un restaurant à la mode dans les cercles politiques de Varsovie, les deux responsables avaient discuté librement d'une aide éventuelle de la banque centrale au budget de l'Etat, en échange d'une démission du ministre des Finances de l'époque, Jacek Rostowski. Celui-ci a, depuis, quitté son poste.

A la suite de ces révélations, interprétées comme un trafic d'influence, l'opposition a réclamé la démission du gouvernement de M. Tusk.

Pour Eryk Mistewicz, spécialiste en communication politique, la diffusion de ses enregistrements équivaut à "un coup d'Etat de velours, un chantage politique destiné surtout à remplacer le Premier ministre".

Et le mécontentement social a tout de suite été répercuté par les sondages: le principal parti d'opposition Droit et Justice (PiS) du conservateur Jaroslaw Kaczynski a vu sa cote bondir à 32%, loin devant la Plateforme civique (PO, centre droit) du Premier ministre, descendue à 25%.

La tension est encore monté après la tentative, échouée, du Parquet et des services spéciaux de saisir dans la nuit de mercredi à jeudi les enregistrements originaux au siège de l'hebdomadaire. Lors de l'opération, retransmise en ligne par la rédaction et les différentes chaînes de télévision arrivées sur place, les agents du contre-espionnage (ABW) ont tenté de saisir par la force l'ordinateur du rédacteur en chef Slawomir Latkowski.

Face à la résistance de M. Latkowski, soutenu par des journalistes présents, le Parquet a finalement abandonné l'opération qui a bouleversé l'opinion publique et a valu aux autorités polonaises un coup de semonce de l'observatoire de la liberté de la presse de l'OSCE à Vienne.

Lors d'une conférence de presse jeudi, Donald Tusk a déploré les incidents survenus lors de la perquisition et n'a pas exclu des élections anticipées.

"Si cette affaire ne peut être débloquée dans les prochaines semaines (...) si la crise de confiance est effectivement si profonde, des élections anticipées seront peut-être l'unique solution", selon lui.

Il a également lancé un appel aux médias pour qu'ils aident la justice à "identifier les criminels à l'origine des écoutes illégales". "Il faut surtout trouver qui a réalisé ces enregistrements et pourquoi", a expliqué à la presse vendredi Adam Szejnfeld, un proche collaborateur de Donald Tusk.

Selon lui, ces enregistrements ont pu être réalisés soit "pour un profit matériel", soit par intérêt politique du côté des services spéciaux polonais ou étrangers.

Des médias et des hommes politiques ont suggéré que l'enregistrement secret pourrait avoir été effectué par les services spéciaux russes, afin de déstabiliser la Pologne sur fond de crise russo-ukrainienne.

"Jamais encore depuis les années 1990, la pression de la société sur les hommes politiques et sur l'Etat, dont les institutions se sont compromises à différents niveau, n'a été aussi grande", estime M. Mistewicz.

Selon lui, si les élections anticipées avant le délai constitutionnel de l'automne 2015 sont "pour l'instant peu probables", on ne peut exclure le remplacement du Premier ministre.

Mais la situation pourrait encore changer. Selon plusieurs médias, il existe quelques centaines d'heures d'enregistrement illégaux, non seulement d'hommes politiques mais également de l'élite du monde des affaires polonais.

bo/mrm/gg

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.