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L'Irak revient hanter l'Amérique

L'Irak revient hanter l'Amérique

Le spectre de la guerre en Irak, où sont tombés 4.500 soldats américains, est revenu hanter la classe politique américaine, à la faveur de l'offensive de jihadistes sunnites.

Il y a quelques semaines encore, Washington se lançait allégrement dans la campagne pour les élections de mi-mandat de novembre, sans que l'Irak n'ait force d'argument pour l'un ou l'autre camp - une première depuis 2000.

Mais la fulgurante avancée de jihadistes menés par l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) s'est vite chargée d'y faire un sort. Démocrates et républicains s'opposent sur la manière dont l'Amérique doit intervenir dans le conflit et, plus généralement, font porter à l'adversaire tout ou partie de la responsabilité du chaos actuel.

Les républicains estiment que la décision du président Barack Obama de retirer toutes les troupes américaines d'Irak en décembre 2011, trop tôt à leur goût, est revenue à brader la mémoire des 4.500 soldats morts au combat et à permettre aux insurgés d'occuper le terrain en toute quiétude.

Mais la guerre pourrait bien aussi s'inviter dans la campagne présidentielle de 2016 et considérablement gêner son ancienne secrétaire d'Etat Hillary Clinton, candidate pressentie aux primaires démocrates.

Barack Obama "a affaibli l'Amérique et laissera un nombre substantiel de problèmes à son successeur", a averti le sénateur républicain Mitch McConnell jeudi.

Ou pour le dire comme le président républicain de la Chambre des représentants John Boehner: "rien ne va plus".

Les démocrates n'ont pas tardé à répliquer.

"Ceux qui attaquent le président parce qu'il a retiré nos troupes d'Irak ont tout simplement tort. Ils sont déconnectés des Américains", a tonné Harry Reid, le chef de la majorité démocrate au Sénat.

L'Irak vient conforter un paradigme souvent observé en politique américaine: les guerres menées par les Etats-Unis à l'étranger hantent Washington bien après que les canons se soient tus.

"Les grandes guerres, et l'Irak en est une, pèsent de tout leur poids pendant longtemps", relève Julian Zelizer, professeur d'histoire à l'université de Princeton.

"Le Vietnam a traversé plusieurs présidences et a eu des impacts très divers sur plusieurs présidents. Cela vaut aussi pour l'Irak", ajoute-t-il.

Jeudi, M. Obama s'est présenté devant les caméras en portant le message que les tensions irakiennes ne viendraient pas faire mentir la promesse qu'il avait formulée en 2008 lors de sa première campagne présidentielle, celle d'extraire l'Amérique du bourbier irakien.

"L'Irak a provoqué des débats vigoureux et de vives émotions par le passé. Certains de ces débats sont réapparus", a-t-il déclaré tout en annonçant l'envoi de 300 conseillers militaires pour épauler les forces irakiennes.

Mais le débat, pour politique qu'il soit, vise surtout à attribuer leur place dans l'Histoire à deux présidences, celles de George W. Bush et Barack Obama, aux contours diamétralement opposés.

Néoconservateurs et "faucons" du cénacle qui entourait M. Bush de 2001 à 2009 sont montés au créneau pour vilipender l'actuel président, accusé d'avoir perdu une guerre que son prédécesseur disait avoir remportée.

"Un nombre incalculable de fois, M. Obama nous a dit qu'il +mettait fin+ aux guerres en Irak et en Afghanistan, comme s'il suffisait de vouloir pour pouvoir", s'est enflammé Dick Cheney, l'ex-vice président de M. Bush, dans le Wall Street Journal.

C'en était trop pour le secrétaire d'Etat John Kerry, qui, sur NBC News, a lancé: "C'est bien l'homme qui nous a emmenés en Irak qui dit ça, non? Allons donc".

Mais à cause de l'Irak Barack Obama risque aussi de prêter flanc aux critiques républicaines qui voient s'amonceler les maladresses dont est empreinte sa politique étrangère, de la Syrie à la crise ukrainienne.

Cette nouvelle crise renforce aussi l'impression que le 44e président des Etats-Unis a toutes les peines du monde à imposer sa marque dans un monde instable.

Et les sondages s'en ressentent. Selon une enquête du Wall Street Journal et de NBC publiée cette semaine, 41% seulement des Américains disent approuver sa politique.

col/gde/lb

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