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Felipe VI, nouveau roi d'Espagne, prête serment lors d'une journée de fête

Felipe VI, nouveau roi d'Espagne, prête serment lors d'une journée de fête

Le nouveau roi d'Espagne Felipe VI prête serment jeudi, tournant une page de l'histoire du pays lors d'une journée de fête, avant de s'atteler à sa lourde mission: rajeunir une monarchie contestée et préserver une unité nationale malmenée par le séparatisme catalan.

"Vive le roi et la reine!", criaient des groupes de Madrilènes massés dès le matin sur les balcons et le long des avenues pavoisées du drapeau rouge et or de l'Espagne, acclamant le cortège royal.

Coup d'envoi des cérémonies, le jeune roi en grand uniforme militaire a reçu la ceinture de soie rouge de capitaine général des Armées des mains de son père Juan Carlos, qui a signé mercredi son abdication, avant de gagner le Congrès des députés où il devait jurer fidélité à la Constitution de 1978, le socle fondateur de la démocratie espagnole.

A 46 ans, Felipe hérite d'une monarchie contestée, selon les sondages, par un Espagnol sur deux, dans un pays miné par la crise économique et le chômage.

Madrid, pour accueillir son nouveau roi, s'est parée de milliers de fleurs et de drapeaux, un décor éclipsant les manifestations républicaines qui avaient suivi l'annonce, le 2 juin, de l'abdication de Juan Carlos.

Depuis tôt le matin, un hélicoptère de surveillance bourdonnait au-dessus de la ville, où 7.000 policiers ont été mobilisés.

Pendant que certains se préparaient à la fête, d'autres encaissaient l'élimination du Mondial, la veille, de l'équipe nationale de football au Brésil.

"C'est la fin d'un cycle. Il faut recommencer avec des gens plus jeunes, c'est comme tout, dans la vie et dans le football", commentait Carlos Mendoza, un vendeur de "churros", les beignets espagnols, de 48 ans, sur le seuil de sa boutique.

"Détrônés", proclamait en gros titre le quotidien catalan El Periodico, dans un clin d'oeil à la défaite de la veille.

Resté populaire face au discrédit qui frappe son père, le nouveau roi devra répondre à de nombreux espoirs qu'il aura sans doute du mal à réaliser.

"Aujourd'hui, les Espagnols attendent tout de lui: qu'il trouve une solution pour la Catalogne, pour le chômage", relevait Cote Villar, journaliste au quotidien El Mundo. "C'est un grand souffle d'air frais. Mais le risque de déception est très grand".

Jeudi, la cérémonie au Parlement devait se dérouler en l'absence d'invités étrangers. Rompant avec la tradition catholique, la journée sera exclusivement laïque.

Après avoir prêté serment et prononcé son premier discours de roi, Felipe présidera un défilé militaire.

Le roi et la nouvelle reine Letizia, première souveraine espagnole à ne pas avoir de sang royal, traverseront ensuite Madrid, en voiture jusqu'au Palais Royal.

Le couple, accompagné de Juan Carlos et de la reine Sofia, sortira sur le balcon central pour saluer la foule. A leurs côtés, la princesse Leonor, nouvelle héritière, à huit ans, du trône d'Espagne, et sa petite soeur Sofia, sept ans.

Dans la foule enthousiaste qui se massait sur la grande esplanade de la Plaza de Oriente, America Lopez, une chercheuse de 30 ans, racontait être venue assister à un moment "historique".

"Je n'aime pas la monarchie. Je pense que c'est une dépense inutile, mais je crois qu'il faut être là", expliquait-elle. "Spécialement dans le contexte de l'Espagne, de la crise économomique, la crise du football..."

Tout au long de cette journée, la haute silhouette de Felipe, sorti au fil des années de l'ombre de son père, éclipsera celle de Juan Carlos, le grand absent de la cérémonie et de la réception qui suivra au Palais Royal, en présence de 2.000 invités et des ambassadeurs étrangers.

Mercredi soir, Juan Carlos, retenant ses larmes, avait signé la loi d'abdication, massivement approuvée par le Parlement. Son dernier acte officiel.

A 76 ans, après 39 ans d'un règne dont les dernières années ont été marquées par les scandales, c'est un roi usé, appuyé sur des béquilles, qui a passé le témoin à son fils.

Un souverain, monté sur le trône le 22 novembre 1975, deux jours après la mort du dictateur Francisco Franco, longtemps très aimé pour avoir mené l'Espagne vers la démocratie.

En annonçant sa décision, Juan Carlos a transmis à son fils la lourde tâche de rénover la Couronne. Mais Felipe dispose d'une marge de manoeuvre étroite, dans un pays où la crise a engendré une perte de confiance dans les institutions.

"C'est un bon roi, très bien préparé, mais sa tâche ne sera pas facile. L'Espagne est très agitée", remarquait Antonio Molina, 60 ans, vendeur de boissons dans un kiosque proche du Palais Royal.

Sans doute son premier dossier brûlant, la poussée séparatiste en Catalogne, à quelques mois du référendum d'autodétermination prévu par les nationalistes en novembre, mettra à l'épreuve les talents de diplomate de Felipe, qui parle catalan et entretient des liens privilégiés avec la région.

sg-elc-ib/pt

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