Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Couronnement de Felipe VI: une sobriété très éloignée de la monarchie britannique (VIDÉO)

Couronnement de Felipe VI: une sobriété très éloignée de la monarchie britannique (VIDÉO)

Les nostalgiques du sacre d'Elizabeth II risquent d'être déçus par l'intronisation du nouveau roi d'Espagne. C'est avec beaucoup plus de discrétion et de modestie que Felipe VI a été officiellement couronné ce jeudi 19 juin, quinze jours à peine après l'abdication de son père Juan Carlos.

Si Madrid a accueilli comme il se doit son nouveau monarque, le faste royal n'a en effet pas eu pas grand-chose à voir avec la débauche protocolaire qui avait entouré l'avènement de la reine d'Angleterre soixante ans plus tôt. Le 2 juin 1953, Elizabeth de Windsor et son époux avaient défilé à bord d'un gigantesque carrosse doré, tiré par 8 chevaux blancs et lourd de 4 tonnes. "The Queen" avait alors revêtu une somptueuse robe virginale de satin et porté pas moins de trois couronnes, dont celle de Saint Edouard, soit deux kilos d'or massif ornés de 444 pierres précieuses.

Autre lieu, autre époque. Ce jeudi, Felipe s'est contenté d'un uniforme militaire de gala (le roi est chef des armées), ne s'est pas coiffé de la couronne ibérique (plaquée or) et n'a pas défilé à cheval mais en Rolls-Royce.

Rétablie après la mort de Franco, la monarchie espagnole n'a jamais cherché à ressusciter la splendeur de l'héritage de Charles Quint, puisant sa légitimité en tant que garante de la transition démocratique ibérique. La crise, particulièrement brutale de l'autre côté des Pyrénées, est également passée par là. Et le prince Felipe, qui veut moderniser la famille royale pour sauver sa dynastie, semble avoir tenu à placer son sacre dans les bornes fixées par la Constitution.

L'Espagne étant un Etat laïc, Felipe VI, catholique pratiquant, a refusé tout symbole religieux et son sacre n'a même pas donné lieu à une messe. En 1975, Juan Carlos avait été intronisé en l'église de San Jeromino à Madrid. Quant à la reine d'Angleterre, cheffe de l'Eglise anglicane, elle avait été couronnée en grandes pompes dans l'enceinte même de l'abbaye de Westminster.

Les dépenses du couronnement ont ainsi été réduites au strict minimum pour ne pas donner d'arguments aux partis républicains qui réclament un référendum pour abolir la monarchie.

Un sacre constitutionnel avant tout

A défaut d'un couronnement, cette journée d'investiture espagnole aura donc surtout été un sacre constitutionnel, chaque étape rappelant que la légitimité de la royauté émane avant tout du bon vouloir des élus du peuple. Juridiquement, Felipe est devenu roi dès mercredi minuit, une fois parue au Journal officiel la loi autorisant l'abdication de Juan Carlos, votée successivement par les deux chambres du Parlement.

Dans la matinée, Felipe VI a reçu des mains de son père le fajín la ceinture de soie rouge de capitaine général des Armées. Mais c'est au Congrès, où la famille royale a pénétré par la majestueuse Porte des Lions, que le nouveau monarque a reçu officiellement l'investiture du pays. Après avoir reçu les honneurs militaires, le nouveau roi a prêté serment devant les parlementaires, jurant "de remplir fidèlement ses fonctions, de veiller et de faire veiller sur la Constitution et les lois, et de respecter les droits des citoyens et des régions autonomes".

Inutile d'attendre un quelconque acte d'allégeance de la part des élus, même si des applaudissements et quelques "vive le roi" ont résonné au Parlement. Les quelques 500 députés et sénateurs se sont levés individuellement pour ratifier ou s'opposer à la loi d'abdication. Quant au premier discours prononcé par le roi, texte censé fixer le cap qu'il entend donner à son règne, il a été soigneusement relu en amont par le gouvernement de Mariano Rajoy.

Une fête populaire sans démesure

Si le Parlement était donc aux premières loges de cette intronisation monarchique, certains symboles royaux ont tout de même été préservés. Le sceptre et surtout la couronne d'Espagne ont notamment été exhumés du Mobilier national et exposés au Congrès, même si le nouveau roi ne s'en coiffera pas. Essentiellement décorative, la couronne forgée au XVIIIe siècle n'est sertie d'aucune pierre précieuse.

Une fête privée se tiendra en tout début d'après-midi avec près de 2000 invités, essentiellement issus de la société civile ou de délégations étrangères. Aucun chef d'Etat n'est au programme. En son temps, Elizabeth II avait été couronnée sous les yeux de 7000 invités venus du monde entier.

Pas d'affichage tape à l'œil ou bling bling donc, mais un défilé populaire sans démesure. Avant de rejoindre la réception qui se tiendra dans les salons du Palais-Royal, le roi et la reine parcourront en voiture les avenues du centre de Madrid jusqu'à la Plaza de Oriente. Pour leur faire bon accueil, la mairie de Madrid a disposé 16.000 fleurs fraîches sur leur parcours. Dix mille drapeaux espagnols rouge et or ont été distribués aux taxis et aux aux bus et 470 devraient orner les lampadaires. Quelque 100.000 seront distribués au public tandis que près de 5000 policiers ont été convoqués pour sécuriser l'événement.

Les Madrilènes pourront suivre en direct la longue parade (45 minutes) sur un écran géant placé à proximité du parcours du couple royal. Après avoir salué la foule depuis leur voiture, Felipe et Letizia feront une nouvelle apparition depuis le balcon central du Palais Royal, entourés de Juan Carlos et de la reine Sofia. Sur décision gouvernementale, l'ancien couple royal conservera à vie le titre (honorifique) de "roi" et "reine". Pour la première fois, deux monarques espagnols s'afficheront donc ensemble. Encore une différence notable avec la monarchie britannique.

INOLTRE SU HUFFPOST

Edouard VIII

Les principales abdications depuis 1936

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.