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L'exode des Ukrainiens de Slaviansk, ravagée par les combats

L'exode des Ukrainiens de Slaviansk, ravagée par les combats

Assis au milieu des rares affaires que ses parents ont réussi à emporter avant de fuir, Egor, un petit garçon de trois ans, brandit un pistolet bleu en plastique et répète inlassablement: "Ces hommes sont en train de tuer des gens".

Comme de nombreuses autres familles ukrainiennes, Egor et ses parents ont fui les échanges de tirs quasi-quotidiens à Slaviansk, bastion des rebelles prorusses dans l'Est de l'Ukraine.

Ils se sont installés temporairement dans le village de Snijné, situé à 180 kilomètres au sud-est de là, où les ont amenés des sympathisants des séparatistes.

Au total, ils sont 57 réfugiés originaires de Slaviansk, dont 31 enfants, à vivre dans une maison de repos qui n'a que quarante lits et qui appartient à une compagnie minière, indique à l'AFP la gérante du lieu, Larissa Kitoun.

Les parents d'Egor - Vladislav, 35 ans, ouvrier du bâtiment, et Ekaterina, 33 ans, ingénieure - ont décidé de quitter leur immeuble lorsqu'il a été touché par un tir de mortier.

"Deux obus sont tombés sur notre appartement le dimanche 8 juin. C'est un immeuble de huit étages, dans le centre", raconte Ekaterina.

L'onde de choc a projeté Egor à travers la pièce, se souvient-elle. Depuis, il pleure la nuit et a même commencé à bégayer, s'inquiète-t-elle.

Sur le lit de leur nouveau lieu de vie, trône l'ours en peluche préféré du petit garçon, l'un des rares objets qu'ils ont réussi à emmener avec eux. "Nous avons pris ce que nous pouvions", explique Ekaterina, les larmes aux yeux.

Dans la cour de la maison de repos, des enfants courent partout et jouent au football, tandis que quelques adolescents s'amusent sur un ordinateur, ignorant les nouvelles que diffuse non loin une télévision branchée sur une chaîne d'informations russe.

Alexandra, 28 ans, vendeuse, et sa soeur Ioulia, 32 ans, ancienne ouvrière dans une usine, sont assises sur deux lits, où s'éparpillent des jouets d'enfants.

Avec trois enfants chacune, les deux soeurs sont arrivées à Snijné le 31 mai. Le mari d'Alexandra, un chauffeur de taxi, les accompagne, mais celui de Ioulia a décidé de rester pour combattre avec les séparatistes.

"Il appelle et ils restent en contact. Il est toujours vivant", précise Alexandra, aux cheveux de jais, habillée d'une robe d'été.

Les deux femmes racontent qu'elles ont dû laisser leur mère de 50 ans à Slaviansk, où il n'y a plus ni eau ni électricité.

"Elle dit: je tire l'eau du puits, j'achète du riz au magasin, le potager va bientôt fournir des légumes. Je survivrai", raconte Alexandra.

Il y a trois mois, Slaviansk était une banale ville de province d'environ 120.000 habitants. Mais après dix semaines de combats, elle s'est transformée en cité assiégée, où les blindés du gouvernement encerclent les rebelles.

De nombreux habitants ont fui en Russie ou ailleurs en Ukraine, mais d'autres ont préféré y rester pour protéger leurs maisons des pillages.

Un habitant de Snijné, Valéri, raconte avoir aidé des gens à quitter Slaviansk en bus et avoir ramené des médicaments aux rebelles.

Les réfugiés confient hésiter à passer la frontière pour aller vivre en Russie ou rester vivre dans la maison de repos, dans une zone où les combattants rebelles sont très nombreux. Mais tous excluent de revenir à Slaviansk tant que durent les combats.

"Ils sont en train de détruire notre ville. Il faudra la reconstruire", s'inquiète Alexandra.

Les conditions de vie dans leur nouveau refuge sont "plutôt mauvaises", avoue Ekaterina, la mère d'Egor. Les toilettes et les douches sont partagées par plusieurs familles et la cuisine est commune.

Mais le plus dur est l'attente et le manque de contact avec les proches, dit son mari Vladislav. "Nous avons beaucoup de temps maintenant, c'est fou. Le pire est de ne pas savoir si tes proches sont vivants", confie-t-il.

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