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Le Premier ministre d'Irak promet de faire échec à l'offensive jihadiste

Le Premier ministre d'Irak promet de faire échec à l'offensive jihadiste

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a promis mercredi de faire échec à l'offensive des jihadistes qui ont pris en dix jours de larges régions d'Irak et visent Bagdad, alors que des combats avaient lieu à la principale raffinerie du pays.

M. Maliki, un chiite honni par les insurgés sunnites et plus généralement par la minorité sunnite en Irak, a affirmé que ses forces faisaient désormais face aux assaillants après leur déroute aux premiers jours de l'offensive jihadiste lancée le 9 juin.

A l'étranger, l'Arabie saoudite sunnite a mis en garde contre une "guerre civile", alors que le voisin chiite iranien a affirmé qu'il "ferait tout" pour protéger les lieux saints de l'islam chiite en Irak. Les Etats-Unis ont dit, eux, examiner "chaque option" pour aider leur allié, dont des frappes aériennes.

"Nous ferons face au terrorisme et mettrons en échec le complot", a assuré dans un discours télévisé M. Maliki, au pouvoir depuis 2006.

"Un revers n'est pas une défaite", a-t-il ajouté, en assurant que les forces armées avaient "repris l'initiative", "réussi à stopper l'escalade" et à "frapper" les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL).

Le gouvernement Maliki est miné par les divisions confessionnelles entre chiites et sunnites et confronté à des violences meurtrières depuis plus d'un an, alimentées par le mécontentement de la minorité sunnite qui s'estime marginalisée et la guerre en Syrie voisine où l'EIIL est aussi actif.

La veille, le Premier ministre a limogé de hauts commandants accusés d'avoir fui le champ de bataille au début de l'offensive.

Depuis le 9 juin, les combattants de l'EIIL, appuyés par des partisans de l'ex-président sunnite Saddam Hussein, ont pris le contrôle de la deuxième ville d'Irak, Mossoul, d'une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine (nord), Diyala (est) et Kirkouk (nord).

Sur le terrain, les combattants de l'EIIL affrontaient les soldats à la principale raffinerie du pays, à Baïji (200 km au nord de Bagdad), après y avoir donné l'assaut.

"Les hommes armés de l'EIIL, portant des uniformes militaires, sont arrivés à bord de véhicules Hummer et d'autres pris à l'armée pour lancer l'attaque", a indiqué le porte-parole des forces armées, le commandant Qassem Atta, en affirmant que les forces irakiennes, appuyées par l'aviation, leur faisaient face.

"Les combattants de l'EIIL ont hissé l'étendard du groupe près du complexe administratif", a ajouté un employé. Lundi, la raffinerie avait été fermée après l'évacuation des employés étrangers alors que certains employés irakiens étaient restés sur place.

Jusque-là, les dirigeants du secteur pétrolier estimaient "limitées" les implications concernant la production pétrolière d'Irak, deuxième plus gros exportateur au sein du cartel de l'Opep, et disaient espérer que la production irakienne resterait épargnée par l'offensive jihadiste.

"L'attaque contre la principale raffinerie de Baïji peut constituer une source de pétrole pour l'EIIL (...) Mais elle ne fournit pas de pétrole hors d'Irak et l'impact de l'attaque est probablement moindre que ce que l'on craint", estime Rebecca O'Keeffe, analyste de la maison de courtage Interactive Investor.

Avant l'annonce de cet assaut, les cours du pétrole étaient mitigés en Asie. Hormis les champs du Kurdistan (nord) contrôlés par les autorités locales, la majorité de la production irakienne de pétrole est située dans le Sud, loin de l'offensive.

Dans le nord de l'Irak, les jihadistes ont pris trois nouveaux villages, et dans l'ouest l'armée tentait de reprendre la ville de Tal-Afar après avoir réussi à repousser les insurgés à Baqouba (60 km au nord-est de Bagdad).

Tal-Afar se trouve à une centaine de km de la frontière syrienne, alors que l'EIIL aspire à créer un Etat islamique dans la zone frontalière et occupe déjà plusieurs secteurs en Syrie, pays en guerre depuis plus de trois ans.

Dans la province de Ninive, une quarantaine d'Indiens travaillant sur des chantiers de construction ont été enlevés dans la région de Mossoul, où 80 ressortissants turcs sont retenus par les jihadistes depuis la semaine dernière.

Après avoir accusé M. Maliki d'avoir conduit l'Irak au bord du gouffre par sa politique d'exclusion des sunnites, la monarchie sunnite saoudienne a jugé que la situation en Irak "porte les prémisses d'une guerre civile qui se répercuterait sur la région". La veille, M. Maliki avait accusé Ryad d'appuyer les extrémistes.

Pour l'ensemble des experts, les développements actuels trouvent leur origine dans l'invasion américaine de 2003 qui a renversé le dictateur sunnite Saddam Hussein, mais aussi dans la politique confessionnelle menée par M. Maliki.

"Les Américains ont démantelé les institutions mais Maliki entrera dans l'Histoire comme celui qui a perdu des pans de l'Irak", a assuré l'une de ces analystes, Ruba Husari.

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