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Financer le parti adverse pour mieux gagner?
PC

Le Parti québécois de René Lévesque aurait-il lui-même violé sa propre loi qu'il venait de faire adopter pour assainir le financement des partis politiques au Québec au début des années 80? C'est du moins ce que racontent des témoins de l'époque.

D'après un reportage de Alain Gravel

Le PQ aurait offert beaucoup d'argent à l'ex-député conservateur Roch La Salle pour qu'il se porte à la tête de l'Union nationale, de façon à diviser le vote fédéraliste et ainsi favoriser l'élection du parti souverainiste.

À l'automne 1980, une rencontre étonnante aurait eu lieu à l'un des restaurants de la Grande Allée, à Québec. Roch La Salle s'y serait alors entretenu avec le ministre péquiste Marc-André Bédard, qui était très proche de René Lévesque.

À cette rencontre, il aurait été question que Roch La Salle se présente à la tête de l'Union nationale pour diviser le vote au détriment des libéraux de Claude Ryan.

Michel Blanchet, un ancien fonctionnaire et un ami très proche de Roch La Salle, affirme qu'il était présent. Et selon son témoignage, Roch La Salle posait ses conditions.

Selon M. Blanchet, Marc-André Bédard aurait dans les instants suivants communiqué avec un responsable de son parti.

« Il était au téléphone public; à l'époque, il n'y avait pas de cellulaire. Il est revenu 5 ou 10 minutes après pour dire que tout était réglé. Et j'ai compris que le PQ acceptait de prendre en charge la moitié de la dette dont il était question », explique Michel Blanchet.

M. Blanchet ne sait pas si l'argent a été versé par la suite.

Dans un courriel qu'il nous a fait parvenir, Marc-André Bédard nie avoir « programmé ou initié une telle rencontre avec M. La Salle et n'avoir jamais été invité à une telle réunion avec lui ».

Il ajoute « n'avoir jamais eu connaissance [...] que M. La Salle aurait demandé ou obtenu du financement de la part du Parti québécois ».

Des propos qui rejoignent ceux de Lortie

Le témoignage de M. Blanchet va toutefois dans le même sens que celui de l'organisateur politique professionnel Jean-Yves Lortie, qui affirme que le PQ a financé la campagne de l'Union nationale, et qu'il a même remis une somme d'argent destinée à Roch La Salle, par l'entremise d'un intermédiaire.

« Moi j'ai donné. Une fois Ti-Loup Gauthier était venu me porter de l'argent. Il a dit : "je pense que c'est 30 ou 50 000, Gervais Desrochers va venir le chercher, ou Roch". C'est Gervais Desrochers qui est venu le chercher. Gervais Desrochers, c'est le bagman de Roch La Salle », indique M. Lortie.

Gervais Desrochers, qui a aujourd'hui 86 ans, nie avoir reçu cet argent. Mais il affirme que Roch La Salle lui a déjà dit avoir discuté avec René Lévesque à ses bureaux au siège social d'Hydro-Québec de l'organisation de la campagne de l'Union nationale.

  • « Je suis au courant qu'il avait promis à Roch La Salle 100 000 $ pour le financer, mais ils ne lui ont jamais donné », affirme Gervais Desrochers au téléphone.
  • « Ça, c'est le PQ? » demande-t-on.
  • « Oui, c'est M. Lévesque lui-même », répond-il.

Gilles Cloutier, qui a comparu à la commission Charbonneau, a participé à l'organisation de l'Union nationale en 1981 et soutient que Roch La Salle lui a déjà dit que le PQ avait donné de l'argent pour sa campagne.

Finalement, le Parti québécois n'a pas eu besoin de l'aide de l'Union nationale pour remporter l'élection. Si bien que l'Union nationale a été rayée de la carte électorale à tout jamais. Roch La Salle est par la suite retourné au Parti conservateur.

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Tony Accurso

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